Le "Web 2.0", nouvelle arme des politiques analyse le parti socialiste

Publié le 29 octobre 2009 par Jérémy Dumont


Comment se constituer une base militante lorsque l'on n'est pas élu, que l'on ne peut s'appuyer sur l'appareil de son propre parti, et que l'on ne compte que sur une poignée de parlementaires fidèles ? En d'autres temps, la situation politique de Dominique de Villepin, franc-tireur au sein de l'UMP, aurait relevé de la quadrature du cercle. Mais l'avènement d'Internet, veulent croire ses partisans, change la donne.

L'ancien premier ministre, à peine sorti des audiences du procès Clearstream, s'est offert, mardi 27 octobre, une démonstration de force inattendue. Plus de 800 sympathisants ont été réunis à la Maison de l'Amérique latine, à Paris. Un vrai meeting de campagne. Et une large majorité de ces sympathisants, selon les organisateurs, ont été recrutés parmi ses "Web partisans ".

L'histoire a débuté début juillet, avec la création du Club Villepin, sous la houlette de Brigitte Girardin. "Il fallait être les premiers à faire un site Internet qui soit un réseau social communautaire", raconte l'ancienne ministre de l'Outre-Mer de Jacques Chirac. Deux plates-formes sont lancées, à la fin de l'été, pour devancer les projets des grands partis : Clubvillepin.fr, un site institutionnel de facture classique, et Villepincom.net, un site communautaire, inspiré de Facebook. "Nous avons déjà 4 000 adhérents et près de 10 000 connexions par jour, assure Mme Girardin. En une matinée, mardi, nous avons enregistré 70 nouvelles adhésions."

Interactif

Ce succès de M. de Villepin - qui a aussi su profiter de la tribune offerte par le procès Clearstream - illustre une période charnière, dans la bataille sur le Web. Les sites "à la papa", institutionnels, ont fait leur temps. L'heure est désormais au "Web 2.0", interactif, où les militants ont la parole. Avec l'espoir, pour les partis, de séduire de nouveaux adhérents, ou au moins de remobiliser leurs troupes.

Le Web, ces dernières années, a surtout été l'outil des "outsiders", ceux qui, comme M. de Villepin, ne peuvent compter sur la force d'un appareil. A ce titre, la campagne de Ségolène Royal, lors de la primaire socialiste de 2006, qui allait la désigner candidate à la présidentielle, a été exemplaire. Désirs d'avenir, son "club" a su faire de la Toile le fer de lance de sa conquête.

La campagne de Barack Obama, lors de la dernière présidentielle américaine, a changé la donne. La manière qu'a eue le candidat de fédérer ses militants via Internet et, surtout, d'organiser leur travail sur le terrain, a montré la voie à suivre, même pour les grands partis.

L'UMP et le PS s'apprêtent à leur tour à présenter de nouveaux sites. Celui du parti présidentiel, Lescreateursdepossibles.com, annoncé depuis plus d'un an, sera actif à partir du 15 novembre. Celui des socialistes, LaCooPol.fr - pour "coopérative politique" -, élaboré plus discrètement, va être testé la semaine prochaine en Alsace, avant d'être étendu au reste de la France.

Deux sites "communautaires" aux philosophies sensiblement différentes. Le site de l'UMP se veut ascendant, pour permettre à tout un chacun de créer des groupes de discussions sur les thèmes les plus variés. Celui du PS entend d'abord "mieux organiser la vie du parti", selon son concepteur, Benoît Thieulin, patron de la Netscouade. Selon lui, le site d'un parti solidement implanté doit d'abord avoir l'objectif de "révéler une communauté existante", avant d'en élargir les frontières. L'UMP part à la chasse aux adhérents, le PS réforme le travail des siens.

Parallèlement à ces chantiers, la présidence de la République réfléchit aussi à la manière de passer au "Web 2.0". Le site Elysee.fr doit être modifié avant la fin de l'année. "Il restera principalement institutionnel, mais avec plus de vidéos, de reportages. Des espaces thématiques seront cependant ouverts aux internautes", annonce Franck Louvrier, conseiller en communication de Nicolas Sarkozy. Pour "des messages plus personnels", il est prévu que le président s'affranchisse du cadre institutionnel par le biais de sa page sur Facebook. C'est là qu'il a récemment défendu son fils Jean, pris dans les filets de l'affaire de l'Etablissement public d'aménagement de la Défense.


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