Que justice soit rendue…

Par Arielle

 Monsieur s ‘amusait tandis que ma fille souffrait http://www.grisy.net/article-l-ignominie-39687154.html . Il devait partir le mois suivant, en mission outre mer. Il y tenait beaucoup car le salaire était fort dans ces cas là. Cela laissait un peu de temps à I… pour se retourner et trouver une solution adaptée à son maigre budget. Il rentra de chez son père, la gueule enfarinée et sa nana dans la tête. Durant ces quelques jours, il n’avait même pas passé un coup de fil pour savoir si l’examen à l’hôpital s’était bien passé. Je n’oublierais jamais l’angoisse de ma fille lorsqu’elle s’était réveillée de son anesthésie et qu’elle réalisa qu’il ne s’était pas inquiété une seule seconde de son état de santé. C’était un cauchemar !

J’avais regagné la capitale car …. Travaille oblige ! mais j’en avais gros sur la patate de laisser I…. désemparée mais que faire lorsqu’on est loin de ses enfants et qu’on les sait malheureux ?

Que faire ?

(Question sans réponse)
Y a pas d’argent,
Y a pas d’amour,
Y a qu’de la misère
….. Que faire ?
La guerre à Lucifer ?
La tête aux « bien séants » ?
Lutter encore et toujours,
Lutter à en crever !
Y a pas d’bonheur
Tout fout l’camp,
Y a qu’des gageures
Au secours…..Maman !
L’argent pourrit la vie
A celui qui en manque,
L’amour n’est que trahisons,
On nous prend pour des cons…
… Que faire ?
Prier, invoquer, palabrer ?
Jeter des sorts ?
Il est difficile d’accepter sa route
Sans quelques plumes laisser dans la déroute.
Plumé…. À poils !
Que faire quand on est tout nu,
De tout dépourvu
Et délaissé sans aucune morale ?
Que faire ? comment faire ?
Avec qui ou quoi faire ?
Là est la sempiternelle question :
Faudrait les sentiments jeter aux lions.
Car il est là le problème,
Le bas blesse dans nos cœurs.
Heureux les insensibles, ils tiennent les rennes :
Ce sont eux les vainqueurs.
… Mais que faire lorsqu’on est généreux ? ?

Il leur fallait régler le problème de la jeep. I… ne pouvait pas rester sans véhicule, elle était bien trop loin de son travail. Elle n’avait pas les moyens d’acheter quoique ce soit et moi, je comptais les malheureux centimes égarés au fond de mon porte monnaie. Son frère aussi était dépouillé de blé et puis, quand même, ce foutu tordu de gendarme lui avait fait vendre sa clio pour parader au volant du gros 4x4 ! Il devait la rembourser, c’était un minimum, surtout que lui et sa famille en avaient plein les fouilles ! Seulement voilà, il ne voyait pas la chose du même œil que nous et lui proposa de lui trouver une occasion avant son départ à l’étranger. En attendant, il acceptait qu’elle utilise la jeep. Ce n’était pas de bonne guerre et cela me mettait hors de moi. J’étais convaincue qu’il allait lui trouver une épave.

I… devait également s’enquérir d’un toit. Ce n’était pas une mince affaire car notre pédant s’imaginait qu’elle allait retourner chez sa maman et ne bougeait pas un petit doigt pour l’épauler dans sa démarche. Elle avait déjà tout quitté, à deux reprises, pour ce monstre, elle n’allait pas maintenant laisser un job valorisant qu’elle venait de dénicher après tant d’efforts ! Quel idiot ce type ! Et dire qu’on demande des diplômes pour entrer dans la gendarmerie…. Je me torturais l’esprit pour tenter de comprendre dans quelle case de son cerveau il avait réussi ce tour de force !!

I… ne devait pas craquer. Sa place de responsable ne le lui permettait pas, alors elle pleurait avant d’aller au boulot, pendant les pauses où elle fuyait la compagnie de son équipe, entre deux clients où elle prétextait devoir mettre à jour les fichiers sur l’ordinateur. Elle était d’une immense force morale et le soir, à peine sortie, elle m’appelait emplie de désespoir.

Ses collègues et sa hiérarchie avaient bien perçu que quelque chose clochait mais ils pensaient que c’était dû aux résultats de son examen gastrique. Ils ne la questionnaient pas mais surveillaient discrètement. Un collègue plus perspicace que les autres décela son désarroi et chercha la faille. I…. ne put contenir sa douleur qui perlait sur son visage et cracha le morceau.

A cet instant, un énorme élan de solidarité plana dans le magasin. C’est ça la vie en province : on se serre les coudes. Deux collègues lui proposèrent une colocation pour qu’elle puisse « se refaire », les autres organisèrent chaque soir, une soirée pour la distraire. Elle était vraiment bien entourée et je respirais un peu.

Ma fille choisi de vivre chez celui qui avait réussi à ce qu’elle se confie. Il venait de faire construire sa maison et ses traites lui pesaient beaucoup. Ainsi, en rendant service à I…., il soulageait aussi ses finances. C’était l’embellie pour tous les deux. I… se retrouverait d’un appartement austère en milieu militaire, vers une jolie petite maison à deux pas de la forêt, au grand air. Elle occuperait la chambre d’amis et lui, retombait sur ses pattes. Jolie manœuvre venant du cœur en premier lieu.

Elle décida de faire son déménagement lorsque Dd… serait parti en mission. Elle ne lui avait rien dit et il s’inquiétait de voir qu’elle restait là « Que vas tu faire ? » « Sais pas » « Tu vas retourner au mobil home de ta mère ? » « Non, tu m’as trouvé une voiture ? » « J’ai du mal ». En fait, il ne cherchait pas, persuadé qu’elle retournerait chez moi et que j’assumerais tout. « Je ne vais pas quitter mon travail, il me faut une voiture ! ». Il ne comprenait plus rien, si tant est, qu’il eut la capacité à gamberger. « Ce week end, je vais à Dax » http://www.ville-de-dax.fr/default.asp?IDPAGE=83&cnf=1|B0314EB5 . C’était là qu’il prenait son pied avec l’autre, ex copine d’un pote gendarme qui les avait présentés alors qu’il connaissait bien ma fille puisqu’elle vivait à la gendarmerie et participait aux soirées dans le mess. Bravo les copains destructeurs de couples !!

Sur ces mots, Dd… s’en alla à la piscine et I… resta seule. Coup de fil inattendu « Dd… a eu un accident, il faut l’emmener à l’hôpital ». Il venait de se couper un doigt, il y avait urgence. I… ne bougea pas. La logique des choses lui rendait la monnaie de sa pièce. De plus, cela entravait sa mission outre mer, il ne pouvait plus partir et I… savait combien c’était une punition pour lui. Elle eut enfin un sourire.

Il rentra le soir même mais devait se faire opérer dans deux jours et demanda à I… de l’accompagner car l’épreuve lui semblait rude. Ah ! tiens donc… n’avait il pas abandonné ma fille pour son examen ? Qu’espérait il ? Mais il savait que ma fille a bon cœur.

I…. l’emmena jusqu’au bloc opératoire et lui déclara « Bon, je te laisse là, j’ai autre chose à faire. Tu rentreras en ambulance » « Mais… tu n’attends pas l’opération ? » Elle lui jeta un regard noir, tourna les talons et le laissa choir. Bien vu ma fille ! je ne peux qu’applaudir. Tu as déjà été bien généreuse de le véhiculer !


 ......... 332 ème épisode ............. à suivre .......... dans la catégorie "biographie"