Grand emprunt, grosse erreur

Publié le 01 novembre 2009 par Soseki

Ah elle était belle l’unanimité à la sortie du rapport Pébereau sur la dette !

Alors que les finances publiques ont atteint un niveau d’endettement quasiment irréversible (voir l’excellente et effrayante analyse de Jean Peyrelevade http://peyrelevade.blog.lemonde.fr/2009/10/13/le-role-de-letat-2/), les mêmes qui s’inclinaient à l’époque devant cet ouvrage nous proposent de lancer un grand emprunt dont le montant et les finalités restent à déterminer.

La communication sarkozienne fait encore merveille : pour un peu on réussirait à nous faire passer cette mesure comme une originalité, une nouveauté – alors qu’il s’agit de faire comme d’habitude : creuser le gouffre en faisant appel aux marchés. Philippe Séguin n’a pas fini d’halluciner. Comme d’habitude, le Président a réuni une commission d’ouverture – et les a convaincus que leur avis serait déterminant. Si le coup n’était pas si souvent fait, cela nous ferait encore sourire.

Et ces membres de la commission de parader dans les médias, alors qu’ils sont pour certains clairement incompétents en la matière : « Non, ce ne sera pas déraisonnable, pas plus de 40 milliards ». Nous voilà rassurés : 2% du PIB – quand le déficit public se monte déjà à 8%, en effet tout va bien (certains se rappelleront que dans l’histoire ancienne une certaine barre à 3% faisait figure de règle d’or).

« Le but n’est pas de financer les dépenses habituelles des ministères mais d’investir dans des filières nouvelles pour préparer l’avenir ». Mais les dépenses du plan de relance n’ont-t-elles pas déjà privilégié un certain nombre d’infrastructures d’avenir. J’avais du mal comprendre. Pas un lobby qui en ce moment ne pense  pouvoir « se mettre sous la gouttière »… On parle en coulisses de confier la gestion de cet argent à une nouvelle entité spécialisée. Parfait, en plus nous allons créer de nouvelles dépenses de fonctionnement.

A la limite le seul intérêt potentiel d’un tel emprunt eut été de faire appel à l’épargne des français pour donner une signification politique à cette opération. Même pas, car en effet cela coûterait plus cher… C’est incroyable mais avec de telles initiatives Sarkozy se place en position de se faire donner des leçons de finances publiques par des socialistes, c’est dire…

François Bayrou, qui avait fait de la lutte contre la dette un thème fort de la présidentielle, voit là un vrai espace politique s’ouvrir car les socialistes auront beau s’offusquer on ne risque pas de les croire. Mais, cette fois-ci , il faudra le courage d’aller jusqu’au bout et dire concrètement quelles sont les dépenses publiques qu’on envisage de réduire – et quels leviers sur les recettes on compte actionner. La crédibilité sera à ce prix.