Diviser pour mieux régner

Publié le 01 décembre 2009 par Bix

Depuis la nouvelle polémique sur la régularisation ou non des sans-papiers salariés et la sortie de Martine Aubry qui demande une régularisation "large avec critères", j'ai remarqué un élément de langage assez nauséabond dans la bouche des représentants du gouvernement.

Je l'ai entendu de la part d'Éric Besson, Xavier Bertrand, Laurent Wauquiez (je m'en étais ému devant ma télé) et Rachida "moi-je" Dati ce matin, sur France Inter.

L'élément de langage, l'argument si vous préférez, consiste à opposer les bons et les mauvais étrangers. C'est-à-dire à rendre responsable des difficultés que rencontrent les "gentils" étrangers (ceux qui ont des papiers) les "méchants" étrangers, c'est-à-dire les étrangers clandestins et salariés, sans papiers. Ce matin sur Inter, la maire du 7e arrondissement a même ajouté quelque chose comme "et qui ont eu du mal à obtenir ces papiers". On a envie de répondre : la faute à qui ?

Le procédé n'est pas nouveau : trouver un bouc émissaire et le rendre responsable des problèmes de la majorité. Là où l'UMP innove, c'est qu'elle fait semblant de prendre la défense des "bons" étrangers en leur indiquant le responsable de leurs galères ; ces salauds de sans-papiers. Ça nous donne une échelle de l'oppression où chaque échelon est également menacé par celui du dessous :

  • les bons Français
  • les bons étrangers
  • les mauvais étrangers (les sans-papiers salariés)
  • les mauvais étrangers parasites (les sans-papiers pas salariés et profiteurs)

En gros, dans les années 90 le FN disait que les étrangers piquaient le boulot des Français.Aujourd'hui, l'UMP dit que les salariés clandestins piquent le boulot des étrangers en situation régulière. Comme s'il y avait des boulots d'étrangers et des boulots de Français : si on va au boût de la logique, les sans-papiers piquent finalement le boulot de tout le monde. On a enfin la solution à la fin du chômage : expulser les clandestins.

En plus d'être dangereuse, cette position est irresponsable : les lois actuelles fabriquent du clandestin, la répression actuelle au niveau européen fabrique des mafias de passeurs. Bien sûr qu'il faut régulariser les salariés, et leurs familles ! Ne serait-ce que pour des raisons de droit du travail et de santé publique. Parce que des clandestins, ce sont des gens qui se cachent (à raison), qui ne se soignent pas ; notez que je ne sors même pas l'argument humanitaire.

Mais la régularisation, même massive, ne peut résumer à elle seule la politique d'accueil des immigrés, qu'ils soient réfugiés ou non. C'est d'ailleurs souvent, voire toujours, là que les propositions des partis sont moins soudainement moins intéressantes...