Le crépitement de mon humanité

Publié le 18 novembre 2009 par Achigan

Avertissement : Accès à une réflexion enseignante en cours d'élaboration...


Vous pouvez adhérer ou pas à ce que pense, mais je vous dirai qu'en ce moment même cette pensée s'élabore, se déploie et se modifie. Je vous donne accès à elle. Ma pensée est fuyante, elle s'écoule par les pores de mon esprit qui chahute. Demain, elle n'aura déjà plus le même visage et surtout, elle n'aura jamais le vôtre.


En enseignement, la permission de penser est un don que l'on doit donner aux autres, une responsabilité individuelle que l'on commande et qui se construit progressivement avec l'effort, la recherche et les trouvailles sporadiques qui viennent avec la prise de conscience progressive de ce qui nous constitue.


La permission de penser devient pour moi le pilier fondamental de tout. L'aller-retour le plus créatif qui existe, expérimenter et penser, doit être permis dans tous les domaines qui régissent l'apprentissage.
La réflexion n'est pas banale. Souvent, on nous gave dans le milieu scolaire de pensées des autres, du produit subjectif d'autres esprits qui ont tout digéré et assimilé à l'avance, et qui nous dictent avec aplomb une façon de penser.
Or, aucune pensée ne peut être véritablement signifiante, si elle n'a pas été pensée par nous. Savoir ce que Foucault a pensé peut constituer une illumination, mais si nous n'avons pas accès à la démarche de sa réflexion, si je nous ignorons que s'il vivait toujours il continuerait encore de penser les choses, et qu'il les penserait sans doute autrement, nous faisons fausse route. Nous nous excluons de la véritable satisfaction et de la cruciale appropriation de la pensée, sans oublier son déroulement dans le temps qui s'étend sur l'infini (ou la mort).
Comment penser à sa façon ?
Comment se définir dans le monde autrement que par sa propre pensée, celle qui diverge, celle qui ne connaît que sa façon unique et sinueuse de cheminer dans l'esprit ?
Car il m'apparaît désormais imparable que penser soi-même ce que peut-être d'autres ont déjà pensé avant (peu importe!) a une valeur inouïe. Emprunter cette voie, inlassablement, c'est se donner les outils pour franchir les limites de idées arrêtées, figées dans ce consensus mou, c'est troubler la mesure calculée à l'avance de la bonne démarche à suivre.
Comprendre enfin, que le résultat de cette propre pensée n'a aucune importance, que cette production de la réflexion qui s'arrête un moment pour dire a déjà perdu le cours des idées qui continue de s'alimenter et de se modifier au coeur de notre esprit.
J'irai plus loin encore: pour moi, penser, c'est créer. Autant que de réaliser une fresque immense, générer les liens qui suffisent à étayer les idées qui nous guident, c'est se concrétiser à la face du monde. Alors que le premier exemple est une manifestation extérieure de la création, le deuxième en est une intérieure, mais tout aussi fondamentale, parce qu'elle forme le sens que l'on suit à chaque jour.
Il faut par conséquent, au sein du contact privilégié que l'on a en tant qu'enseignant avec les élèves, tendre vers cette conscience de la prise de parole. Comme il faut nous-même trouver la voie d'un enseignement qui nous est propre, il faut que les élèves développent en eux-même la satisfaction de faire siens les apprentissages et de développer leur propre mode réflexif.
Je me plais à dire que l'enseignant évolue sur un rail créatif où il demeure en recherche perpétuelle. S'il donne accès à cette recherche à son groupe d'élève, il permet à celui-ci d'évoluer en parallèle et de faire avancer la locomotive de la création enseignante. Par ces rails tendus sur un monde en constante mutation, l'enseignant peut accomplir un acte d'humilité stupéfiante envers la jeunesse : c'est avouer ne pas savoir, ne jamais être persuadé de posséder les réponses, mais d'en déceler les pistes et d'en chercher inlassablement des plus satisfaisantes.    
Sur le chemin de briques d'or de Dorothée, initier sa propre pensée est un peu poursuivre la construction de l'allée d'airain. Cela permet d'avancer toujours un peu plus en sachant où on met les pieds.
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Vous pouvez désormais tout oublier.
Tout cela est subjectif et déjà, désuet.
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Note to self :
Ne pas rendre illégitime le plaisir que tu prends envers tout. Si ton plaisir est véritable, il peut être transmis. Tu dois démontrer les possibilités créatives de ce qui habite ton quotidien, de ce qui nourrit ton imaginaire à chaque jour, de ce qui t'apporte un plaisir libidineux.
Donne-le, rends-le, mets-le au grand jour ! C'est le crépitement de ton humanité.