La disparue de Noël

Par Anne Onyme

Anne Perry
10/18
125 pages

Résumé:

Coupable ! Le jugement est tombé sur l'infortunée Isobel Alvie. La veille, Gwendolen Kilmuir, une jeune veuve, s'est suicidée dans la propriété où Omegus Jones recevait quelques invités. De l'avis de tous, l'attitude cruelle d'Isobel envers la jeune femme la rend responsable de cet acte désespéré. Il ne reste guère que son amie, l'indomptable Lady Vespasia, pour la soutenir. Pour racheter sa faute aux yeux de la gentry, Isobel doit accomplir un voyage expiatoire jusqu'au nord de l'Ecosse, afin de prévenir la mère de Gwendolen. En compagnie de Lady Vespasia, elle entreprend un éprouvant pèlerinage, semé d'embûches...

Mon commentaire:

La disparue de Noël raconte le voyage expiatoire d'Isobel Alvie, en vu de se laver de son attitude cruelle aux yeux de la société. Une femme s'est suicidé suite à son comportement et elle est vivement accusée. Puisque la bourgeoisie à laquelle elle appartient n'est pas tendre dans ses jugements, elle est vite comdamnée aux yeux de tous et doit expier. Son voyage ne sera pas de tout repos et la crainte de ce qui l'attend peut être bien pire que le voyage en lui-même.

L'idée d'un "voyage expiatoire" provient de l'un des personnages, s'inspirant lui-même des procès médiévaux. Sa trouvaille afin de permettre à Isobel de retrouver une place dans la société est ingénieuse puisqu'elle lie par leur parole chaque membre du groupe.

Ce court roman met en lumière un aspect précis de la bourgeoisie victorienne: son hypocrisie et son jugement sans concession. On pardonne difficilement. On juge. On blesse du regard et on glace de honte et d'effroi celui qui reçoit maintenant notre mépris. Rien n'est facile pour celui ou celle qui a été mis au ban de la société et qu'on n'accepte plus dans le cercle fermé composé de ses anciennes connaissances.

À tort ou à raison, je ne peux que voir, en lisant ce livre, un lien avec la vie d'Anne Perry qui connût une jeunesse pour le moins... difficile. L'expiation d'un crime n'est jamais aussi présente dans les romans de l'auteur que dans celui-ci. C'est le sujet principal, le but du roman. Quand on sait qu'elle-même a été incarcérée pour un crime, on se demande si la quête expiatoire d'Isobel Alvie n'est pas un peu le chemin de croix de l'auteur. Reprendre le chemin de la société après un acte criminel ne doit pas être chose facile...

Un joli conte de Noël sur l'expiation d'un crime, mais aussi et surtout, sur l'exclusion. Le pouvoir de la société et le regard des gens peut être implacable...

Quelques extraits:

"Le pouvoir de la bonne société est quasi sans limites, ma chère. S'en voir exclu équivaut presque à la mort. Si l'on répand assez de venin contre vous, les invitations se tarissent, les portes se ferment, vous devenez invisible. On vous croise sans vous accorder un regard, et vous vous apercevez que, pour tout ce qui compte, vous n'existez plus." p.33

"L'amour ne se construit pas sur la perfection, mais sur la tolérance, les rêves passés et un avenir commun. S'il doit durer, il faut une grande part d'amitié - rien n'est plus précieux qu'une profonde amitié. C'est le socle sur lequel tout amour doit reposer." p.47

"Celles d'entre nous qui ont laissé libre cours à une de leurs passions ont quelque chose à expier. Les plus à plaindre sont celles pour qui ce n'est pas le cas. Mon père répétait toujours que si on n'a jamais commis d'erreur, c'est sans doute qu'on n'a jamais rien fait du tout." p.106