Questions d'un chrétien à un hindou (3/5)

Publié le 17 novembre 2009 par Olivia1972

Comment la mort affecte-t-elle vos vies, et comment la voyez-vous ?


Idem. La mort est un passage. Une expérience de vie s’achève, après un long moment ou au contraire beaucoup trop vite à ce qu’il nous semble, mais il n’y a nulle part d’injustice à la mort. Phénomène normal et inévitable, c’est la seule certitude dans la vie d’un homme. En toute bonne logique, la mort ne devrait pas affecter la vie de quiconque. Dans la pratique, ce n’est pas aussi clair, car il est évident qu’une mère hindoue qui perd son enfant souffre autant et pleure autant qu’une chrétienne… Il est toujours difficile de ne pas voir les sentiments interférer.


Comment voyez-vous le péché ?


La notion de péché, telle qu'elle est enseignée (ou comprise) dans le christianisme, crée une situation culpabilisante et le plus souvent paralysante. Pour un hindou, il est nécessaire et suffisant de développer la claire compréhension de ses erreurs. En effet, les erreurs (si on veut appeler cela des péchés pourquoi pas) graves génèrent des karma dont on subira les conséquences. La pratique bien facile de l’absolution n’existe pas.


Croyez-vous au sacrement du pardon ?


Non, évidemment, on vient de voir pourquoi.


Est-ce que vous croyez à un endroit physique appelé enfer ou paradis ?


Les enfers sont représentés dans des peintures murales bouddhiques ou jaines. Dans l’hindouisme, la notion d’enfer n’est pas précisée. L’enfer, c’est un état généré par des karmas abominablement mauvais qui font que les conditions des incarnations futures en seront lourdement marquées. Il n’y a donc pas d’enfer au sens chrétien. Quant à la notion d’un enfer (ou d’un paradis, c’est pareil) qui serait un endroit physique, je me demande s’il existe encore des chrétiens assez naïfs pour y croire.


Qu’est-ce qui vous pousse à vous comporter moralement et de façon responsable ?


Très certainement les prédispositions (samskara) provenant des expériences antérieures. Mais il serait erroné de croire que c’est une détermination absolument rigide. Les conditions dans lesquelles se déroule la présente vie (parents, environnement social, éducation, circonstances extérieures sur lesquelles on n’a pas de prise, etc.) ne sont pas neutres dans la manière dont chacun mène sa vie. Autrement dit, responsabilité individuelle, toujours, mais il est plus ou moins difficile pour chacun de suivre son swadharma, c’est à dire d’accomplir ce pourquoi il est venu.


Quelle est votre attitude envers les femmes et les minorités ?


Il convient de distinguer ce qu’enseigne la Tradition, d’une part, et les réalités sociales, d’autre part, qui n’en sont malheureusement pas toujours un reflet fidèle. L’attitude hindoue envers les femmes, selon les Textes, doit être de la considérer comme la déesse elle-même, la Puissance Divine qui donne, qui transmet la vie. On retrouve cette vénération dans le respect dont bénéficie la femme mariée, qui reste toute puissante dans son foyer, pour l’éducation des petits enfants…


Hélas, les pratiques sociales vont souvent aux antipodes de ces bons principes. Les femmes assassinées (souvent par le feu mis dans la cuisine), pour de sordides histoires de dot, ne sont pas rares. De même, on ne soulignera jamais assez le sort odieux fait aux veuves qui, du jour du décès du mari, ne sont plus rien sur le plan social.

Les minorités sont respectées, pour autant qu’elles ne soient pas agressives. Mais on sait que les hindous ont souvent tendance à vivre au sein de leur communauté professionnelle (ce que l'on appelle commodément caste), sans trop se préoccuper de leurs voisins appartenant à d'autres communautés, soit de caste, soit de religion.

Le prosélytisme chrétien ou musulman est très mal toléré.


Est-ce que vous croyez que la religion hindouiste soit la seule vraie religion ?


Surtout pas ! Cette prétention à l’hégémonie et au “dieu unique” est bien caractéristique des religions qui se proclament “révélées” (comme si toutes les religions n'étaient pas révélées), c’est à dire les monothéismes judaïque, chrétien et musulman. Il est très fréquent, en Inde, de voir des hindous venir dans des lieux sacrés du bouddhisme ou des jains. Ou des églises, évidemment. L’extrême diversité des branches, dans ce que les occidentaux appellent l’hindouisme (les Indiens n’utilisent pas ce terme, mais le Sanatana Dharma = la Loi Cosmique Eternelle), permet à chacun de trouver des manières d’exprimer son sens religieux. Les hindous n’ont pas d’équivalent à l’excommunication ou au djihad.

A SUIVRE