Alitalia relève la tête

Publié le 16 novembre 2009 par Toulouseweb

Premier bénéfice d’exploitation …depuis longtemps.
Cela tient du miracle : l’Alitalia nouvelle va mieux, nettement mieux. Il serait tout à fait prématuré d’évoquer un pari gagné mais la compagnie italienne remonte indiscutablement la pente, lentement mais sûrement. Qui plus est dans un environnement conjoncturel franchement hostile.
Autant les gesticulations de l’extravagant Silvio Berlusconi suscitaient agacement ou mépris, l’année dernière, occupant jour après jour l’avant-scène politico-économique de la Péninsule, autant la nouvelle équipe travaille en silence. Une équipe apparemment soudée qui bénéficie de l’aide vigoureuse d’Air France, actionnaire de référence.
L’événement symbolique qui vient de se produire, sans tintamarre, tient en peu de mots : la compagnie vient de dégager son premier bénéfice brut d’exploitation depuis bien longtemps. Le montant est minuscule, une quinzaine de millions d’euros, mais il vaut son pesant d’or. Il signifie, en effet, que la stratégie choisie et en bonne voie de concrétisation, celle d’un retour à une offre mesurée, commence à porter ses fruits.
Le retournement de situation est tout simplement étonnant. Les syndicats sont calmés, les pilotes soudainement silencieux, des lignes déficitaires ont été abandonnées, d’autres inaugurées et le rapport entre l’offre et la demande retrouve l’équilibre. Mieux, l’hémorragie commerciale est arrêtée. Depuis le début de l’année (trois trimestres), Alitalia a transporté plus de 16 millions de passagers avec un coefficient moyen d’occupation de 64% (mais c’est encore insuffisant).
Reprenant l’initiative, la compagnie concentre dorénavant ses efforts sur Rome, son seul vrai hub, un choix dont le bien-fondé reste à démontrer. Mais, en parallèle, la ligne Rome-Milan (Fiumicino-Linate) prend l’allure d’une vraie navette avec un départ toutes les 15 minutes aux heures de pointe, au total 70 vols par jour, tous assurés en A320. La flotte, précisément, bénéficie d’une modernisation menée au pas de course, grâce aux engagements d’Air One, antérieurs à la fusion. Non moins de 55 A320 et 12 A330 seront livrés en quatre ans, ce qui permettra notamment d’abandonner les vénérables MD-80 encore en service, de gros consommateurs de carburant.
Quelque peu désengagée de Milan, Alitalia n’en néglige par pour autant le Nord industrieux. Ainsi, Turin bénéficie depuis quelques jours de lignes nouvelles vers plusieurs destinations européennes.
Le plus étonnant reste l’amélioration de la ponctualité, spectaculaire. Oubliées les annulations intempestives, les grèves à répétition. La régularité opérationnelle d’octobre a atteint 99,7% et la ponctualité à 15 minutes est remontée à 70%.
Le président, Roberto Colaninno et l’administrateur délégué, Rocco Sabelli, ne font guère parler d’eux et n’alimentent pas davantage la chronique politique. Bien sûr, cette renaissance demande à être confirmée dans la durée mais les premiers résultats obtenus en moins d’un an tendent d’ores et déjà à prouver que le retour à la quiétude porte ses fruits. C’est ce qui manquait le plus à Alitalia.
Pierre Sparaco - AeroMorning