Pourquoi Washington voulait l'Afghanistan

Publié le 29 octobre 2009 par Robocup555

par Jared Israel, Rick Rozoff et Nico Varkevisser [Traduit par Louis Préfontaine -- http://lelectronlibre.net ]

Article publié le 28 septembre 2001 avant le Bombardement de l'Afghanistan
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« Est-ce que mon pays réalise vraiment qu'il s'agit de la Troisième Guerre Mondiale? Et si cette attaque fut le Pearl Harbour de la Troisième Guerre Mondiale, cela veut dire qu'il y a une longue, longue guerre devant nous. » (Thomas Friedman, New York Times, 13 septembre 2001)

Les principaux représentants gouvernementaux étatsuniens et les médias se sont servis du bombardement du World Trade Center (WTC) et du Pentagone pour créer la peur à l'échelle internationale.

Cela a forcé les alliés les plus fidèles à Washington (notamment l'Allemagne et l'Angleterre, mais pas l'Italie) à accepter de donner carte blanche pour leur participation dans les représailles étatsuniennes.

Une autre question importante: est-ce que Washington a un agenda caché, une stratégie autre que de lancer violemment les bombes? Si oui, quelle est-elle et que signifie-t-elle pour le monde?

Au centre des explications de moins en moins plausibles et fréquemment contradictoires offertes par les représentants du gouvernement étatsunien pour leur incapacité ou leur manque de volonté à intervenir efficacement avant et durant les attaques aériennes à New York et Washington - et alors que les cris de guerres semblent percer la voix de la raison - un scénario meurtrier se révèle.

Les textes des principaux journaux avaient ces titres:

- « Troisième Guerre Mondiale » (New York Times, 9/13)

- « Donnez une chance à la guerre » (Philadelphia Inquirer, 9/13)

- « Le temps d'envisager l'option nucléaire » (Washington Times, 9/14)

Un gouvernement qui affirmait n'avoir aucunement conscience ou qui ne savait pas comment réagir devant des attaques d'organisations terroristes structurées maintenant appelle à « l'extermination » d'assaillants auparavant invisibles de même que les « États qui financent le terrorisme », comme le dit le député du Secrétaire à la Défense Paul Wolfowitz.

Henry Kissinger affirme, dans le Los Angeles Times du 14 septembre, que les réseaux allégués de terroristes doivent être déracinés, peu importe s'ils existent. L'ancien premier ministre israélien Netanyaou écrit un article intitulé « Démanteler les régimes supportant le terrorisme » (Jerusalem Post, 14 septembre). Et pour augmenter d'une coche l'intimidation internationale, nous avons R.W. Apple Jr. qui écrit dans le Washington Post du 14 septembre:

« Dans ce nouveau type de guerre... il n'y a pas d'États neutres ou de limites géographiques. Nous ou eux. Vous êtes avec nous ou contre nous. »

Initialement, il y avait quelques pays qui étaient qualifiés de soi-disant « pays supportant le terrorisme », qui ne sont pas avec nous et ainsi donc doivent être contre nous: Cuba, Iran, Irak, Libye, Corée du Nord, Soudan et Syrie. Même s'ils diffèrent à bien des égards, spécialement au niveau de l'idéologie politique, ils sont tout de même semblables en trois points: Ils supportent tous des décennies de haine du gouvernement étatsunien, ils ont tous des gouvernements non-religieux, ils n'ont aucun lien avec Oussama ben Laden.

Dans « Donnez une chance à la guerre » (Give War a chance, Philadelphia Inquirer), David Perlmutter avertit que si ces États ne répondent pas aux volontés de Washington, ils devront:

« [Se] préparer pour la destruction systématique de toutes les centrales électriques, de toutes les raffineries de pétrole, de tous les oléoducs, de toutes les bases militaires, de tous les bureaux gouvernementaux de tout le pays ... l'effondrement complet de leur économie et du gouvernement pour une génération. »

Pendant ce temps, les pays ayant collaboré à créer les Talibans, entraînant et finançant les forces d'Oussama ben Laden, et qui n'ont jamais cessé de leur verser de l'argent - le Pakistan, et les très bons alliés des États-Unis que sont l'Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis, et les États-Unis eux-mêmes - n'ont pas été placés sur la liste « nous devons les prendre » ("we've got to get them"). À la place, ces États sont considérés comme des alliés centraux dans la Nouvelle Guerre Mondiale contre le terrorisme.

Durcissant le ton, hier (17 septembre):

« Le secrétaire à la défense Donald Rumsfeld a dit que les États-Unis allaient engager un « effort multilatéral » pour viser les organisations terroristes et jusqu'à 60 pays suspectés de les supporter. »

« Les États-Unis, a dit M. Rumsfeld à la télévision, « n'ont pas de choix » autre que de poursuivre les terroristes et les pays leur offrant un refuge. »

Les menaces de bombarder jusqu'à un tiers des pays de la planète ont fait peur à beaucoup de gens. Nous croyons qu'il s'agissait de l'intention. Cela sert deux fonctions.

Premièrement, cela veut dire que si Washington limiterait son action agressive principalement à l'attaque de l'Afghanistan, le monde pousserait un soupir de soulagement.

Et nous croyons que Washington attaquera principalement l'Afghanistan - au début. Les autres violations immédiates de souveraineté, comme l'utilisation forcée du Pakistan, seront des actions de renfort pour supporter l'attaque de l'Afghanistan. Il pourrait aussi y avoir d'autres actes de terreur, comme un accroissement du bombardement de l'Irak, en tant que diversion. Mais l'objectif central sera, nous le croyons, l'Afghanistan.

Deuxièmement, cette tactique de la peur sert à détourner l'attention de la stratégie réelle de Washington, bien plus dangereuse que la menace de bombarder plusieurs États. Washington veut prendre le contrôle de l'Afghanistan de façon à accélérer l'accomplissement de sa stratégie de pulvérisation des anciennes républiques soviétiques de la même façon qu'elle a démantelé ce qui auparavant était la Yougoslavie. Cela constitue un des plus grands risques pour l'humanité.

QUE VEUT WASHINGTON EN APPAUVRISSANT L'AFGHANISTAN ?

Pour répondre à cette question, regardez n'importe quelle carte de l'Europe et de l'Asie. Considérez l'immense étendue de l'ancienne Union Soviétique, particulièrement la Russie.

La Russie européenne fait 1 747 122 miles carrés. C'est environ le tiers et une demie de toutes les terres d'Europe. Ajoutez la partie asiatique de la Russie et vous obtenez 6 592 800 miles carrés. Ce qui équivaut à presque les États-Unis et la Chine réunis. Plus de la moitié de l'Afrique.

La Russie touche la Finlande à l'extrême-ouest. Elle touche la Turquie et les Balkans au sud. Elle s'étend jusqu'à l'extrémité de l'Asie et de Extrême-Orient. Elle surplombe la Mongolie et la Chine.

Non seulement la Russie est spectaculairement grande, avec des richesses incalculables, dont la plus grande partie inexploitée, mais il s'agit de la seule autre puissance nucléaire capable de rivaliser avec les États-Unis. Contrairement à la pensée courante, l'équipement militaire russe n'a peut-être pas été détruit; en effet, il est probablement plus important, en comparaison des États-Unis, qu'au début de la Guerre Froide. La Russie possède les sous-marins les plus sophistiqués au monde.

Si les États-Unis pouvaient diviser la Russie et les autres anciennes républiques soviétiques en territoires faibles et soumis, dominés par l'OTAN, Washington aurait enfin la possibilité d'exploiter ces richesses et de faire ce qu'elle veut n'importe où sans craindre la puissance russe.

Malgré des discussions autour de la possibilité que la Russie et les États-Unis travaillent ensemble, et malgré tout le tort causé à la Russie par le Fonds Monétaire International (FMI), cela demeure le but de l'incursion étatsunienne.

L'Afghanistan est stratégiquement située, bordant l'Iran, l'Inde, et aussi, sur une petite distance, la Chine (!), mais, plus important, elle partage des frontières et une religion commune avec les Républiques asiatiques centrales de l'ex-URSS: Ouzbékistan, Turkménistan et Tadjikistan. Ceux-là bordent le Kazakhstan, qui borde la Russie.

L'Asie centrale est importante non seulement pour ses vastes dépôts de pétrole, comme on se le fait souvent dire, mais encore plus pour sa position stratégique. Si Washington prenait le contrôle de ces Républiques, l'OTAN aurait des bases militaires dans les régions-clés suivantes: la région baltique, les Balkans et la Turquie et ces républiques. Cela constituerait le corde autour du cou de la Russie.

Ajoutez à cela que Washington exerce une domination effective dans les anciennes républiques soviétiques d'Azerbaïdjan et de Géorgie, au sud, et les États-Unis seraient positionnés pour lancer de l'extérieur des « rébellions » partout en Russie.

L'OTAN, dont la présente doctrine l'autorise à intervenir dans des États bordant des pays membres, pourrait alors initier des « guerres de faible intensité », incluant l'utilisation tactique d'armes nucléaires, ce qui est officiellement endossé par l'actuelle charte de l'Organisation, en « réponse » à une myriade « d'atteintes aux droits humains ».

Il est ironique que Washington clame qu'elle doit retourner en Afghanistan pour combattre le terrorisme islamique, car c'était précisément dans un effort de destruction de la puissance russe qu'elle avait d'abord créé ce terrorisme dans le pays, dans les années 80.

Il ne s'agissait pas, comme certains le disent, d'une manière d'aider les rebelles contre l'expansionnisme russe. Peu importe ce que pensent certains de l'intervention soviétique en Afghanistan, celle-ci fût en fait défensive, servant à préserver, et non altérer, l'équilibre mondial. Ce sont les États-Unis qui ont entrepris des actions dans le but « d'encourager » l'intervention russe, avec le but final de transformer les tribus rurales afghanes en une force capable d'attirer l'Union Soviétique. Cela est admis par Zbigniew Brzezinsky, le chef de la Sécurité Nationale à l'époque.

Considérez les extraits suivants de deux reportages journalistiques.

Tout d'abord, du N.Y. Times:

« La résistance afghane était soutenue par les services secrets des États-Unis et de l'Arabie Saoudite avec près de 6 milliards $ en armement. Et le territoire qui a été visé la semaine dernière [cet article fut publié après les attaques étatsuniennes de 1998 sur l'Afghanistan], un groupe de six campements autour de Khost, où l'exilé saoudien Oussama ben Laden a financé une sorte d' « université du terrorisme », selon les mots utilisés par un représentant des services secrets des États-Unis, est bien connu de la CIA ( Central Intelligence Agency). » « ...plusieurs des mêmes guerriers qui ont combattu les Soviétiques avec l'aide de la CIA se battent maintenant sous la bannière de ben Laden... (NY Times, 24 août 1998, pages A1 et A7) »

Et ceci, du London 'Independent':

« La guerre civile afghane était en cours, et les États-Unis y étaient depuis le début - ou même avant le début, selon Zbigniew Brzezinsky [l'ancien Conseiller en matière de Sécurité Nationale, et présentement un des stratèges les plus en vue au niveau des affaires étrangères]. »

« "Nous n'avons pas poussé les Russes à intervenir", a-t-il dit à un interviewer en 1998, "mais nous avons consciemment augmenté la probabilité qu'ils le feraient. Cette opération secrète était une excellente idée. Son effet fut d'attiré les Russes dans la trappe afghane. Vous voulez que je regrette cela?" [paroles de Brzezinsky] »

Les effets à long terme de l'intervention étatsunienne selon la perspective du guerrier de la guerre froide Brzezinski furent d'amener, dix ans plus tard, l'Union Soviétique à ses genoux. Mais il y a eu d'autres effets, aussi. »

« Pour permettre à la guerre de continuer, la CIA, en accord avec les services militaires et l'agence ISI (International Services Intelligence Directorate) de l'Arabie Saoudite et du Pakistan, a acheminé des millions et des millions de dollars aux Mujahedines. Il s'agissait de la forme de guerre la plus lointaine et sécuritaire: les États-Unis (et l'Arabie Saoudite) fournissait les fonds et une certaine forme d'entraînement. Ils ont aussi procuré les missiles Stinger qui ont ultimement changé la face de la guerre. »

« Les services secrets pakistanais se sont occupés du reste: entraînement, équipement, motivation et conseils. Et ils ont fait le travail avec panache: le chef militaire pakistanais de l'époque, le général Zia ul Haq, qui avait lui-même un fort penchant pour le fondamentalisme, s'est occupé de cette tâche avec passion. » ('The Independant', Londres, 17 septembre 2001)

Jusqu'à maintenant, l'alliée des États-Unis qu'est l'Arabie Saoudite a probablement été la force-clé du financement des Talibans. Mais les États-Unis eux-mêmes leur ont fourni un appui direct malgré leurs monstrueuses atteintes humanitaires:

« L'administration Bush n'a pas été découragée. La semaine dernière elle a promis un autre 43 millions $ d'aide à l'Afghanistan, ce qui monte l'aide totale de cette année à 124 millions $, ce qui fait des États-Unis le plus grand donneur humanitaire au pays. » ('The Washington Post', 25 mai 2001)

Pourquoi les États-Unis et ses alliés ont continué - jusqu'à maintenant - de financer les Talibans? Et pourquoi malgré tout aujourd'hui s'en vont-ils attaquer leur monstrueuse création? Il s'agit de notre conviction, et celle de plusieurs observateurs de la région en question, que Washington a commandé à l'Arabie Saoudite et au Pakistan de financer les Talibans pour que ceux-ci effectuent un travail précis: consolider le contrôle de l'Afghanistan et de là se déplacer et déstabiliser les anciennes républiques soviétiques d'Asie centrale aux frontières du pays.

Mais les Talibans ont failli. Ils n'ont pas défait l'Alliance du Nord - soutenue par la Russie. Au lieu de corrompre l'Asie centrale avec professionnalisme, ils se sont amusés à faire sauter des statues du Bouddha et à terroriser des gens qui déviaient de l'interprétation hyper-répressive qu'ils avaient de l'Islam.

Au même moment, la Russie aussi s'en va dans la « mauvaise » direction, selon le point de vue de Washington. Elstine, entièrement contrôlable, a été remplacé par le président Poutine, qui résiste au moins partiellement aux États-Unis - par exemple, en matant l'assaut de la Tchétchénie par des terroristes islamistes soutenus par la CIA et liés à l'Afghanistan. De plus, la Chine et la Russie ont signé un pacte mutuel de défense. Et en dépit d'une pression immense européenne-étatsunienne, le président russe a refusé de condamner le président biélorusse Lukashenko qui, comme le président yougoslave Milosevic, emprisonné mais gardant le moral, en appelle à une résistance contre l'OTAN.

C'est cette série de développements défavorables qui a poussé Washington à augmenter son recours à sa stratégie favorite: l'acrobatie politique extrême.

Un premier signe apparent de cette politique du bord de l'abîme est apparu il y a deux semaines, juste avant les élections présidentielles dans l'ex-république soviétique de Biélorussie. La Biélorussie est dans la région baltique, près de la Lituanie et de la Pologne. Washington et l'Union européenne détestent Lukashenko parce qu'il a refusé de tourner son petit pays vers le Fonds Monétaire International et de démanteler tous les services sociaux hérités de l'ère soviétique. De plus, il en a appelé à la défense de la Yougoslavie. Il veut même que la Biélorussie, l'Ukraine et la Russie se réunissent. Ce désir de réunir de nouveau les anciennes républiques soviétiques le place en plein dans le chemin de la politique de Washington qui désire, elle, les briser en plus petits morceaux encore.

Durant des mois, Washington et les Européens se sont ingérés dans les élections biélorusses. Washington admet avoir financé 300 « organisations non-gouvernementales » en Biélorussie. Cela pour un pays de quelques 10 millions d'âmes.

Et comme si cela n'était pas suffisant, juste avant les élections, l'ambassadeur étatsunien en Biélorussie, Michael Kozak, a émis ce commentaire qui fait sursauter:

« [L'ambassadeur Kozak a écrit à un journal britannique que] les objectifs et, à quelque degré, la méthodologie sont les mêmes en Biélorussie qu'au Nicaragua, où les États-Unis ont soutenu les Contras contre le gouvernement de gauche Sandiniste dans une guerre qui a coûté la vie à au moins 30 000 personnes. » ( The Times, Angleterre, 3 septembre 2001)

Comme vous devez vous en rappeler, les Contras étaient une bande de terroristes financés par les États-Unis durant les années 80 pour détruire le gouvernement de gauche nationaliste Sandiniste au Nicaragua. Ils se spécialisaient dans les raids de villages où ils massacraient les habitants; cela quand ils ne faisaient pas la contrebande de la drogue. Cela arriva au même moment que le scandale avec l'Iran.

Maintenant Washington se sert avec cynisme du massacre de masse du World Trade Center et de l'attaque moins importante sur le Pentagone pour rallier les forces de l'OTAN, invoquant l'article cinq dans la charte de l'Organisation, qui stipule que tous les membres de l'OTAN doivent répondre à une attaque dont a été victime l'un d'entre eux. Cela dans le but de: a) réunir une « force de maintien de la paix » en Afghanistan; b) lancer des attaques aériennes et possiblement au sol; c) éliminer le gouvernement obstiné et incompétent des Talibans; d) prendre le contrôle directement via l'instauration d'une occupation militaire des États-Unis et de l'OTAN.

Plusieurs affirment que l'OTAN serait folle d'essayer de pacifier l'Afghanistan. Ils disent que l'Angleterre a échoué dans les années 1800, et les Russes dans les années 1980.

Mais Washington n'a pas besoin ni n'a l'intention de pacifier l'Afghanistan. Elle a besoin d'une présence militaire suffisante et organisée pour diriger des forces indigènes à pénétrer les républiques d'Asie centrale et à instiguer un conflit armé.

Plutôt que d'essayer de défaire les Talibans, Washington leur fera une offre qu'ils ne pourront refuser: travailler avec les États-Unis; recevoir de l'argent en abondance et des armes qui leur permettront de diriger le commerce de la drogue, tout comme les États-Unis ont permis à l'ALK de faire fortune de cette manière dans les Balkans.

Ou ils s'opposeront aux États-Unis, et mourront.

De cette façon, Washington espère reproduire ce qui s'est produit au Kosovo alors que l'OTAN a pris quelques gangsters trafiquants de drogue et de violents sécessionnistes anti-Serbes, et de ce matériel brut en a façonné l'organisation terroriste de l'Armée de Libération du Kosovo.

Dans ce cas le matériel brut serait principalement composé de membres des Talibans. Réorganisés et sous un strict commandement, rebaptisés en Combattants de la Libération, ils seraient directement dirigés vers les républiques d'Asie centrale de l'ancienne Union Soviétique. Cela reproduirait ce qu'a fait l'OTAN dans les Balkans. Là-bas, ils ont envoyé l'ALK, renforcée de combattants islamistes, et « conseillés » par des spécialistes états-uniens, contre la Macédoine.

Alors que les républiques d'Asie centrale seront au combat contre les intrus, l'OTAN pourrait leur offrir de l'aide militaire, pénétrant ainsi la région grâce à un conflit instigué par Washington. Cette tactique qui consiste à simultanément attaquer et défendre l'Asie centrale a été employée avec d'excellents résultats en Macédoine. Le but est de produire des territoires décimés et dominés par l'OTAN. Plus d'Ouzbékistan, de Turkménistan et de Tadjikistan. Et en route vers le Kazakhstan, et alors la Russie.

Cette stratégie ne peut pas être vendue au peuple étatsunien. Nous le répétons: elle ne le peut pas.

C'est pour cette raison que l'administration Bush utilise le tragique événement meurtrier de New York, qui lui-même s'est produit d'une manière suggérant la complicité de forces de couvertures de Washington, pour créer une hystérie internationale suffisante pour pousser l'OTAN dans cette occupation stratégique de l'Afghanistan de où il sera possible de lancer des assauts contre l'ancienne Union Soviétique.

Avant que personne ne soupire et dise, avec soulagement: « Dieu merci, c'est tout ce qui arrive », considérez que mis à part la violation de la souveraineté nationale et de plusieurs autres aspects très négatifs des plans de Washington, l'attaque sur l'Afghanistan amène l'OTAN au pas de porte de la Russie en Asie centrale. C'est une escalade stratégique de conflit, nous amenant tous plus près - personne ne sait comment près et personne ne sait avec quelle rapidité les événements se dérouleront - à une guerre nucléaire mondiale.

Est-ce que Washington repartira avec le butin? Elle, et les capitalistes géants qui la contrôlent, pensent évidemment que la Russie se laissera détruire. Mais alors, comme les Grecs disaient: « La fierté est suivie de l'auto-destruction ».

Les Russes sont très décevants. Ils essaient d'empêcher la guerre. Mais comme M. Hitler l'a découvert, lorsqu'ils sont poussés au pied du mur, ils se battent avec la férocité des lions. Et ils possèdent dix mille ogives nucléaires.

C'est ainsi que Washington joue avec la possibilité d'une guerre qui donnerait l'impression que les horreurs qui sont survenues mardi dernier [11 septembre] au World Trade Center, ou encore la plus grande horreur des bombardements et de la terreur étatsunienne en Yougoslavie, ne sont qu'un aperçu de l'enfer.