Benjamin Biolay tient les cordes

Publié le 29 octobre 2009 par Albumsono

Benjamin Biolay – La Superbe (J’AIME : Passionnément)

Vingt deux chansons. Plus d’une heure trente de musique. Benjamin Biolay livre avec le double album « La Superbe » une œuvre touffue qui synthétise parfaitement les chemins explorés par l’artiste depuis ses débuts en 2001 avec « Rose Kennedy ». On retrouve ici intacts cette maîtrise des cordes qui a fait la marque du chanteur et ce goût des arrangements soignées capables de visiter une multitude de territoires.

Paris, Buenos Aires, Normandie, Lyon. Pop, rock, jazz, rap, électronique. « La Superbe » s’ouvre à tous les horizons, nourrie de voyages, de musiques et de rencontres. Benjamin Biolay s’y fait tour à tour aimant, amer, mélancolique ou colérique entre ballades lumineuses et descentes aux enfers. Sa voix alterne ainsi parlé et chanté, agressivité et douceur, variant à l’envie les débits. De même, tous les niveaux de langages sont passés à la moulinette. On s’y fait niquer sa race avant d’être pris un peu plus tard d’un soufflet vaniteux.

Désenchantement amoureux

Si les mélodies composées à la guitare, au piano ou au synthé ont en partie gagné en légèreté, les textes eux restent très sombres. Avec « La Superbe », Benjamin Biolay se fait d’abord le chantre brillant du désenchantement amoureux. Vanité, jalousie, vice, alcool, violence, perte des illusions, tourments… Les maux se suivent et se ressemblent. Tragiquement. Tous décrits avec une troublante crudité. « Dès vingt heures trente / […] / Je n’ai pas de cœur, je n’ai que ma queue », clame le chanteur sur « Tout ça me tourmente ».

Benjamin Biolay met au passage plusieurs fois dans le mille. Passées les très belles envolées de « La Superbe » en ouverture, « Ton héritage » bouleverse avec sa description des tares de caractères léguées à un enfant. « Night Shop » raconte l’amour comme un soleil qui illumine la nuit. Quant à « Brandt Rhapsodie », chanté à deux voix avec Jeanne Cherhal, il suit un couple des débuts à la séparation à travers les petits messages laissés à la maison. Glaçant. Sur le second disque, « Assez parlé de moi » est une comptine électronique enlevée qui contraste avec et le pesant « Jaloux de tout » et le bien triste « raté » : « Jamais personne ne me rejoint / Personne / ni rien »…

KidB

La Superbe :

Padam / Night shop :

Lyon presqu'île / L'ombre et la lumière :