L'Egypte se trompe d'analyse et de procedures diplomatiques

Publié le 19 novembre 2009 par Mtertag

L’Egypte a décidé, jeudi 19 novembre, de rappeler son ambassadeur à Alger pour consultations. Le Caire entend protester contre « l’agression » par des Algériens de supporters Egyptiens au…Soudan. Cette situation constitue un cas inédit dans les relations diplomatiques entre deux pays.

Imaginez en effet l’Algérie qui décide de rappeler son ambassadeur en Allemagne après une bagarre entre des Algériens et des Allemands à Paris. En quoi en effet l’Algérie peut-elle être responsable, directement ou indirectement, des rares incidents qui se sont produits à Khartoum entre supporters des deux équipes ?Mercredi, un seul pays avait cette responsabilité. Il s’appelle le Soudan. Et en dépit du mandat d’arrêt lancé contre son président par les Occidentaux, soutenus justement par l’Egypte de Moubarak, ce pays reste souverain.L’initiative égyptienne de rappeler son ambassadeur à Alger au lieu de Khartoum est un mélange de mauvaise foi et de mépris pour le voisin soudanais.

Sur le fond, les Egyptiens sont mal placés pour parler d’agression de leurs supporters par des Algériens. Comme le montre la décision de la FIFA d’ouvrir une procédure disciplinaire contre la Fédération égyptienne de football (FEF), c’est au Caire que les violences ont commencé. Ce sont les Egyptiens qui, les premiers, ont agressé nos joueurs et nos supporters. Au Caire, ils ont lynché les Algériens et blessé nos joueurs. Mais le gouvernement algérien, sans doute soucieux de ne pas provoquer une crise diplomatique à cause d’un match de football, a préféré se contenter du minimum : convoquer l’ambassadeur d’Egypte à Alger.

Enfin, les Egyptiens ne semblent pas avoir compris qu’ils ont beaucoup plus à perdre dans une dégradation des relations avec Alger que nous. L’Algérie ne possède aucun intérêt économique dans ce pays. En revanche, les intérêts égyptiens en Algérie sont beaucoup plus nombreux et nettement plus importants. Un seul exemple : Orascom Telecom prospère grâce à sa filiale algérienne Djezzy qui lui fournit 98% de son cash annuel.

Enfin, sur le plan régional et international, l’Egypte a toujours fait de l’ombre à l’Algérie. Alger, par calcul, a souvent éviter d’affronter cet allié des Etats-Unis, aussi bien au sein de la Ligue arabe ou dans d’autres organisations – la dernière élection du président de l’Unesco en est l’illustration - au point où le président Moubarak s’est même vu attribué en 2007 le poste de vice-président de l’Union pour la Méditerranée par Nicolas Sarkozy. Cette crise va peut-être enfin libérer la diplomatie algérienne du complexe égyptien.