Belle de Jour : prostituée pour payer ses études, elle se démasque

Par Actualitté

Les aventures d'une call-girl londonienne, qui ont fait fureur sur la toile, représentaient l'un des secrets littéraires les mieux gardés de la création. Même la Bible ne fut, en son temps, pas mieux protégée. Quoique Dieu ait choisi une multitude de pseudonymes, sacré farceur... On pouvait lire sur le blog Belle de jour la vie trépidante d'une prostituée et à force de célébrité, le blog devint livre. « Je ne pouvais même pas me rendre au lancement du livre », avoue le Dr Brooke Magnanti, dont même l'agent ignorait l'identité.


De fait, il ne s'agit pas d'une expérimentation sociologique : l'auteure a réellement travaillé comme prostituée à 300 £ de l'heure, pour une agence d'escort girls à Londres, afin de payer sa thèse de doctorat. Parce que le manque d'argent se faisait cruellement sentir. Et durant 14 mois, elle mena cette double vie, étudiante de jour et Belle de nuit.



Pourtant, Brooke a décidé de briser le secret, notamment pour contrer des accusations portant sur ses textes, qui auraient embelli l'activité nocturne de péripatéticienne, formulées par l'archevêque de York, John Sentamu. « Certaines travailleuses du sexe ont vécu une expérience terrible. Pas moi. J'ai été incroyablement chanceuse à divers égards. Le personnel de l'agence s'occupait très bien de nous et nous ont appris les manières de ne pas se mettre en danger. »


C'est en 2003 que Brooke, travaillant au département de médecine légale de l'université de Sheffield, a débuté sa vie nocturne. Mais se trouvant dans l'incapacité de dénicher un travail dans sa branche, et sans temps libre, du fait de sa thèse, elle dut dénicher un job « qui ne nécessitait aucune formation » tout en lui laissant le temps libre nécessaire pour poursuivre ses recherches.


La prostitution s'est imposée. Le blog, lui, est toujours consultable, avec cette fameuse révélation en date du dimanche 15 novembre.


Dans la presse anglaise, on ne remue pas des masses cette affaire. Au contraire, c'est la consternation qui s'impose : « Compte tenu de l'état du financement de la recherche biomédicale, la maigre rémunération et les perspectives de carrière médiocre au Royaume-Uni et en Europe, cela n'est guère surprenant, et elle n'est probablement pas la seule », peut-on lire dans le Times.


En France, on se souviendra de ce livre paru l'an passé, Mes chères études de Laura D., où une étudiante racontait comment elle avait dû également en passer par la prostitution pour payer son cursus universitaire...