Quand la chorale fait son marathon, rencontre avec Yves Roure

Publié le 10 novembre 2009 par Choeurschorales






Yves Roure est un passionné. Il a un agenda surbooké, une voix pétillante et enthousiaste et cette folie que seul les passionnées ont.
Justement, il fallait être fou ou passionné pour fêter les 100 ans du cercle de Chorale avec un marathon de chorale. 
Chœurs et Chorales a rencontré ce marseillais exilé dans les montagnes de Savoie à quelque pas de Genève. Rencontre avec passionné avec un Chœur gros comme ça.

Choeurs et Chorales : Comment avez vous eu l'idée d'une telle manifestation ?

Yves Roure : La Suisse est une terre de chorale. En ce début d'année nous voulions faire "une opération propagande pour Chorale."
Le Cercle de Chorale de Genève fêtait ses 100 ans. Un siècle, ce n'est pas rien !
C'était dommage de faire juste un concert alors nous avons décidé de faire une journée dédiée à la chorale. Il fallait offrir un large panel. Je suis dans la région depuis 30 ans, j'ai rapidement pu constituer un programme avec de tout, des chœurs d'enfant, des chœurs d'hymne, de femmes, des chœurs mixtes, de la pop, de la variété, du classique, du gospel, du Yodel.
Le concert s'est déroulé dans la mythique salle Victor Hall de Genève. Pour les 700 choristes amateurs, c'était un magnifique cadeau que de jouer dans ce lieu mythique.

C&C Ce n'est pas difficile de faire un programme pour un marathon, soit 12 heures de chants ?

YR : J'ai de bons contacts sur la région, je suis là depuis une trentaine d'années. J'ai pu définir rapidement les 23 chœurs participant dont le mien.
La plupart proviennent du canton Genevois. Je n'ai pas eu de problème à rassembler des chorales de différents styles. Certains voulaient des cachets mais ce n'était pas possible. Chaque chorale est venu bénévolement. Le concert était gratuit.

C&C : Comment le public a réagit à ce marathon ?

YR : Très bien ! Notre volonté, c'était de permettre l'échange et la découverte. Les portes étaient ouvertes et les gens venaient et partaient à leur guise. Les gens restaient une heure ou deux, d'autres venaient, partaient. Certains sont partis manger au milieu de la journée et d'autre sont restés tout au long des 12 heures.
Le public était enthousiaste et nombreux. On leur a donné envie de chanter.
Une des choristes qui vient du conservatoire a vu pour la première fois du Yodel. Un chant très populaire en Suisse. Le Choeur de Yodleuse, l'unique chœurs 100% féminin de Yodel a complètement envoûté cette personne. Sans le marathon, elle n'aurait jamais pu découvrir ce groupe et cette musique.

C&C La Suisse, c'est donc une terre de Chorale ?

YR : La Suisse est un petit pays avec moins d'habitants qu'en région parisienne (à peine 7 millions) et trois langues. Et pourtant, il y a des conservatoires, des direction cantonales et une vraie organisation autour du chant chorale. Chaque village a sa chorale. C'est un peu pareil en France mais en Suisse, chacune de ces chorales est fédérée à l'association cantonale, elle même fédérée au niveau national.
Il y a de l'échange entre chorale et une vraie synergie. Lors des fêtes de chants, on peut avoir 12 à 14 000 chanteurs sur un festival alors qu'en France, on fait difficilement 800 aux Choralies.

C&C Pourquoi selon vous une telle différence de part et d'autres de la frontière ?

YR : En France, on chante pour le plaisir, pour se retrouver entre nous et pour tout ce que la vi en chorale peut nous apporter. Les repas, les fêtes, les petites sorties, le plaisir de chanter et le fait de se retrouver. On se contente de ça; Quand on cherche a fédérer les chorales entre elles, y a bataille pour savoir qui sera résident et l'on ne a pas plus loin.
On vient sur terre en chantant. C'est le seul instrument que l'on peut pratiquer sans rien savoir au solfège ni connaître les notes. Tout le monde peut chanter et d'ailleurs tout le monde chante. Dans la rue, sous sa douche, en voiture.. C'est une pratique extraordinaire. La plus répandue dans le monde, la plus vieille aussi.
Dans une chorale unerentre et on chante sans avoir à connaitre les notes, le solfège ou même les paroles. Rien d'autres permet ça. Dans les chorales, les liens sont fort, on fraternalise et l'on sympathise. C'est une belle expérience.


C&C Quels sont vos prochains objectifs ?
YR : Avant même que le marathon commence, j'ai eu des propositions pour renouer l'expérience sur 24h ou deux jours. J'ai eu des demandes aussi pendant la journée.  

Avant même de penser à une suite, j'ai de l'occupation avec ma chorale en France, la chanson de Gaillard (du nom du village Gaillard, en Haute Savoie ndr).
je prépare les grands Choeurs de l'Escalade pour la fête traditionnel des Génevois à la mi décembre. Dans un Genève reconstitué du XVIIeme siècle. C'est un projet avec une centaines de chanteurs autour de cet événement.


C&C Quel est votre rôle dans la Chanson de Gaillard, votre seconde chorale ?
YR : La chorale ce n'est pas mon métier, c'est un loisir, ma drogue. Je cherche surtout à prendre plaisir. Plus précisément, je fais les arrangements pour choristes. Je fais en fonction des des chanteurs. Quand on chante du Pink Martini à quatre voix, j'harmonise. on ne fait pas du prêt à porter mais du sur mesure (rire) !

En plus, j'acompagne aussi au piano le groupe. Je trouve que c'est important d'avoir cette polyvalence.

C&C Quels conseils donneriez vous aux lecteurs de Chœurs et Chorales ?
YR : Il faut chanter, allez chanter, être assidu. On peut chanter jusqu'à 90 ans. Il faut chercher à aller voir les autres, communiquer, se faire connaître. C'est très important.

Il y a 30 millions de gens dans le monde comme appartenant à une chorale recensée dans les associations ou les fédérations. Ça ne comprend pas des petites chorales comme la chanson de Gaillard.
La chorale, c'est un art de la relation humaine. Dès qu'on est plusieurs à chanter, on a une chorale. Tou le monde chante, chez soi, dans la rue, sous la douche, c'est à la porté de tous et c'est une expériene formidable. Faut oser.