Journalistes et politiques : liaisons dangereuses ?

Publié le 20 novembre 2009 par Davidme

  

Petit passage pour discuter avec vous de l’arrivée de Françoise Degois (Journaliste politique suivant le PS à France Inter) au sein du cabinet de Ségolène Royal. Ce transfert laisse un goût amer. Chacun peut se souvenir des papiers de Françoise Degois à l’antenne sur la stratégie de Royal etc.. Et chacun peut a posteriori se demander s’il n’a pas été trompé par ces papiers et se demander si c’était de l’information ou de la communication.
Comme les autres transferts récents (Catherine Pégard du Point à l’Elysée ou Myriam Lévy du Figaro à Matignon, Muriel Gremillet de Libération à Montebourg), celui de Françoise Degois interroge et questionne notre métier. Françoise Degois fait ce choix détaché de toute élection, c’est plutôt à mettre à son crédit, mais tout de même, comment ne pas poser la question : ce transfuge ne met-il pas un peu plus à mal la crédibilité de notre profession ?
Comment faire croire ensuite que les journalistes roulent pour l’information et font leur possible pour dénicher des faits et les retranscrire honnêtement ? Comment faire taire les doutes qui planent sur notre profession tout entière, accusée tantôt de connivence, tantôt de mélange des genres ?
Le journaliste doit penser contre lui-même, doit s’échiner à se défaire de ses a priori personnels et de ses préjugés pour pouvoir restituer une information. Loin de moi l’idée de donner la leçon à la très grande professionnelle qu’est Françoise Degois, mon but est juste de questionner, de m’interroger sur nos pratiques. Françoise Degois arrivait-elle à faire la part des choses dans ses papiers ? La question mérite d’être posée. J’ai le souvenir que pour ma part, ses papiers me conduisaient parfois à être moins sévère avec Ségolène Royal.
Bref, tout cela pour dire que sans juger, ce transfert laisse planer un malaise, un doute et ternit un peu l’image de la profession. C’est dommage.
Hubert Beuve-Méry, le fondateur du Monde, disait : « Le journalisme, c’est le contact et la distance ». Entre les deux, la frontière est ténue et personne n’est à l’abri de flancher. Voilà à mes yeux ce que nous apprend ce transfert de Françoise Degois. Il nous dit aussi que le journalisme est un sport de combat. Combat contre soi-même, combat contre la communication, combat contre ses envies d’action.