Les réfugiés climatiques : quel constat, quel statut, quelles aides nécessaires ?

Publié le 03 décembre 2009 par Sequovia

L’augmentation de la température sur la surface de la Terre met en danger les peuples du monde. Ainsi, ceux qui sont situés dans des régions sèches, gelées ou proches de la mer pourront être sévèrement touchées jusqu’à être forcés à l’exil.

Dans le cadre de Copenhague, les institutions se doivent de trouver un statut et des aides pour ces réfugiés climatiques, ainsi que des aides pour les pays du Sud qui seront les plus sévèrement touchés.

Cet article a été rédigé dans le cadre du dossier spécial de Sequovia sur le sommet de Copenhague.

Avant-propos

Avant de lire cet article, si vous n’êtes pas encore sûrs de l’ampleur du réchauffement climatique actuel et à venir et des conséquences prévues (montées des eaux, sécheresse, fonte des neiges, événements extrêmes…), consultez les dernières études du GIEC, organisme mandaté par l’ONU et qui est référant en matière d’étude du climat sur notre résumé du dernier diagnostic sur le climat, avant Copenhague.

D’ores et déjà, les conséquences de ce réchauffement se font sentir dans le monde entier, et les plus démunis sont aussi les plus touchés.

Des zones plus exposées que d’autres

Pergélisol en dégel

Sol craquelé par la sécheresse

L’augmentation de la température moyenne met directement en danger les peuples qui vivent à proximité des zones arides ou dans les régions arctiques traditionnellement recouvertes de pergélisol (permafrost en anglais, désigne le sol gelé toute l’année).

De plus, indirectement, les personnes qui sont installés dans les deltas (soit 500 millions de personnes) ou les franges littorales des îles basses (40% de la population mondiale vivant près des côtes) souffriront fortement de l’élévation du niveau des  océans ou par l’apparition de cyclones d’intensité croissante.

Devant des conditions climatiques catastrophiques ou même la disparition de leur lieu de vie, la seule solution qu’il reste à ces personnes est donc l’exil. Ils deviennent alors ce qu’on appelle des « réfugiés climatiques ».

Les migrations climatiques vont s’amplifier

Selon une estimation de l’ONU publiée en 2005, 50 millions de personnes pourraient être forcées de migrer de leur pays d’origine d’ici 2010 à cause du réchauffement climatique. Et ce chiffre pourrait atteindre 200 millions d’ici 2050, ou jusqu’à 1 milliard selon l’ONG Christian Aid.

Mais, contrairement aux idées reçues, cette question ne concerne pas que les seuls pays riches. Actuellement, et encore plus demain, ce sont les pays pauvres du Sud qui supportent et supporteront l’essentiel de ces afflux massifs de réfugiés. Ces dix dernières années, 72% des demandeurs d’asile ont été accueillis dans des pays du Sud.

Le changement climatique déracine les hommes

Les peuples dits « premiers » ont un savoir environnemental, une organisation sociale et une philosophie qui se sont transmis au cours des siècles en conservant leurs singularités. Loin des écosystèmes qu’ils maîtrisent, éparpillés dans une ville ou dans un pays, privés aussi de toute possibilité d’un retour sur leur territoire d’origine, ces peuples redoutent de perdre leur identité. Pour ces hommes et ces femmes, subitement privés de la libre-disposition d’eux-mêmes, c’est clairement une question de droits de l’homme. Quant à l’humanité, c’est de l’irrémédiable appauvrissement de son « ethnodiversité » qui est en jeu.

Gérer le problème des réfugiés climatiques

Comme les déplacements s’effectueront de façon de plus en plus massive en des points différents de la planète, ce sont des centaines de milliers – voire des millions – de personnes qu’il faudra simultanément transporter, loger, intégrer à un territoire proche ou lointain. Ces déplacements, s’ils ne sont pas anticipés, négociés avec les territoires d’accueil, de passage ou de transit, risquent de déboucher sur des désastres humanitaires.

Ainsi, une institution devra être créée par l’ONU pour gérer de toute urgence ce problème. Peut-être les compétences du Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) pourraient être élargies pour traiter ce problème. Quoi qu’il en soit, le sommet de Copenhague se doit de prendre de grande ampleur pour limiter la catastrophe qui s’annonce. De plus, il n’y a pas à l’heure actuelle de statut précis, dans le cadre de la convention de Genève, pour les réfugiés climatiques. Et les pays d’accueil se réfugient souvent derrière cette barrière pour refuser l’asile à ces premières victimes du climat. Créé dans cet objectif, le programme « Climate justice » réunit 70 ONG – dont les Amis de la Terre, Greenpeace, le WWF et de nombreuses ONG des pays du Sud- et des associations de juristes.

L’avis Sequovia

Ce problème des réfugiés climatiques relève d’une « justice climatique » et d’une solidarité envers les pays du Sud. Tout doit donc être fait à Copenhague pour laisser de côté les égoïsmes de chacun et aboutir à des décisions ambitieuses d’aide conséquente pour les pays les plus touchés et de statut pour les réfugiés climatiques.

Nous vous conseillons de voir les premières images des conséquences du réchauffement climatique sur http://www.collectifargos.com ou sur le livre du collectif Argos intitulé Réfugiés climatiques, dont certaines données ont été tirées pour cet article.