L’ouvrage est paru le 3 décembre aux éditions Desclée de Brouwer. Il montre sans misérabilisme la réalité des mals-logés. “Je ne sais pas si Cantona est un « photographe de grand talent », mais je suis sûr de la valeur fraternelle de son acte photographique” juge sur rue 89 le consultant photo Louis Mesplé .
Les prises de vue se sont étalées sur plusieurs mois pendant lesquels Eric Cantona était accompagné de membres de la fondation. Canto le photographe, qui a lui-même financé les déplacements nécessaires à son reportage, a été le témoin de ce qu’il juge comme des “situations inacceptables” qu’il a tentées de retranscrire dans se photos. “Je voulais pas tomber dans le misérabilisme. Je sais que ces gens sont beaux. Je la vois c’te beauté dans leurs yeux. Ces photos, c’est exactement ce que j’ai voulu faire” a-t-il précisé.
L’intérêt de la démarche n’est pas seulement celui d’un témoignage réussi de a part d’une personne à forte notoriété. C’est aussi ce sentiment de révolte qui gronde en elle. “On est là pour rappeler que tout ça n’est pas naturel. On est dans un pays riche, c’est inacceptable”.”Ca nous crève les yeux à tous (…) C’est ce qui m’inquiète le plus ; on voit déjà, et on s’habitue“.
Intéressante volonté d’un homme qui ne veut pas oublier et qui rappelle dans la préface du livre, l’exode de ses grands parents, réfugiés espagnols à Argelès-sur-mer et leurs conditions de vie marquées par le plus grand dénuement : “Ces périodes difficiles marquent durablement une famille. La nôtre n’a pas oublié“.
Le king Eric a fait sienne la devise de la fondation (On ne lâche rien) dont il est l’un des parrains. Alors que le temps passe la situation du mal-logement ne s’arrange guère en France. A la pointe de ce combat, la Fondation Abbé Pierre dénonce inlassablement les conditions de vie indignes que subissent 1,1 million de personnes en France.
“Etre français, c’est d’abord être révolutionnaire“, estime Eric Cantona qui tout à la fois nous exhorte à réveiller nos vieux démons et se déclare révolté par “tellement de choses tous les jours“.
Notamment, par le débat lancé dernièrement sur l’identité nationale. “Il y a des façons de dire les choses, des façons de faire passer des messages, comme aujourd’hui celui de l’identité nationale, en pleine campagne… Je me dis simplement que tout le monde a compris que c’est un discours d’arriéré pour arriérés” n’a pu s’empêcher de lâcher hier l’indomptable Canto au micro de RMC.
Elle, lui et les autres. Un regard pour la Fondation Abbé Pierre, par Eric Cantona, éd. Desclée de Brouwer, 150 clichés, 28 euros.