Quand un libraire déguste du brevet en guise de littérature

Par Actualitté
Que tout cela est bel et bon : dans le monde de Christophe Dupuis, libraire de son état, le vin semble une denrée prisée au même titre que la littérature. Aussi décida-t-il d'organiser une réunion de type mensuelle, autour d'un nom bien posé, pour célébrer, à Saint Macaire, dans sa boutique les deux fruits de la terre et de l'esprit. Amusant, cela me rappellerait presque quelque chose... Pour ne pas sembler obséquieux, précisons que St Macaire est en Gironde, et que son partenariat s'est déroulé avec les viticulteurs des vins de Graves. Son nom : Dégustations littéraires.
Sauf que... un mail parvient après que la publicité a commencé autour de l'événement, d'un certain Amancio Tenaguillo y Cortázar, président du Centre d'Études Pluridisciplinaires des Imaginaires du VIN. Dans le courriel, reproduit sans trop se poser de questions par le Petit laboratoires des potentialités globales (PLPG), l'intéressé explique sa situation :
Je voudrais simplement vous signaler que "dégustation littéraire" est une marque déposée, ainsi que le concept.
Je ne pense pas que vous pouvez ignorer les Dégustations littéraires organisées par l'association CEPDIVIN que je préside, sinon, comme dirait Isidore, vous pouvez toujours aller voir :
CEPDIVIN
Je vous serais donc très reconnaissant de ne plus utiliser cette marque et de supprimer sur votre site cette appellation et de la remplacer par une autre qui vous conviendra. Vous pouvez, si vous le voulez, nous la soumettre, car nous avons déposé toute une série de marques en relation avec le vin comme produit culturel.
Par contre, si vous le désirez, nous pouvons étudier un partenariat entre l'Entre-Deux-Noirs et CEPDIVIN.
En clair, l'appellation est contrôlée, si on me passe l'expression et même déposée, chose que notre libraire va vérifier en contactant l'INPI. Qui par là même lui explique que « oui, naturellement, on peut déposer des “marques” qui ne sont pas une invention (le monsieur tout fier au téléphone me dit qu'une marque de fringues a déposé “tartine et chocolat” par exemple). »
Bilan des courses notre libraire accablé s'en retourne à ses formules, axiomes et autres sentences voire si l'herbe est plus verte. Que t'en semble lecteur ? (merci de ne pas me poursuivre, M'sieur La Fontaine, j'ai promis de plus boire de votre eau...)
La réaction s'est faite de la part de l'intéressé détenteur de la marque, qui a expliqué que la protection de ce nom : « Nous protégeons simplement le nom et le concept d'une démarche qui nous semble en, effet suffisamment original pour qu'on vienne nous la piquer ! et si nous n'en retirons pas un centime d'euro, il n'en est pas de même j'imagine d'un libraire comme celle de Ch Dupuis. Et c'est normal, non, qu'il veuille gagner des sous ? Lui c'est son métier, et sa passion aussi. Nous c'est notre passion tout court, pour le métier on a de quoi ailleurs... »