Rentrée littéraire : quand passent les (mal) faisan(t)s (première partie)

Publié le 01 septembre 2009 par Frontere

Les bonnes résolutions ça se prend généralement en début d’année. 

Au moment des vœux du Nouvel An vous vous seriez juré de publier votre premier roman, un recueil de nouvelles ou un essai littéraire, chez un grand éditeur, et ce avant la fin de 2009.

Le choix de la place de Paris se serait imposé naturellement à vous : à être refusé par un éditeur qu’au moins ce ne soit pas par une maison d’édition … régionale. Quelle horreur!

Alors vous auriez envoyé votre manuscrit ou votre tapuscrit à ces maisons que le monde entier nous envie, dit-on, surtout en cette période de rentrée littéraire : La Table Ronde, Le cherche midi, les éditions du Rocher, Robert Laffont, pacsé - vous le découvririez - avec Julliard, Seghers et Nil! Arléa, Stock, Albin Michel, Léo Scheer, Jean-Claude Lattès, Le Seuil, les éditions des Arènes, de l’Olivier ou encore P.O.L

Vous saviez bien que vous auriez dû mieux cibler vos envois, vous renseigner sur la ligne éditoriale des maisons auxquelles vous vous adressiez, peut-être aussi auriez-vous gagné à peaufiner votre texte, à le travailler davantage.

Mais au fond votre démarche, presque improvisée, vous autoriserait in fine à trouver des justificatifs à toutes les réponses négatives que vous ne manqueriez pas de recevoir en retour avec un délai moyen d’attente de cinquante-deux jours.

Et au passage c’est presque avec des rougissements de rosière que vous auriez lu tel ou tel commentaire laudatif sur votre livre :

« Certains de nos lecteurs lui ont reconnu des qualités », « Votre texte malgré des qualités - notamment une plume acérée - n’a pas convaincu notre Comité de lecture », « Votre manuscrit possède des qualités ».

Ne doutant de rien et ayant oublié les mésaventures de Lucien de Rubempré¹, vous vous seriez décidé à lancer une deuxième vague d’envois : Allia, Belfond, Calmann-Lévy, Zulma, Jean-Paul Bertrand, Arthème Fayard, Christian Bourgois, José Corti, XoLe Dilettante, L’Harmattan, les éditions des Équateurs, Les Presses de la Renaissance, Buchet-Chastel, Denoël, Verticales, Métaillié, Joëlle Losfeld, les Éditions de Minuit, etc., auraient l’honneur de recevoir votre œuvre. 

Mais : « Quand on ne s’appelle ni Laurence Boccolini ni Francis Lalanne et qu’on n’a pas écrit un roman sur le viol d’un ministre pédophile par d’anciens candidats de téléréalité devenus héroïnomanes, on part avec un handicap. »²

Vous auriez donc obtenu les mêmes réponses ; les mêmes causes ne produisent-elles pas les mêmes effets?

Lorsque, soudain, une idée qui vous paraîtrait lumineuse naîtrait en vous …

À suivre

Notes

¹ héros d’Illusions perdues d’Honoré de Balzac

² ainsi que l’écrit Philippe Jaenada dans l’article « Pour devenir écrivain, il faut savoir ramer », « Le Figaro littéraire », édition du 27 août 2009