Les armes nucléaires en Belgique: stop ou encore ?

Publié le 09 décembre 2009 par Scampion

Vu la permanence de zones d’ombre, d’informations parfois incertaines et non vérifiables, mais aussi parce que les informations utilisées reposent uniquement sur des sources ouvertes, les données présentées doivent être interprétées avec précaution. La position actuelle de la Belgique devient d’autant plus délicate que le discours de la dissuasion nucléaire de l’OTAN est en train d’évoluer sous l’influence des États-Unis vers une doctrine de contre-prolifération et de frappe préventive vers des objectifs Sud…

Au Japon, on voit les choses en grand. Quand le “Mainichi Shimbun” (Fondé en 1872 – plus ancien quotidien japonais-> http://www.mainichi.co.jp/) a décidé de se pencher sur les lois belges qui interdisent certaines armes, le quotidien a immédiatement programmé une série d’articles consacrés à ce sujet.

Il est vrai que les positions adoptées par la Belgique dans ce domaine sont innovantes voire inédites.

À titre d’exemple, notre pays est le premier au monde à avoir interdit purement et simplement les armes à uranium appauvri. Après avoir obtenu l’interdiction en Belgique des mines antipersonnel, des bombes à sous-munitions et des armes à uranium appauvri, Philippe Mahoux (Sénateur et Président du groupe Socialiste au Sénat de Belgique) vise maintenant les armes nucléaires.

Il est utile avant toute chose de situer le monde militaire nucléaire tel qu’il est.

Il y aujourd’hui environ 12 000 armes nucléaires sur la planète. Héritage principalement de la guerre froide, Russie et Etats-Unis se partagent plus de 90 % d’entre elles à proportion égale de part et d’autres. A côté de cela il faut présenter des puissances nucléaires disposant de plusieurs centaines de têtes que sont la Chine, la Grande-Bretagne et la France pour terminer par évoquer les puissances dont l’arsenal nucléaire se compterait en dizaines de têtes à savoir Israël, l’Inde le Pakistan. Sachons aussi que si l’Allemagne et l’Angleterre ont récemment réduit le nombre de têtes nucléaires US sur leur territoire, cette réduction ne semble pas être allée au-delà de 15% de la proportion globale des armes en présence sur ces territoires.

Depuis longtemps, le sénateur socialiste est parti en croisade contre les armes “sales”, c’est-à-dire celles qui provoquent des dommages irréparables parmi les civils en marge des conflits armés. http://www.stopnuclearms.org/

Un monde sans armes nucléaires, espoir naïf?

Belgique, un des 5 pays de l’OTAN avec des armes nucléaires américaines

La France et le Royaume-Uni ne sont pas les seules puissances nucléaires en Europe.

Cinq autres pays de l’OTAN (Belgique, Allemagne, Italie, Pays-Bas et Turquie) accueillent depuis 2008 un arsenal nucléaire estimé à 240 bombes B-61 au sein de bases nationales (comme Kleine Brogel en Belgique) ou de bases appartenant aux Etats-Unis.

Officiellement, le gouvernement belge ne confirme ni ne dément la présence de ces armes. S’il la confirmait, il devrait faire face à des citoyens (et électeurs) majoritairement hostiles à l’entreposage des bombes. Et si la Belgique démentait détenir ces armes nucléaires, elle irriterait ses alliés de l’Otan (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord). Ceux-ci participent également au programme nucléaire militaire de l’organisation et, à ce titre, accueillent aussi des armes atomiques sur leur territoire.

Selon la Federation of American Scientists, il y en aurait vingt à Kleine Broge !!!

Les armes nucléaires que l’Otan maintient à Kleine Brogel vont-elles devoir quitter le territoire belge ?

Le débat est relancé à la faveur du dépôt d’une proposition de loi. Si le “Mainichi Shimbun” s’y est intéressé, c’est parce que celui-ci vient de déposer une nouvelle proposition qui a trait, cette fois, aux armes nucléaires. C’est un sujet qui intéresse au plus haut point les Japonais, premier peuple à avoir subi une attaque nucléaire massive lors de la Seconde Guerre mondiale.

On peut y lire que “la Belgique a déjà acquis une place importante dans le milieu du contrôle des armes en tant que premier pays à interdire les bombes à fragmentation et à l’uranium appauvri”. Le “Mainichi Shimbun” semble prédire un bel avenir au texte que Philippe Mahoux déposera à la rentrée.

“La proposition de loi de Mahoux peut avoir une résonance internationale, d’autant que le Président des États-Unis, Barack Obama, poursuit le désarmement et a déclaré son objectif d’un monde sans armes nucléaires”, affirme le journal.

Et de conclure : “Si l’interdiction nucléaire entrait en vigueur en Belgique, il y a de bonnes chances que d’autres pays commencent à avancer dans la même direction”.

Il est rare qu’un quotidien japonais consacre autant de place à une information provenant de notre petit pays. Le “Mainichi Shimbun” tire à plus de 5,5 millions d’exemplaires, alors que le plus gros tirage d’un quotidien en Belgique (”Het Laatste Nieuws”) approche à peine des 400000 unité.

L’interdiction du nucléaire militaire rapprocherait idéologiquement le petit Poucet et le géant puisque, comme le précise le “Mainichi”, le Japon applique de son côté “trois principes non nucléaires, contre la production, la détention et l’accès aux armes nucléaires”. Un nouveau champ de coopération avec le pays du soleil levant ?

“Soit on croit que l’on peut dénucléariser, soit on n’y croit pas; mais si on y croit, il faut avancer”.

Le Premier ministre Taro Aso a promis d’oeuvrer pour un monde sans armes nucléaires.”Je promets que le Japon sera à l’avant-garde de la communauté internationale pour l’abolition des armes nucléaires et la réalisation de la paix éternelle” …

07/08/2009 09:45. A l’occasion du 64e anniversaire du bombardement atomique d’Hiroshima, …

La proposition de loi déposée par Philippe Mahoux prévoit l’interdiction “de la fabrication, de la réparation, de l’exposition, de la vente, du transport et du dépôt sur le territoire belge des systèmes d’armement nucléaire”.

Cette nouvelle proposition risque cependant de provoquer plus de débats que les initiatives précédentes… Le quotidien japonais qui a relayé la proposition de Philippe Mahoux est cependant optimiste. “Si l’interdiction nucléaire entrait en vigueur en Belgique, il y a de bonnes chances que d’autres pays commencent à avancer dans la même direction”. (belga)


« Les armes nucléaires de l’OTAN : fin de partie ou redéploiement ? »

Cet arsenal nucléaire américain en Europe est estimé à 240 bombes B-61 au sein de bases nationales (comme Kleine-Brogel en Belgique) ou de bases appartenant aux Etats-Unis.

L’utilité de ces armes, et donc indirectement d’un possible retrait, est de plus en plus souvent évoquée ces dernières années. Selon le rapport, les 240 bombes restantes ont sans doute définitivement perdu leur rôle militaire au profit d’un rôle politique.

De nombreuses raisons peuvent influer sur le retrait de ses bombes nucléaires, outre les problèmes liés à la sécurité de ces bases comme :

  • l’évolution de l’Alliance atlantique ;
  • la politique de chacun des pays hôtes ;
  • le renouvellement des flottes aériennes à capacité duale ;
  • l’utilité stratégique ;
  • la pression de l’opinion publique soutenue par des organisations pacifistes.

Pour ceux qui ont oublié, le nucléaire, c’est ça !

EXPLOSION D’UNE BOMBE NUCLEAIRE ATOMIQUE KHENCHELA 2009