Les premières collisions du LHC

Publié le 23 novembre 2009 par Benjamin Bradu

Les premières collisions du LHC sont au rendez-vous !

Les premières collisions dans les 4 détecteurs du LHC le 23 novembre 2009 (CERN)

C’est un succès pour le LHC : aujourd’hui, 23 novembre 2010 à 14h22, les premières collisions proton-proton ont eu lieu à l’Organisation Européenne pour la Recherche Nucléaire (CERN) dans le plus puissant accélérateur de particules du monde : le LHC. Ces collisions sont le fruit de plus de 15 ans de travail de plusieurs milliers de techniciens, ingénieurs et physiciens répartis aux quatre coins du monde.

Les péripéties du LHC

Je vous rappelle que les premiers faisceaux de protons ont circulé dans le LHC à partir du 10 Septembre 2008 mais que 9 jours plus tard, un incident sur une interconnexion électrique s’est produit. L’accélérateur a été fortement endommagé sur environ 3 km et 1 an de réparation a été nécessaire aux équipes du CERN. De plus, le système de protection des aimants a été amélioré de manière à ce que cet évènement ne se reproduise pas à l’avenir.

Redémarrage progressif du LHC

Durant les mois d'octobre et novembre, tous les indicateurs du LHC sont progressivement passés du rouge au vert, signifiant que toute la machine était prête à recevoir des faisceaux de particules pour les faire entrer en collisions. Les différents réglages ont été ajustés ces dernières semaines de manière à commencer la campagne de collisions pour 2010 en toute sérénité sans prendre de risque.

Ecran général de contrôle de la cryogénie du LHC.  

Tout est vert : le LHC est à 1,9 K (271 °C)


Récapitulatif du redémarrage 2009 :

- Le 8 octobre, tout le LHC était à nouveau froid : les 9000 aimants supraconducteurs répartis sur l’anneau de 27 km ont atteint la température cryogénique de 1,9 K (-271°C), nécessaire pour le fonctionnement de l’accélérateur.

- Les particules ont fait leur réapparition à l’entrée du LHC le 23 octobre.

- Le 19 novembre, les 1572 circuits supraconducteurs étaient tous vérifiés et testés pour permettre la circulation des faisceaux de particules dans toute la machine jusqu’à 3,5 TeV.

- Le 20 novembre, des faisceaux ont fait plusieurs tours complets du LHC dans le sens horaire et antihoraire à l’énergie d’injection (soit 0,45 TeV).

- Le 23 novembre, les 2 faisceaux circulaient en même temps en sens inverse pendant plusieurs heures entrainant les premières collisions dans les détecteurs ATLAS et CMS puis dans les détecteurs ALICE et LHCb.


Image du faisceau traversant un BPM (moniteur de position du faisceau) dans le sens horaire le 21 novembre

Les détecteurs vont prendre du service

Les quatre expériences du LHC (dénommées ATLAS, CMS, ALICE et LHCb) ont donc pu « voir » leurs premières vraies collisions. Jusqu’à présent, tous ces détecteurs se contentaient de détecter les particules cosmiques qui les traversaient pour se calibrer et se paramétrer. La phase à avenir est principalement une phase de réglage final pour la machine mais également pour tous les détecteurs avant de passer aux choses sérieuses. On a beaucoup entendu dans les couloirs du CERN aujourd’hui : « les physiciens vont enfin avoir des évènements pour faire de la physique ! ».

Détecteur CMS le 7 Novembre 2009 ayant détecté les énergies déposées par les  particules résultantes d’une éjection du faisceau de particules juste avant le détecteur lors de la phase de redémarrage de la machine (splash events). Photons, électrons ou positrons en rouge, hadrons (protons, neutrons, pions) en bleu et muons en jaune et magenta.

Aujourd’hui est un évènement capital dans l’histoire du CERN et du LHC. Ces premières collisions ont été réalisées à une énergie de 0,9 TeV (1 TeV = 1 tera-électronvolts = 1000 milliards d’électronvolts), ce qui est une basse énergie pour le LHC mais une énergie colossale tout de même (le plus puissance accélérateur du monde avant le LHC était le Tevatron, capable de réaliser des collisions à 1 TeV).

Les détecteurs vont donc véritablement entrer en fonctionnement pour venir détecter, enregistrer et analyser en 3 dimensions les 600 millions de collisions générés à chaque seconde dans la machine. L’ensemble des 4 détecteurs devraient produire environ 15 millions de Giga Octets de données par an (soit une pile de CD de 20 km de haut). Toutes ces données permettront ensuite aux physiciens de confirmer ou d’infirmer leurs théories en fonction des statistiques observées lors de ces collisions.

Le programme 2010 du LHC

Une fois les différents instruments de mesure bien calibrés, l’objectif est de monter l’énergie des faisceaux de particules à 1 TeV assez rapidement puis d’arriver progressivement aux 3,5 TeV pour la fin 2010, c’est-à-dire provoquer des collisions à 7 TeV (2 faisceaux à 3,5 Tev en collision = 7 TeV au centre de masse). Cette énergie correspond à la moitié de la  puissance théorique maximale que le LHC peut atteindre (collisions prévues à 14 TeV) mais les physiciens espèrent pouvoir récolter suffisamment de données lors de cette première phase de collisions à moindre puissance pour pouvoir faire de la « physique » et venir confirmer certaines théories comme le fameux mécanisme de Higgs permettant d’attribuer une masse aux différentes particules dans le cadre du modèle standard de la physique des particules.

Le directeur général du CERN disait à ce propos au mois d’aout 2009 que « Nous avons choisi le chiffre de 3,5 TeV parce que cela permet aux opérateurs du LHC d'acquérir l'expérience du fonctionnement de la machine en toute sécurité tout en ouvrant une nouvelle région de découvertes pour les expériences ».

Aujourd’hui, le LHC vient de commencer une nouvelle aventure pour la science.

Simulation de la désintégration d'un boson de Higgs en 4 muons (traces jaunes) par l'expérience ATLAS

Par Benjamin Bradu - Publié dans : Phys. Particules/Quantique
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