Frédéric Granotier, un homme d’engagement et d’équité

Publié le 04 novembre 2009 par Lmanagement

Co-fondateur de Poweo, Vivolta et Lucibel (www.lucibel.com)
Sa devise « ils ne savaient pas que c’était impossible, donc ils l’ont fait»!
41 ans – 4 enfants

Frédéric Granotier nous confie sa vision de performance de l’Entreprise : des valeurs de mixité hommes/femmes et d’équité comme outils d’harmonie de l’Entreprise.

Aujourd’hui, la Femme apparaît selon de multiples études comme un levier économique pour la performance des entreprises. En tant qu’entrepreneur et chef d’entreprise, qu’en penses-tu ?
Aujourd’hui, le bon fonctionnement des entreprises dépend de l’équilibre et de l’harmonie hommes/femmes.
Au sein du Comité Exécutif de Poweo, sur les 6 membres, 2 étaient des femmes….ce qui nous a permis d’avoir une vision mixte.

Une représentation des femmes au management de l’entreprise est importante pour 3 raisons:

  • c’est tout d’abord un outil de motivation et d’identification pour toutes les femmes de l’entreprise. Avoir des femmes au Comité Exécutif de l’entreprise permet aux autres collaboratrices de se projeter et de s’identifier. Elles peuvent ainsi se sentir plus motivées et impliquées professionnellement en se disant qu’un jour elles aussi pourront occuper ces postes de Direction.
  • c’est participer à une ambiance plus sereine ! Avoir seulement des hommes entre eux au niveau de la Direction, c’est instaurer une ambiance « macho », fondée sur « la loi du plus fort ». La présence des femmes dans les organes décisionnels apporte une certaine sérénité. En présence de  femmes, les hommes sont plus civilisés !
  • c’est, enfin et surtout, avoir des valeurs indispensables à l’entreprise. Les valeurs dites « féminines » comme la sensibilité sont indispensables pour une bonne vision et stratégie de l’entreprise. La véritable « valeur » de l’entreprise se fonde non pas sur un résultat ou un chiffre d’affaires mais sur la valeur et le potentiel de chaque homme et de chaque  femme de l’entreprise.
    Ce n’est pas un hasard que le service des Ressources Humaines soit le plus souvent majoritairement féminin. La Femme sait donner du sens aux relations humaines et elle y est plus sensible. Elle peut donc mieux les gérer.

On parle aujourd’hui d’instaurer des quotas au féminin au sein des entreprises, quel est ton avis sur ces quotas qui prônent une « égalité » professionnelle ?
Je suis, par principe, contre les quotas qui, selon moi, ne vont pas chercher la vraie raison du problème et donc ne le résolvent pas. Plutôt que mettre en place des quotas, je pense que ce qui est important c’est la justice et l’équité : respecter « la personne » dès le départ, s’assurer d’une égalité des chances et surtout lui donner les moyens de développer sa carrière professionnelle sans frustration ni injustice.

Aujourd’hui, 2 véritables problèmes bien réels subsistent : une rémunération des femmes inférieure d’environ 20% à celles des hommes et la question de la maternité vécue comme un frein dans l’évolution de carrière.
Je suis contre ces injustices ! Ces différences de salaire et ces réactions trop souvent négatives en entreprise sur ce sujet de la maternité, c’est inacceptable. Premièrement, une femme ne doit pas être pénalisée pour avoir des enfants….c’est inconcevable, alors même qu’elle œuvre pour l’intérêt général ! Et deuxièmement, la femme qui culpabilise de prendre son congé maternité se crée une frustration  qui n’est ni saine, ni positive, ni pour elle, ni pour son bébé !
Il faut être équitable dans le développement de carrière des personnes. L’équité au sein des entreprises permettra d’accepter les choix et priorités de chacun, professionnels et personnels.
Au contraire, il faut aujourd’hui soutenir et accompagner les femmes dans leurs souhaits. On a tous à y gagner, l’Entreprise et la femme, car une femme heureuse et épanouie est une femme plus efficace !

Pour être performante, l’Entreprise doit aujourd’hui soutenir, accompagner ses professionnels, hommes et femmes dans leur choix et évolutions de carrière avec des solutions adaptées à chacun : le temps partiel, le télétravail, …

On parle de crise aujourd’hui. Est-ce une nouvelle ère pour les entreprises, une opportunité pour les femmes ?
Une étude a permis de révéler que les banques qui étaient les plus « mixtes » dans leur comité de Direction ont mieux résisté à  la crise car elles avaient pris moins de risques que les autres.
Aujourd’hui, je pense que la crise est une véritable opportunité à saisir pour les femmes. La crise actuelle devrait permettre de remettre l’individu au centre de l’entreprise, et d’imposer d’autres valeurs plus relationnelles.
Avant la crise, c’est la course au profit à court terme qui prévalait. Aujourd’hui, une entreprise jouera un rôle économique si elle met l’individu au centre de son organisation, si elle sait rendre heureux ses collaborateurs. Il serait utile à l’entreprise d’avoir aussi un indicateur de performance qui serait une sorte  « d’indice de bonheur de ses salariés ». Cet indice prendrait en compte des valeurs dites plus féminines.

A travers les nouvelles orientations des entreprises d’aujourd’hui, plus axées vers le collaborateur, l’humain et le relationnel, la Femme a aujourd’hui une opportunité à saisir : apporter sa sensibilité, sa vision du monde, et sa valeur ajoutée à l’entreprise.
Face aux nouveaux enjeux économiques, l’entreprise doit s’adapter et prendre en compte également les valeurs  dites « féminines » pour les mettre vraiment au cœur de l’entreprise.