Jojo l'Encombrant

Publié le 04 décembre 2009 par Yvesd

Pour une fois qu’un socialiste a du coffre, de la voix et une gueule, faut que les dirigeants du PS fassent la fine bouche, tordent le nez et nous la jouent mijaurée, rosière effarouchée, pucelle outragée et compagnie.

C’est ce qu’on peut déduire des démêlées qui, à quelques mois des élections régionales, opposent l’impayable Georges Frêche aux hiérarques de la rue de Solférino.

Faut dire aussi à la décharge de ces derniers que, vu du septième arrondissement parisien, le président sortant de la région Languedoc-Roussillon fait un peu encombrant, genre qui crée des soucis aux services municipaux en charge de la collecte et du recyclage des ordures ménagères.

Car si Martine Aubry passerait bien l’encombrant Jojo à la moulinette du tri électoral sélectif, l’intéressé n’a, semble-t-il, pas l’intention de se laisser évacuer de la voie publique comme un vulgaire clic-clac défoncé.

Même si le sort politique de la région préoccupe moins « Restons Correct ! » que la défense et l’illustration de la (vraie) galette-saucisse, nous ne pouvons pas nous empêcher de trouver à l’affaire un parfum bien d’chez nous, typé cuisine à l’ail, vins de pays et identité nationale comme on l’aime.

Car Georges Frêche, qu’on le veuille ou non, c’est un personnage.

Militant anticolonialiste durant sa jeunesse étudiante, maoïste comme « tout le monde » au cours des années 60, élu socialiste depuis les années 70 grâce aux voix des pieds-noirs nostalgiques de l’Algérie française, il a repris le Languedoc Roussillon à la droite en 2004.

C’est là qu’il a enfin pu donner sa pleine mesure de grand élu de la gôche populiste en augmentant sans retenue les impôts, en traitant les anciens harkis de « sous-hommes » et en s’appesantissant sur la proportion de joueurs de foot noirs dans l’équipe de France.

Evidemment, si augmenter les impôts ne choque personne au PS, bien au contraire, ces déclarations ont été jugées suffisamment inconvenantes pour qu’il soit procédé à son excommunication exclusion.

Pour autant, même exclu du parti, sa popularité demeure apparemment intacte auprès de ses fidèles vassaux régionaux qui se mobilisent sérieux pour lui accorder un second mandat, avec ou sans la bénédiction de Dame Martine et de sa cour parisienne.

S’ils y parviennent, Jojo l’Encombrant pourra sans doute enfin réaliser son grand dessein : rebaptiser SA région « Septimanie », du nom d’un éphémère duché carolingien du neuvième siècle fondé au marges du royaume franc, à la lisière des possessions ibériques du califat de Cordoue, du temps que l’Espagne était sous la domination des arabes omeyyades.

Sa réélection est d’autant moins improbable qu’il bénéficie de la neutralité bienveillante de cette autre grande féodale socialiste qu’est Ségolène Royal laquelle, avec sa bravitude désormais légendaire, a publiquement refusé de s’associer à sa disqualification.

C’est dire si les harkis survivants dans le coin ont des soucis à se faire…

Ceux qui taxent les socialistes français d’archaïsme ont décidément tout faux : ce serait plutôt de féodalisme dont il faudrait parler.