Equipe de France : Bilan 2009.

Publié le 30 novembre 2009 par Lben

Chronique du lundi 30 novembre 2009

Il est l’heure du bilan pour l’équipe de France après son dernier match pour l’année 2009. 1 Tournoi, 2 tournées comportant 3 matchs contre la Nouvelle-Zélande, 1 contre l’Afrique du Sud et l’Australie, c’est suffisant pour avoir une bonne vision du niveau français.

Du positif avant tout :

Il faut, avant tout, retenir du positif pour cette année. Plus que les 3 victoires références que sont les matchs contre le Pays de Galles, la Nouvelle-Zélande à Dunedin et l’Afrique du Sud à Toulouse, c’est la naissance d’un groupe qui doit être le principal point positif à garder à l’esprit. Déjà, contre les Gallois, mais surtout en Nouvelle-Zélande en juin, on a senti une solidarité certaine entre les joueurs, ce qui a permis de donner naissance à un vrai esprit d’équipe. Et si cela a été possible, c’est que les joueurs adhèrent au discours de leurs entraîneurs. Autant la presse pouvait se poser la question, en début d’année, de la capacité de Marc Lièvremont à tenir le rôle de manager, autant aujourd’hui ce n’est plus le cas. L’équipe de France fonctionne bien, les entraîneurs se sont trouvés, en la personne de Thierry Dusautoir, un capitaine respecté et écouté, et surtout il y a un groupe de joueurs qui poussent tous dans le même sens.

L’autre point positif de cette année, c’est qu’une ossature se dégage maintenant. Autant les changements incessants qu’avait connu l’équipe au début de l’ère Lièvremont laissaient penser que les entraîneurs n’avaient aucune certitude, autant maintenant, il semble évident qu’un groupe de joueurs est prioritaire, notamment devant. A une ou deux unités près, la composition du pack tricolore pour débuter le Tournoi est connue : Barcella – Servat – Mas ou Marconnet – Millo-Chluski – Chabal ou Nallet ou Papé – Dusautoir – Harinordoquy – Ouedraogo. Derrière, même si c’est beaucoup moins évident à cause des blessures plus fréquentes, il y a quand même de plus grandes assurances qu’avant : la charnière Dupuy – Trinh-Duc a montré, contre l’Afrique du Sud notamment, qu’elle tenait la route au niveau international, l’option Tillous-Borde -Beauxis qui avait débuté en Irlande le Tournoi restant toujours en course. Au centre, Maxime Mermoz parait tellement incontournable qu’il a mis Yannick Jauzion en pré-retraite internationale. La leçon de l’automne est que Mathieu Bastareaud semble être celui qui est, aujourd’hui, le plus apte physiquement à répondre aux critères du très haut niveau pour jouer au côté du Perpignanais et ce, devant Florian Fritz et Yann David. Sur les ailes, les options ne manquent pas entre Clerc, Heymans, Fall, les Clermontois Rougerie et Malzieu et même, pourquoi pas Sid ou Donguy. A l’arrière, même si Damien Traille est un fantastique joueur, Maxime Médard, ne serais-ce que parce qu’il joue tous les week-ends à ce poste et qu’il correspond aux standards internationaux de vitesse pour le poste, parait incontournable même si, c’est vrai, comme les sélectionneurs l’ont dit, que son jeu manque de constance actuellement.

Que manque-t’il à l’équipe de France ?

La réponse évidente est, bien sur, du temps. Du temps pour être ensemble et travailler sur les lancements de jeu notamment. Du temps pour que les joueurs puissent encore mieux se préparer et surtout, se reposer. Cet automne, la différence entre l’équipe d’Afrique du Sud et celle de Nouvelle-Zélande, c’est que, pendant que les joueurs Sud-Africains finissaient de s’épuiser dans leur compétition nationale, la Currie Cup, les néo-zélandais se reposaient avant de reprendre un travail physique en vue de la tournée. Malgré 5 matchs contre 3 pour les champions du Monde, les néo-zélandais finissent plus frais que leurs adversaires et surtout ne comptent aucun blessé ! Là où les français ont dû se passer de Ouedraogo avant le premier test, Harinordoquy, Mermoz et même Fall ensuite et ce tout en faisant jouer une équipe bis contre les Samoas pour protéger les joueurs, les All Blacks montaient tranquillement en puissance, travaillant les automatismes, s’il était encore besoin, entre des joueurs qui vivent à l’année ensemble, pour délivrer une copie presque parfaite à Marseille.

L’équipe de France est celle qui passe le moins de temps ensemble en comparaison des 3 nations du Sud, de l’Angleterre, de l’Irlande et du Pays de Galles. Les nouveaux accords, avec 4 semaines complètes passées ensemble pendant le Tournoi seront en 2010, un petit progrès. Mais, avec des joueurs qui commenceront à fatiguer, il n’est pas sur que cela suffise pour vaincre l’Irlande, invaincue cet hiver et dont les joueurs ne sont sollicités que pour la Coupe d’Europe et l’équipe nationale, le Pays de Galles à Cardiff et peut-être même l’Angleterre qui a dû composer avec beaucoup de blessés cet automne.

Ce n’est pas innocent d’avoir des joueurs qui jouent beaucoup et, donc, qui se blessent. Quand vous regardez les meilleurs, que ce soit la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud, l’Irlande et l’Australie, vous vous rendez compte que ces équipes ne possèdent qu’une équipe de très haut niveau avec 2, 3 joueurs clés : que devient la Nouvelle-Zélande sans McCaw et Carter, l’Afrique du Sud sans Matfield, Botha et Morne Steyn ? L’Irlande sans O’Dricoll, O’Connell et Kearney ? La France est pareil. Nous avons beaucoup de très bons joueurs mais ceux qui peuvent faire basculer un match au niveau international sont très rares. Ce pourrait être le cas de Mermoz, Bastareaud, Harinordoquy, Ouedraogo ou des Toulousains Médard, Clerc et Heymans à condition que ces joueurs soient tous en forme en même temps, ce qui est très difficile à obtenir en France, vu la quantité des matchs joués tout au long des saisons.

La chance qu’il reste à l’équipe de France, c’est que la Coupe du Monde démarre en septembre après 3 mois de préparation et que toutes les équipes sont, alors, au même niveau. Enfin, au même niveau, ce n’est pas totalement vrai puisque dans les mois qui auront précédés les Néo-zélandais, Sud-Africains, Australiens et même Irlandais et Gallois se seront reposés en perspective de l’épreuve ce qui semble inimaginable en France, à ce jour, vu l’intensité des compétitions. Et c’est là que se repose la douloureuse question de l’enchaînement de 7 matchs dont 4 au moins de très haut niveau pour enfin soulever la Coupe du Monde…