En toute discrétion…

Publié le 10 novembre 2009 par H16

Allez les enfants, on remballe ! La crise est finie. F-i-n-i-e. Si si, je vous jure. Tout le monde le dit. Certes, on ne le dit pas tout à fait comme ça, on met des fleurs et des pincettes pour faire comprendre que ça repart doucement et que ça va aller de mieux en mieux. Et d’ailleurs, les banques sont les premières à en profiter. C’est un signe, hein ? Non ?

Comment ça, non ?

Certes oui, on a besoin d’un peu d’argent.

La crise est finie. Mais, chut, on a besoin d’argent. Parce que bon, doubler son déficit en un an, ce n’est pas tout à fait normal, surtout qu’on partait déjà de sommes conséquentes. Mais bon, comme on vous le dit depuis un moment, l’État n’est pas banqueroutable, non non, et puis voyons, il faut savoir qu’un État ne se gère pas comme un ménage, hein.

Le ménage, quand il dépense plus qu’il n’a, doit faire des emprunts aux taux du marché, et doit les rembourser par d’âpres mesures en se serrant la ceinture. Ou il fait de la cavalerie, s’endette encore plus, et se retrouve sur le carreau quand les prêteurs ne veulent plus prêter.

Alors qu’un État, quand il dépense plus qu’il n’a, fait des emprunts aux taux du marché, et les rembourse par d’âpres mesures en se serrant la ceinture. Ou, plus souvent, il fait un peu de cavalerie, détendu qu’il est puisqu’il peut assommer le peuple avec des impôts. Comme ce n’est pas un ménage, il peut en faire plus longtemps avant que les prêteurs commencent à grogner. Et puis un jour, les prêteurs ne veulent plus prêter parce que bon, ça suffit comme ça. Mais c’est différent parce que c’est l’État et qu’il a raison.

Vous saisissez la nuance ?

Non ?

Ce n’est pas grave, l’idée à retenir est que lorsqu’on a besoin d’argent et qu’on est un État, on peut se permettre d’agir comme un goret et taper dans les bas de laine des moutontribuables qui, comme leur nom l’indique, sont bêtes à brouter la prairie.

Evidemment, il ne s’agit pas d’arriver avec ses gros sabots et son cutter mal aiguisé qui risque d’abimer le pelage des bestiaux. Alors on va faire dans la discrétion. On va racler les fonds de tiroir avant d’écorcher les ovins.

Par exemple, on va, discrètement, laisser courir les déficits de certaines administrations pour faire apparaître des bilans plus flatteurs pour d’autres, histoire de ne pas effaroucher les prêteurs et autres financiers du bazar… C’est ainsi que le Pôle Emploi, qui n’est pas trop malheureux question fonds actuellement, ne viendra pas tirer la queue du diable Unedic, qui, lui, est dans une situation nettement plus délicate.

Par exemple, on va, discrètement, contre vents, marées, bon sens et éthique de base, taxer sauvagement les indemnités de travail.

Puisqu’on vous dit qu’on a besoin d’argent, sapredieu. L’argent, ça ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval ! Non. Ca se trouve sur le dos d’un moutontribuable. Alors, on racle.

Et pour racler moderne, on va donc chercher absolument toutes les mesures possibles et imaginables pour ramener un peu d’argent dans les caisses de l’État qui se vident plus vite qu’elles ne se remplissent. Normalement, avec un peu de bon sens, pour éviter une telle situation, il faudrait « tout simplement » augmenter les impôts et réduire les dépenses.

Ça, ce serait chouette … mais pas pour dans tout de suite.

On va le faire, promis juré craché, mais dans plus tard. Comme en 1990, 2000, 2003, 2007 , … (tiens, un exemple ici) on va joyeusement procrastiner, parce que bon, c’est la crise machin tout ça, et que tant qu’on peut taper dans le pot de miel, hein, allons-y.

Oui. Je sais : ce n’est pas super super cohérent : si l’on remet sans cesse la rigueur budgétaire à plus tard (rigueur comme dans « je suis rigoureux et ne fais pas n’importe quoi n’importe comment »), il va arriver un moment où on va avoir droit à la fois aux baisses de prestations et à l’augmentation musclée des impôts…

Pour ce qui est de l’augmentation des impôts, on sent des frémissements.

Vous n’avez pas senti ? Non, vraiment ? Vous savez, cette petite bruine fine de taxes nouvelles et de petits impôts froids et humides qui pénètrent même les imperméables fiscaux les plus fermés ? Non ?

Et la taxe carbone ? Sensée remplacer la taxe professionnelle, elle est promise à un bel avenir, sans pour autant que la taxe pro ne disparaisse. Bonheur, joie, décontraction : il va falloir payer l’une et l’autre. Vous n’y croyez pas ? Et pourtant, je vous fiche mon billet que les impôts locaux vont grimper tout d’un coup dans les prochains mois, et ça va faire mal.

Eh oui.

Cela fait des années, maintenant, que je le dis : arrêtez de voter socialiste ! Arrêtez de voter pour des enflures comme Royal, comme Sarkozy, comme Chirac ou comme Jospin ! Le socialisme, ça ne mène qu’à ça : toujours et encore plus d’impôts, des déficits, et plein de petites misères.

Non, décidément, la crise n’est pas finie.

Et j’aurais même tendance à dire qu’elle va continuer encore longtemps.