Ma vie (André Frénaud)

Par Arbrealettres

Ma lépreuse endormie, comme ta peau est douce,
noirs les seins enflés de chansons ténébreuses.
Saurai-je délivrer, à force de caresses,
la lumière qui se concentre derrière les tours?

Je suis parmi toi avec l’autorité de mes faux pas
et de végétations haletantes, les yeux bandés,
agglutiné à la profonde nourriture.
Sous tes eaux mortes j’aspire le lait,
avec les algues et le sang qui en font cette opale,
ourdie par tant de ravages… ta lente vie.

Ma vie, qui te crispes entre mes bras gourds,
la beauté fraîche que je veux voir apparaître,
viendra l’heure où tu jouiras comme une jeune fille.

J’avancerai douloureux dans l’homme que je deviens.

(André Frénaud)