Qu’est ce qui “fait” un couple ?

Publié le 30 novembre 2009 par Dominique Foucart

J’ai eu le plaisir d’assister il y a quelques jours à un séminaire animé par Benoît Gillain, psychiatre et psychothérapeute, qui travaille depuis de nombreuses années avec des couples en crise. Le thème de son intervention était la recherche d’un modèle permettant de déterminer que les deux personnes que nous rencontrons “font couple”.

Je n’ai pu m’empêcher de relier les grands éléments du modèle présenté par le Dr Gillain à la définition de la relation que donne Jean-Jacques Wittezaele dans son ouvrage “L’homme relationnel”. C’est en mettant ces différents éléments ensemble avec mon expérience de la thérapie et de la médiation familiale au sein d’interactes que j’en suis arrivé à la réflexion que je vous livre.

Une première remarque qui me semble indispensable, c’est de reconnaître que pour faire un couple, il faut d’abord s’être reconnu mutuellement comme tel. Cela peut paraître étonnant, mais il m’est arrivé de rencontrer des personnes venant pour “un problème de couple”, alors même qu’au moins un de mes deux interlocuteurs ne considérait pas qu’il y ait jamais eu vraiment de couple entre eux.

Ceci ne devrait pourtant pas nous étonner. Il n’y a pas si longtemps, et aujourd’hui encore dans bon nombre de cultures, l’alliance formelle d’un homme et d’une femme (il me semble que le couple homosexuel présente moins souvent cette caractéristique) – que ce soit par un mariage ou un appariement public – précédait la conscience pour cet homme et cette femme de constituer ensemble une troisième entité. Je recevais récemment un couple en thérapie, marié depuis quelques mois à peine, et qui se plaignait de ne pas encore “former un couple”. Leurs traditions culturelles faisaient que leurs parents les avaient trouvés “particulièrement bien assortis”, que eux-mêmes respectaient ces avis et les partageaient. Ils s’étaient donc mariés car dans leur culture, se fréquenter “trop longtemps” sans formaliser la relation ne se fait pas. Dans leur cas, le couple comme entité différente des partenaires, mettait donc du temps à se construire.

Cette reconnaissance par les partenaires de ce qu’ils ne sont plus simplement “un plus un” est donc fondamentale. Elle a pour corollaire immédiat que le couple, comme la relation, exige une certaine durée. Le temps est un critère fondamental. Un couple existe quand il dure depuis un certain temps. Benoît Gillain expliquait ainsi qu’il ne considère pas prendre “un couple” en thérapie lorsque la relation dure depuis moins de trois mois. Je ne sais si je mettrais une limite aussi nette, mais je relierais certainement cette notion de temps à la notion suivante.

La seconde dimension importante pour l’existence d’un couple est celle de structuration des échanges. Un couple existe si il dure depuis suffisamment longtemps pour avoir pu construire des règles et de la structure dans ses interactions. Ces règles et ses structures vont se matérialiser par exemple par des projets communs. L’existence de projets qui n’auraient pas pu exister pour chacun des membres “seul” sont le ciment de cette “troisième” entité qu’est le couple.

De plus les règles sont essentielles pour que le couple puisse se construire sur de la coopération et pas sur de l’évitement. En effet, au début de la relation, chacun est prêt à de nombreux “petits sacrifices” pour ne pas “gâcher” les moments passés ensemble. En accumulant les petits sacrifices sans jamais en parler, on laisse se construire un mur entre les partenaires. Et quand ce mur est trop haut, les problèmes commencent… Si par contre les petits sacrifices sont remplacés par une discussion sur les règles communes, on se prépare pour les dialogues plus difficiles qui arriveront nécessairement un jour.

Un autre élément qui me paraît faire partie de la notion de couple, c’est la reconnaissance de cette entité “couple” comme une “troisième” entité. Elle n’est pas la fusion simple des deux entités. En pratique, cela veut dire qu’il est important que chacun garde encore un peu d’intimité et d’espace personnel. Tout, toujours, partout, ensemble, c’est beaucoup ! Le couple ne doit pas être la disparition de chacun, mais bien l’enrichissement de tous.

Si vous avez vous aussi des réflexions autour de cette notion de couple, n’hésitez pas à les partager ici…