et mon coeur transparent

Par Clarinette
Le début m'a rappelé L'écume des jours de Boris Vian et d'ailleurs, sur la quatrième de couverture Véronique Ovaldé est comparée à cet auteur.
Lancelot est un personnage lunaire, rêveur et solitaire. Il vit dans sa bulle, à côté d'une femme qu'il n'aime plus, dans un monde merveilleux, presque féérique peuplé d'opossums et parsemé de pétales de fleurs de cerisiers, jusqu'au jour où il tombe fou amoureux d'Irina après avoir reçu un escarpin à talon aiguille sur la tête. Elle devient alors sa nouvelle femme. Mais, un jour, Irina meurt mystérieusement et Lancelot découvre qu'elle menait une vie parallèle qu'il ignorait complètement. Sa vie bascule alors...
Lancelot est plutôt attachant. C'est un homme déconcerté par la dure réalité de la vie et qui tente en vain de s'en protéger.
Véronique Ovaldé possède indéniablement une très jolie plume pleine d'images et de métaphores originales et insolites. Mélange de noirceur et de fantaisie, son écriture est un vrai délice. Une belle découverte. Pourtant, il m'a manqué juste un tout petit quelque chose -je suis incapable de dire quoi- pour que ça devienne un grand coup de coeur.

extrait : "Mais Elisabeth revint. Elle débarqua dans l'appartement avec son sac à dos, son tapis de sol roulé, ses chaussures de montagne, son nez rose, et Lancelot se leva pour l'accueillir. A moins que ce ne fut pour l'observer tourbillonner comme il l'eût fait devant une espèce rare de coléoptère.
Dès qu'elle mit un pied dans l'appartement elle commença à parler -bien que Lancelot soupçonnât qu'elle ne s'arrêtait jamais et qu'il ne faisait que saisir des bribes d'un discours continu quand il passait près d'elle. Il pencha la tête et se dit, Ce n'est plus possible. Cette pensée était motivée bien entendu par sa récente rencontre avec Irina (il y avait de cela trois jours), rencontre qui l'avait tant bouleversé qu'il était maintenant hors de question de reprendre sa vie là où il l'avait laissée. Il se surprit à lui dire tout de go :
L'armoire a disparu (remarque accompagnée d'un haussement de sourcils et d'épaules signifiant à la fois, ce n'est pas important, je suis innocent et je m'en fous).
Elle ne lui répondit pas, elle resta plantée là, avec tout son attirail à ses pieds, elle avait les bras longs, beaucoup plus longs que la moyenne, ce qui avait pu, en des temps révolus, conférer à ses gestes une sorte de grâce étrange de danseuse indienne mais qui lui donnait à présent, en cet instant précis, parce qu'elle se tenait légèrement bossue, ayant déchargé à terre tout son barda, l'attitude d'une guenon mélancolique."
 
Et mon coeur transparent, Véronique Ovaldé, J'ai lu, 222 pages.

Véronique Ovaldé
envoyé par maneb40. - Futurs lauréats du Sundance.

lu aussi par : Sassenach, Papillon, Saxaoul, Clochette, Dominique Poursin, Florinette, AnneAntigone, Clarabel