Potato Symphony : Les loosers [Festival Franco-Coréen]

Publié le 12 novembre 2009 par Diana
Comédie dramatique de Jeon Taek, Potato Symphony (2008) a été projetée en avant première en France au 4ème Festival Franco Coréen du Film 2009 au Cinéma de l’Action Christine. L’œuvre n’ayant pas encore été sorti sur les grands écrans sud-coréens, nous jouissons donc d’un petit privilège.
Lee Baek revient dans sa ville natale avec sa fille. Il y retrouve ses amis d’enfance avec lesquels ils combattaient des bandes rivales, mais vingt ans ont passés et les choses ont énormément changé. Si ses amis vivent de petit boulot dans des conditions difficiles, l’un de ses rivaux, Jin-han est devenu un malfrat riche et respecté…
Potato Symphony c’est un film de pote vu et revu, traité et retraité à nouveau par le cinéma. S’il n’a pas l’émotion d’un Friend (2001), ni la bastonnade à foison d’un The City of Violence (2006), ce film de Jeon Taek a au moins l’intérêt de s’arrêter sur ses personnages et de prendre le temps de les faire vivre. Du coup, on assiste à un film simple sur les relations amicales d’une bande d’amis dont le temps a réalisé son travail de sape. Les années lycée où ils s’adonnaient aux rivalités de bande et les relations avec les filles sont loin derrière eux. Que leur reste-t-il alors ? Pas grand-chose si l’on escompte les souvenirs. L’auteur nous raconte ainsi l’histoire de ces « galériens » qui se ressassent le passé avec nostalgie tout en se perdant dans les boissons alcoolisés et les karaokés qui semblent être la seule distraction qui leur permettent de s’échapper d’un présent qu’ils n’assument pas pleinement.
Voir les quadragénaires de Potato Symphony se démener pour se donner un leitmotiv et de ce fait rattraper une vie qui leur a filée entre les doigts est plutôt agréable. On assiste à des moments très humains, très doux sans pour autant échapper à la violence qui n’est jamais bien loin. Une violence sur laquelle ils ont construits leur réputation, une violence qui les maintient encore en vie comme si elle leur permettait d’exister, comme si cette violence représentait le symbole de leur réussite passé et ce par quoi ils veulent reconquérir un affront vieux de vingt ans. Pourtant, Potato Symphony n’échappe pas à quelques critiques. Ainsi on pourrait reprocher au film d’être long avec des séquences étirées qui n’étaient pas nécessaires. Au-delà des personnages caricaturaux, il y a des fautes de mauvais goût ici et là. Je pense particulièrement à cet échange entre deux protagonistes qui font de la moto dont les pensées en forme de dialogue s’inscrivent sur pellicule. Le rendu est comment dire : cul cul la praline…
Potato Symphony n’est pas un film auquel on adhère du tout au tout cependant il a des qualités propres qui le rendent attachants. Surtout, je tiens à souligner l’intelligence (si s’en est une) du cinéaste qui ne surnage pas son récit dans la violence pour remplir le contenu, mais aussi qui ne se perd pas dans d’interminables flash-back souvent de rigueur dans ce genre de cinéma et ça ce n’est pas rien. Faire les choses simplement sans fioritures, voilà comment est mis en scène Potato Symphony
I.D.