Breizh Bankable ?

Publié le 20 novembre 2009 par Vincent

Les banques sont-elle prêtes à tout pour vendre leurs services ? C’est la question qui m’est tout de suite venue à l’esprit lorsque j’ai appris le lancement sur internet de la Breizh Banque.

Petite précision : Breizh Banque n’est pas la version 2.0 de la Banque de Bretagne, vénérable centenaire et filiale régionale de BNP-Paribas, mais un extension numérique des quatres caisses bretonnes du Crédit Agricole. A en croire la communication qui accompagne le projet, et contrairement à son libellé, Breizh Banque n’est d’ailleurs pas à proprement parler une banque, mais un “agence virtuelle et affinitaire”, la première au monde qui plus est. Un petit décryptage s’impose.

Virtuelle ? Facile, ça veut dire sur Internet. Affinitaire ? Plus délicat, le mot étant peu courant (180.000 occurrences seulement dans Google). Il justifie un coup d’œil au wiktionnaire : “Qui est associé, en fonction de certaines affinités.” De fait, dans un usage proche, l’emploi de “communautaire” (15 millions d’occurrence Google) ou même d’”identitaire” (850.000) aurait été plus parlant.

Mais voilà, en France, les notions de communauté et d’identité, sauf si cette dernière est nationale, portent en elles un fort soupçon d’anti-républicanisme. Et c’est donc au terme de longues heures de réunions marketing (de source proche, comme on dit) que le “affinitaire” a finalement été retenu.

Hors de question, en effet, que le Crédit Agricole breton puisse être taxé d’autonomisme. D’autant que, on l’apprend vite, Breizh Banque ne s’adresse pas à proprement parler aux Bretons (au sens d’individus vivant en Bretagne) mais plutôt à la diaspora, voire aux “parigots” (au sens de propriétaires de résidences secondaires sur les côtes bretonnes). L’essentiel de la campagne promo sera d’ailleurs concentrée sur la région parisienne. Ou comment récupérer une clientèle nationale, voire internationale, lorsqu’on est une banque régionale.

Au fait, qu’est-ce que le Crédit Agricole a l’intention de leur vendre ? Des services bancaires, on l’imagine. Le site proposera une panoplie de produits estampillés CA, notamment un livret d’épargne. Seule innovation annoncée par rapport aux autre banques en ligne : la possibilité d’interagir avec un chargé de clientèle par webcam interposée.

Mais pour faire venir le chaland, le Crédit Agricole a toutefois prévu de proposer toutes sortes de prestations annexes : plateformes d’échange (forums, blogs), services (covoiturage…) et offres commerciales : réductions sur des spectacles, des matches de foot ou encore des produits made in Breizh. Pour l’occasion, la banque verte a ainsi multiplié les partenariats avec des acteurs économiques, culturels et sportifs locaux. Le tout dans un environnement 3D représentant, paraît-il, une soucoupe volante. Des extraterrestres, les Bretons ?

Au final, la Breizh Banque s’annonce comme un étonnant salmigondis, à mi-chemin entre innovation technologique et chauvinisme bon teint, marketing communautaire et business pur et dur. Face à un objet aussi improbable, la réponse à ma question initiale est évidemment “oui” : les banques sont bien prêtes à tout pour vendre leurs produits.