Série TV : "Hung"

Publié le 08 décembre 2009 par Charlyh


Inversant la programmation dominicale US des deux maxi cartons de HBO Outre-Atlantique, « True Blood » et « Hung » ( dans cet ordre initial ), la chaine hexagonale du câble Orange Cinémax vous propose depuis mardi 1er décembre dernier de suivre également ces deux séries.
A raison de deux épisodes chacune, à partir de demain soir, vous retrouverez, donc, dès 20 :40 la toute nouvelle série « Hung » suivie dès 21 :35 de deux heures de la seconde saison de la série vampirique « True Blood ».
Et même si je ne me suis jamais caché d’être un mordu de vampirisme et par les vampires culturellement voire cultuellement, ce sera pourtant à cette nouveauté télévisée que je m’intéresserai cette nuit :

« HUNG »

Et que celle qui a répondu que c’était car l’exotisme existe aussi en métropole ( comme j’aime à le répéter ) en parlant de moi vienne me voir dans ma chambre après cette article, car oui, il va être question de dimensions hors-normes dans cette série.


Si la série de ShowTime « Californication », avec un David Duchovny revenant à quelques histoires en dessous de la ceinture comme à ses débuts télévisuels ( mais nous pourrions revenir là-dessus… ou dessous ), vint exploser à son lancement en 2007 les mirettes et la libido des téléspectateurs avec son avalanche de seins et de baises au fil des aventures de cet écrivain alcoolique divorcé n’étant pas sans nous rappeler Charles Bukowski - romancier célèbre torturé par des démons alcooliques comme le savent beaucoup de lecteurs curieux et intéressés ( s’ils n’ont pas assisté à une certaine séquence d’ « Apostrophes » ) – cette nouvelle série de HBO lancée le 28 juin 2009 dernier ( à la suite du troisième épisode de la seconde saison de « True Blood » donc ), avec 2,1 millions de téléspectateurs ( trices ? ), ne fait que confirmer le caractère fortement innovateur voire provocateur d’un réseau US ayant perdu en qualité, téléspectateurs et audiences ces dernières saisons pourtant.
Distributeur et diffuseur de séries comme « Spawn, l’anime » ou « Sin City, l’anime » à ses débuts, le network HBO se sera surtout fait connaître en donnant naissance à des séries aujourd’hui cultes comme « Les Soprano » ou « Sex & the City » ( qui, même si je n’y ai jamais accroché, abordait déjà fermement le sexe d’un point de vue féminin : de riches et aisées new-yorkaises s’échangeant leurs malheurs et aventures sexuelles ) avant de confirmer son talent dans des maxi séries luxueuses : « Carnivale, la Caravane de l’Etrange », « Rome » ( et son légionnaire queutard dans cette Antiquité de stupre et de meurtres ) ou « Deadwood ».
Une crise créatrice mais surtout la grève des scénaristes récente auront participé au déclin de l’empire américain télévisuel – pour reprendre un titre cinématographique. Jusqu’à ce qu’Alan Ball, créateur de « Six Feet Under » ( pour HBO ) et scénariste de l’oscarisé film « AMERICAN BEAUTY », ressuscite la chaine en leur proposant sa seconde création, surfant sur cette vague de retour des non-morts et plus précisément de vampires : ce « True Blood » adapté des romans de « La Communauté du Sud » de Charlaine Harris.
Requinqué par ce succès attirant désormais jusqu’à 3,7 millions de téléspectateurs américains après des débuts difficiles ( passant des 1,7 millions du pilot au 2,1 de mi-season ), les pontes de HBO auront pu donner leur chance au duo de scénaristes quasi inconnus Colette Burson et Dmitry Lipkin ( dont l’état civil devait être en pénurie de voyelles ), venus de la série inédite « The Riches », pour qu’ils créent et produisent ce « Hung ».
Mais de quoi parle cette série, mince ?

Entraineur scolaire de basket dans un petit lycée de Détroit, Raymond Drecker est un homme qui commence à vivre une crise de la quarantaine ( que certains peuvent connaître avant ) violente, trouvant son travail inutile – pour lequel il se sait sous-payer – alors qu’il se savait promis à un meilleur avenir sportif, et ne supportant plus sa condition actuelle, que son récent divorce ne facilite pas : sa femme l’ayant plaqué pour un dermatologue ( et la stabilité monétaire d’un médecin ).
Lorsque pour combler le tout sa maison crame dans un incendie accidentel, Ray se retrouve à camper dans une tente, perdant du même coup la garde de ses deux enfants.


Au bord du gouffre et acculé financièrement, si ça continue ainsi Ray va devenir l’un de ses parias dont la récente crise économique mondiale a donné naissance
en nous renvoyant à la Grande Crise de John Steinbeck au début du siècle dernier.
Ainsi pour tenter de et espérer se remonter le moral intègre-t’il un groupe soutien en retrouvant un vieux flyer dans sa voiture. Groupe de soutien où en plus de retrouver une ancienne conquête et l’aventure d’un soir va surtout germer les bases de l’idée qui pourrait lui permettre de remonter la pente : « Le secret est en vous ».
La partie de mauvaise baise – « trop rapide » selon ses propres dires – avec cette apprentie poète rencontrée au groupe allant lui donner la solution à travers l’insulte que celle-ci lui lance alors qu’il quitte sa baraque : « Tu veux être millionnaire ? T’as qu’à vendre ta bite !! »
Effectivement, Ray Drecker a un atout naturel voire surnaturelle : la taille de son sexe surdimensionné ( que pourtant sa femme a délaissé ) !!
Ray allant désormais se prostituer, sous la tutelle de Tara, cette apprentie poète,  pour tenter de se refaire - financièrement et moralement ?

Surfant ainsi, si on peut le dire, sur ces récentes séries abordant cette putain de crise économique mondiale qui a affecté tous les domaines ( artistiques comme industriels, etc, etc ) – « Weeds » et sa mère de famille, veuve dealant pour le bien des siens, ou son pendant masculin « Breaking Bad » fraichement débarqué sur vos écrans avec ce prof ( également ) se lançant dans la conception de stupéfiants pour survivre financièrement – « Hung » nous présente, donc, encore un de ces loosers télévisuels que la vie n’a pas loupé : athlète sportif au palmarès avorté, tel Al Bundy de « Marié, Deux Enfants », père de famille tentant de faire face à son divorce comme cet alcoolique queutard de Hank Moody dans la précédemment cité « Californication », pour nous délivrer ici une dramédie ( très joli néologisme découvert sur la toile pour nommer ce mélange de drame et comédie ) de dix épisodes écrite des quatre mains de maitres de Colette Burson et Dmitry Lipkin.


Formatés sur une trop courte durée de trente minutes, à l’exception du pilot de 45 minutes ( réalisé, au passage, par Alexander Payne, vu sur le segment consacré au XIVème arrondissement parisien dans le film collégial « PARIS, JE T’AIME » ), ces dix épisodes vous plongeront dans la création du commerce charnel entre Ray et sa future maquerelle, la ratée Tara, et de leur relation, tout en abordant à travers ces touches d’humour voir d’ironie les rapports entre les hommes et les femmes. Et réglant son compte à cette crise économique, la série restant ancrée dans cette triste voire dramatique plus que pathétique réalité ( pathos dans laquelle elle ne sombre heureusement pas. Pas encore ? ) sociale – en situant déjà son action dans une des villes les plus appauvries par la crise des Etats-Unis : Détroit et la misère de ces cités de caravanings comme présentées dans le film « 8 MILES » avec Eminem, entre autres.

Campée sur les épaules plus que l’anatomie de son acteur principal, le blond quarantenaire Thomas Jane ( qui fut le Frank Castle de Jonathan Hensleigh après être apparu dans « MAGNOLIA », « THE CROW, LA CITE DES ANGES » ou « BOOGIE NIGHT », une autre histoire de grosse pine surdimensionnée ), n’attendez pas d’apercevoir tant que ça le membre de celui-ci.
Car si HBO se sera fait connaître en abordant crument certaines discussions fortement sexuées comme dans « Sex & the City », osant des sexualités différentes avec l’homosexualité d’un des personnages principaux de « Six Feet Under » ou exhibant le membre déjà exceptionnel de l’un de ses légionnaires dans le lupanar sanglant ( en un seul mot ) de « Rome » ou accumulant les fellations dans « Deadwood », ce ne sera pas ici que Thomas Jane vous dévoilera le propos de la série : la réalisation faisant toujours en sorte de nous cacher son intimité ( peut-être pas si exceptionnelle que ça en fait ), contrairement à un défilé de quelques petites culottes et autres paires de miches qui ne laisseront pas en reste la série « Californication » par exemple. Et ce déséquilibre dans l’équité sexuelle, et d’autant plus de la part de HBO, me déçoit un  peu, comme de ne pas sembler prôner le port du préservatif lors de toutes les relations de notre gigolo – ou alors certaines ellipses scénaristiques et au montage sont vraiment invisibles. Ce relapse télévisuel surtout dans une série abordant la prostitution même consentie ( au-delà de son coté masculin en faisant un pitch provocateur aux souffres scandaleux plus que trash comme pourraient le prétendre certains groupes familiaux et moraux ) n’étant pas pour me plaire dira le moralisateur derrière son clavier.

Mais, « Hung », qui signifie « bien monté », reste une série qui l’est, bien montée, et si bien qu’une seconde saison aurait déjà été commandée – la diffuser à la suite du carton télévisuel « True Blood » ne devant pas y être pour rien.
Ce nouveau modèle hypothétique ou utopique mais surtout charnel d’un self-made rêve américain au sortir du cauchemar économique n’étant pas pour me déplaire, quand au même titre de l’album de David Salsedo « Wine & Pasta » ( chroniqué hier soir ) je m’y suis reconnu. Un peu. Ou presque. A une bonne vingtaine de centimètres près dit le prétentieux…

Au fait, est-ce que je retrouve quelqu'un dans ma chambre ?

Lien vers la fiche IMDB ( en anglais ) de la série