Il n’est pas rare qu’un déçu ou un pointilleux quitte une salle en cours de film. Il y aura toujours quelqu’un pour se rendre compte un peu tard que le film qu’il ou elle est venu(e) voir ne correspond pas du tout à ce qu’il ou elle espérait. Dans ce cas, la plupart des gens restent tout de même et donnent une chance au film, alors que quelques uns abandonnent lâchement la salle.
Entre les premiers plans du long-métrage et le début du générique de fin, la salle s’était vidée de moitié au cours du film. Mardi soir, près d’un an plus tard, j’ai vécu une expérience presque similaire à l’UGC Ciné Cité Les Halles en allant voir Kinatay de Brillante Mendoza.
Comme Los Bastardos, Kinatay a fait sensation à Cannes, celui-ci en compétition officielle où il a séduit le jury et remporté le Prix de la Mise en Scène. Une distinction amplement méritée si vous voulez mon avis. Il y a tout juste un an, j’étais tombé sous le charme de Serbis du même Mendoza, la lumineuse chronique d’une famille de Manille tenant un cinéma porno.
Bien plus sombre, Kinatay conte une descente dans les abymes de la violence. Le premier acte
Le jeune marié arrondit ses fins de mois en traînant le soir avec des mecs peu recommandables qui l’entraînent pour une petite virée qui tourne au kidnapping. L’insouciant se met à flipper lorsqu’il comprend toute la dangerosité de la bande, et jusqu’où ils semblent prêts à aller.
Cette descente aux enfers est réalisée avec une insolente maestria par Brillante Mendoza. Le sens du récit nous explose au visage, sa capacité à subrepticement changer de ton et d’atmosphère en cours de route, tout en justesse. Avec une caméra vive, à l’épaule, il happe l’énergie de Manille. En étirant ses séquences au maximum, les faisant exister sur une durée rare, il donne une consistance et une intensité remarquables à sa narration. Très vite, l’atmosphère nous englobe et nous fascine jusque dans l’audace contemplative de certaines scènes.
Ce regard profondément sombre n’aura pas eu le temps d’impressionner une autre partie des spectateurs, qui ont choisi de quitter la salle lorsque les machettes ont commencé à trancher avec force… Plus d’un quart de la salle se sera vidé avant que le film n’atteigne sa conclusion.
Ce n’est pas Twilight qui risque de faire cet effet-là…