Avec Marie N'Diaye, Éric Raoult cristallise le mépris de la classe politique

Par Actualitté
Racisme primaire de la part du député Éric Raoult ? En mettant dans le même panier Thuram, Noah et Marie N'Diaye, il évoque en effet « trois antisarkozystes notoires... certes, mais leur point commun c'est, bien sur, qu'ils sont tous les trois noirs », analyse avec justesse (et avec nous) Thomas Legrand. « Éric Raoult fait donc une sorte d'analyse et de comparatif de la pensée des célébrités noires sur le Sarkozysme. En plein débat sur l'identité nationale, ça plaide plutôt pour l'instauration d'un devoir de cervelle pour les députés de la République. »
Mépris de la classe politique
Pour la Maison des écrivains et de la littérature, « le devoir de réserve » qu'invoquait originellement le député UMP n'a rien de censé, car « même au sens purement moral de l'expression, révèle dans quel mépris une partie non négligeable de la classe politique actuelle tient tout ce qui, en France, écrivains, philosophes, enseignants, chercheurs, touche à la pensée ».
Bon, si la MEL retarde un peu, parce que depuis, devoir de réserve est devenu « principe de modération », le fonds du problème reste le même à l'égard des intellectuels, puisque « la servilité serait la seule condition qui peut les rendre tolérables, même s'ils exercent leur art en toute indépendance, comme c'est le cas de Marie N'Diaye ». (pas tout à fait cependant)
N'Diaye dans la lignée de Voltaire
Ainsi la Maison souhaite apporter et témoigner un soutien énergique (plus que celui de l'éditeur) à l'égard de la romancière, tout en précisant que le mauvais service rendu à la France par les écrivains serait justement de ne pas exprimer publiquement « leurs inquiétudes, leurs préoccupations, leurs désaccords ». Et de préciser que la désapprobation du gouvernement de son pays représente « la liberté démocratique la plus élémentaire ». Et d'évoquer Voltaire, Chateaubriand, Hugo, Gide ou Sartre, qui en furent de dignes exemples. C'est peut-être placer un peu haut Marie N'Diaye, mais enfin, on comprend l'idée.
« Il est inquiétant qu'un député, un élu de la République, puisse en arriver à l'oublier simplement parce que tels ou tels propos lui déplaisent », précise la MEL. Et de conclure qu'il vaudrait mieux répondre plutôt que de vouloir museler : « Cela exigerait de s'aventurer sur le terrain des mots, du débat et de l'analyse, qu'elle maîtrise au plus haut point : serait-ce cela qui fait peur ? »