Lucky Luke... l'homme qui n'est plus que l'ombre de lui même

Par Bannister


"Tu vois, mon vieux Jolly Jumper, on vit une triste époque..."

L’adaptation au cinéma de supports tels que les jeux vidéos, les jouets, ou les comics et bds, est, en soit, déjà un exercice casse-gueule. Pourquoi ?

En effet, pourquoi transposer au cinéma des franchises qui existent et qui cartonnent, qui ont leurs univers propres et donc une base de fans a priori entièrement acquise, oui, pourquoi cela devrait-il être casse gueule au lieu, au contraire d’être bien plus facile, puisque tout est à l’avance pré-mâché ? Et bien à cause d’un petit truc qui s’appelle le facteur humain. Le cinéma est plein de gens qui, une fois qu’ils mettent la main sur un projet, vont vouloir imposer une vision qui leur est propre. C’est une proposition qui se défend, bien sûr, saufjustement dans l’épineux cas des adaptations.

Lucky Luke est envoyé à « Daisy Town », ville qu’il connaît bien (et les fans aussi) pour rétablir l’ordre. Grosso merdo, voilà l’idée de base, sauf qu’à partir de là, ça va se compliquer dans les degrés et niveaux de lectures. « Lucky Luke » n’aura pas à rougir de son image, le traitement des couleurs, la photo, certains mouvements de caméra, sont vraiment efficaces.

Autre point irréprochable, le castingde très très grand luxe, je parle de Jean Dujardin, bien entendu, mais aussi de Sylvie Testud (Calamity jane), de Michaël Youn (Billy the Kid), Daniel Prévost (Pat Pocker), jusqu’à Melvil Poupaud (Jesse James), Alexandra Lamy (Belle), et Jean François Balmer (Cooper, et trop rare au cinéma). Enfin, n’en jetez plus. Et c’est là, qu’on se dit qu’avec une distribution comme celle là, et le réal de Brice de Nice (James Huth) aux commandes, ça va être le feu...

Du coup, la déception est grande, les questions débarquent : Pourquoi rajouter à Lucky Luke un drame familial assez lourd, et donc un côté sombre complètement hors sujet ? Pourquoi ce rythme en montagnes russes ? Que manque-t-il au film pour avoir foiré l’osmose entre les personnages ? Ou encore, pourquoi n’y a-t-il pas plus de bonnes vannes ? On se retrouve à danser gauchement autour des émotions sans jamais être vraiment atteint, et on ressort un peu perplexe par l’expérience. On a l’impressionde voir un Lucky Luke qui n’en est plus tout à fait un, qui a un orteil dans la bd, et toutle reste dans un autre film. Dommage, d’autant plus qu’avant lui, le Lucky Luke avec Terence Hill, ou encore les Daltons avec Eric et Ramzy s’étaient pris un four.

C’est triste.

Lucky Luke gagnera certainement le match de la curiosité, mais pour moi, il perd celui de la nostalgie et de la fidélité.

Poor lonesome Cowboy…

Bannister Jumper.