Ramadanman, un jeune qui a faim

Publié le 25 novembre 2009 par Smaël Bouaici

L’avenir de l’underground anglais est assuré par les enfants de chœurs de l’ère électronique. Après les précoces Skream, Benga, voici désormais Ramadanman, 21 ans, étoile montante du dubstep. Un papier publié dans le Trax du mois d’octobre.

« Le dubstep, je ne sais pas ce que c’est ! » Voilà ce que répond Ramadanman, goguenard, quand on lui demande s’il se considère comme partie prenante du mouvement. Fan de hip-hop, de drum’n’bass et de transe, David Kennedy (son vrai nom) est entré dans le dubstep presque par hasard. « Je faisais des beats de grime, et on m’a dit que ça ressemblait à du dubstep. Du coup, je suis parti voir au Forward Club, et c’est comme ça que j’ai pris ma première claque et que je suis tombé dedans. » Artiste précoce, il bricolait déjà des sons à 7 ans et il a choisi son nom de scène complétement par hasard : « C’est un truc que j’ai inventé quand j’avais 13 ans. Ca ne signifie rien de particulier, je l’ai utilisé pour mes premières productions, et maintenant je me retrouve un peu coincé avec. »

Durant sa courte carrière, Ramadanman s’est toujours laissé porter au gré des courants. Suivant les compliments, il a commencé par vendre directement ses productions sur le très influent site dubstepforums.com, quasiment de la main à la main. « C’était en 2006, j’ai fait des masters professionnels, et je les ai vendus directement à ceux qui trouvaient ça bien. C’était cool mais pas très pratique, ça prenait beaucoup de temps à uploader. » Quelques remixes bien sentis, comme celui de Spliffhead des Ragga Twins, ou sa sublime relecture de Feeling good de Nina Simone, avec infrabasse et tablas, assoient peu à peu sa réputation. Puis, il monte le label Hessle Audio avec ses potes, sans doute une des églises du dubstep qui se rapproche le plus de la techno, sortant notamment les premiers tunes du Roumain TRG. Simultanément, il continue de lâcher des titres au compte-goutte entre les labels, Applepips, Second Drop, et Soul Jazz, qui courtise depuis le début son dubstep hybride, parfois expérimental, à l’instar du génial et minimaliste Blimey, simplement composé de tomes frappés, vite entré dans la playlist de Villalobos. Un éparpillement qu’il explique sereinement : « Parfois, des tunes différents iront mieux sur certains labels, j’aime bien avoir ce choix. Parfois, c’est busy, et il n’y a pas de sorties prêtes pour quelques mois. Je n’ai de contrat avec personne, je fais un peu ce que je veux. »

Aucun album à l’horizon ? Ca ne lui a pas encore traversé l’esprit. « J’ai encore le temps. Peut- être un EP ? », murmure-t-il, comme gêné de ne pas avoir plus de projets. « Il y a beaucoup de bons titres qui sortent, mais pas beaucoup de très bons titres. On a l’impression qu’aujourd’hui un titre doit sortir pour le principe, ce n’est pas notre idée d’un label. » Lui préfère laisser le vent le porter, notamment en France, à Lille, où il a vécu pendant une petite année. C’est ainsi qu’il s’est retrouvé à mixer au Nouveau Casino. « J’ai joué à Paris, mais par accident. J’avais mes disques, un de mes potes DJ a eu un empêchement, et j’ai dû le remplacer. » La prochaine fois qu’on le verra dans la capitale, on sait que ce ne sera pas un hasard.

5 tunes de Hessle Audio:

Ramadanman-Blimey

Untold-Kingdom

TRG - Broken Heart (Martyn’s DCM Remix)

TRG - Put You Down (Ramadanman Refix)

Ramadanman - Response