“Le Concert” : vous avez dit “clichés” ?

Par Kub3

Quand on cherche un titre d’article, on est vite tenté par les jeux de mots faciles et paresseux. Ainsi dès le début de la projection, je m’étais promis en cas de film abominable de titrer : “Le Cancer”. Et il s’en est fallu de très peu.


Le Concert, c’est l’histoire de ce Moscovite, Andrei Filipov, jadis chef d’orchestre adulé du Bolchoï, aujourd’hui réduit à en balayer les couloirs. Ne pouvant supporter la médiocrité dans laquelle est à ses yeux tombée l’institution, il décide de réunir ses anciens musiciens et, se faisant passer pour le Bolchoï officiel, de partir avec eux en représentation. Direction Paris et le théâtre du Chatelet pour le fameux concert.

Et que la farce commence ! S’il aurait pu s’en tenir là et espérer obtenir moyennant rigueur et modestie une comédie honnête, Radu Mihaileanu, qui de son propre aveu « aime bien quand ça part dans tous les sens », embraye immédiatement sur la corde sensible. C’est là que Mélanie Laurent entre en scène, dans un rôle improbable et larmoyant de soliste française orpheline à qui Andrei Filipov devra révèler l’identité de ses parents.

Passons outre cette intrigue cousue de fil blanc, passons outre ce mélange des genres caricatural, passons outre l’accent russe et la syntaxe « petit nègre » qui plombent la deuxième moitié du film, et surtout passons outre les gags lamentables qui tombent à plat neuf fois sur dix, le sur-jeu agaçant de François Berléand ou le guest-starring de Ramzy n’y changeant rien. Que reste-t-il alors au Concert ? Des clichés à ne plus savoir qu’en faire !

C’est un raz-de-marée absolument effarant des pires représentations de la Russie qui déferle deux heures durant sur le spectateur. La nation slave apparait comme un peuple semi-clochardisé, et la Russie comme une URSS où les seules entités « politiques » influentes sont le KGB et le PC, où l’on passe son temps à se saouler à la vodka (oh le gros plan sur une bouteille !), où les mafieux règlent gaiement leurs comptes à coups de kalachnikov pendant les mariages, et où l’exploitation du gaz est la seule industrie qui rapporte (quid de la prostitution, au point où l’on en est ?)… Je vous épargne la vente de caviar à la sauvette ou encore les Chœurs de l’Armée rouge, présents sur la bande originale.

Venons-en justement pour finir à la dimension proprement musicale du film : Le Concert porte une volonté évidente de démocratisation de la musique classique. Mais qu’est-ce que le classique sinon une musique exigeante, complexe, savante et à contre-courant total du populisme éhonté que l’on nous propose ici ? Le classique populaire, cela s’appelle un « best of » d’André Rieu, et ce n’est certainement pas la dizaine de minutes finale du concerto de Tchaïkovski qui permettront au public d’aller au-delà. Navrant et, une fois encore, cliché.


En salles le 4 novembre

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