Suzette Bloch désapprouve les manipulations de Sarkozy sur l'identité nationale

Publié le 29 novembre 2009 par Oldchaps

Récupération, manipulation: ce sont des mots toujours d'actualité aujourd'hui ! Après un siècle de plomb à cet égard, nous pensions peut être être tranquille - Et d'une certaine manière oui, nous le sommes - pourtant le vers de cette maladie n'a pas encore quitté le fruit.

Suzette Bloch la petite fille du résistant Marc Bloch, tombé sous les balles nazies le 16 juin 1944, s'indigne de la récupération de la mémoire de son grand-père à des fins électoralistes.

Elle signe avec Nicolas Offenstadt un  tribune émouvante aujourd'hui sur le monde.fr afin que cette récupération "identitaire" perpétrée par Nicolas Sarkozy ne joue plus en défaveur des idées de son grand-père.

verbatim:

  • Il a été fusillé. Le 16 juin 1944. Il est tombé sous les balles allemandes. Le soir, dans un champ. A Saint-Didier-de-Formans (Ain). Il était lui aussi dans la Résistance. Il s'appelait Marc Bloch.

  • J'aurais pu poser la question à ma grand-mère. Mais je ne l'ai pas connue. Elle est morte le 2 juillet 1944. A Lyon. De douleur, de privations, sans nouvelles de son mari, de ses fils, Etienne, Louis et Daniel, tous engagés dans l'armée de l'ombre. Elle s'appelait Simonne.

  • Le 12 novembre à La-Chapelle-en-Vercors, dans la Drôme, le président de la République a prononcé un discours destiné à apporter sa "contribution" au débat qu'il a lancé sur l'"identité nationale", une notion qui ne s'impose en rien et qui peut servir les pires desseins idéologiques. Il en a appelé à mon grand-père à l'appui de son hymne à la France repliée, chrétienne et éternelle.

  • Pourquoi ce besoin de recourir à Marc Bloch pour se vêtir de ses qualités d'homme irréprochable. Peut-être parce qu'il faut rendre noble et acceptable un débat qui sert à la fois de courtes visées électorales et un projet idéologique de retour au "national", sans rapport aucun avec les engagements et la vision du monde, savant et citoyen, de Marc Bloch.

  • Je refuse que mon grand-père soit utilisé pour célébrer la patrie selon Nicolas Sarkozy, qui joue de la peur de "l'Autre".

  • Non, moi, sa petite-fille, je ne veux pas que Marc Bloch soit instrumentalisé par Nicolas Sarkozy. Il n'aurait pas approuvé cette idéologie nationaliste malsaine. Je demande au président de laisser la pensée de mon grand-père à l'étude, à la critique, aux historiens, ainsi qu'à tous les lecteurs de ses oeuvres.

  • "alors que Nicolas Sarkozy n'a cessé de stigmatiser la pensée critique comme une menace sur l'identité nationale, Marc Bloch l'a, au contraire, toujours encouragée"

Un bien beau texte Suzette Bloch, un bien beau texte! Marc Boch était également un homme brillant, issu de Normale Supérieure. Sa biographie est d'ailleurs édifiante, et je peux que vous encourager à y jeter un oeil.