la position de la brouette

Publié le 20 décembre 2009 par Pjjp44


"A l’heure où la moitié de la population mondiale habite en ville, le contact avec la nature n’aura jamais été aussi fragile, mais toujours aussi indispensable. Nombreux sont les balcons qui sont aujourd’hui investis jusqu’au moindre centimètre carré et d’où dégringolent fleurs et même parfois légumes...
Mais d’autres citadins vont plus loin… Depuis longtemps déjà, alors que les « ruraux » venaient travailler en ville dans les usines, les jardins familiaux ou « ouvriers » s’installent sur les zones délaissées par l’urbanisation. Spontanés à leurs débuts, ces jardins sont désormais de plus en plus organisés, gérés par des associations, programmés dans l’aménagement des parcs urbains, « pré-aménagés » avec cabanon et clôture… et une longue liste d’attente pour attribuer chaque parcelle !
Ces jardins ouvriers ont redonnés aux classes populaires la possibilité de cultiver une parcelle, plus ou moins loin de leur foyer, mais presque toujours en ville ou à proximité. Aujourd’hui, afin d’allier le manque de place dans certains quartiers, qu’il soit résidentiels ou qu’il soit construits d’immeubles hauts, on profite de l’extension des villes et des grands axes routiers pour implanter ces terrains. En effet ces derniers sont très souvent situés sur des parcelles non construites pour cause de sols inexploitables.
Mais à l’inverse, un nouveau type de jardins est apparu récemment, né d’une volonté de remise en question du développement de l’urbanisation et des pratiques urbaines actuelles : les jardins partagés. Originaires des Etats-Unis le mouvement des « pocket gardens » a fait naître en France une nouvelle génération de jardins.
Plutôt que de cultiver des parcelles individuelles, le jardin partagé se définit comme un espace de proximité à l’initiative des habitants, qui peut s’installer au coin d’une rue sur une parcelle de taille très limitée. Réunis dans une association, ces habitants cultivent ensemble fruits et légumes, mais pas seulement : solidarité, respect de l’autre et de l’environnement, partage, et rencontres sont de mise. Et bien souvent ce sont les enfants qui profitent pleinement d’une expérience en jardinage dans ces jardins. Des parcelles sont ainsi attribuées à telle ou telle école du quartier et les classes sont responsables des plantations et de l’entretien avec leurs enseignants.
Ces jardins ont un rôle social incroyable. Ils sortent de terre grâce à la volonté des habitants d’un quartier de se regrouper en associations pour investir un lieu convivial et évoluant autour de l’amour du jardinage. A la suite de leurs aménagements, bien souvent organisée par une collectivité, un tel jardin est confié à une association par convention pour une durée limitée."  

article paru dans: au jardin.info






jardin et partage
autour de la brouette:


"Qu'est ce que Dieu? une brouette oubliée dans la littérature"  Guy Debord

néobrouettes

LA BROUETTE
"Arrêtée sous le grand orme de vie de soleil et de nuage
C'est le plus beau chant possible
En l'honneur de Dieu essentiel
Par un matin où l'on distingue à peine les ombres
Tant il fait clair, et les arbres géants
Suspendus à la mamelle du ciel mauve
Et la brouette
avec l'esprit naïf du bois naturel
Eclairée par le dessous et le dedans."
Pierre Jean Jouve

"Reléguée sous l’ombre des pins,
Une brouette déglinguée
Qui jadis y fut oubliée
Se morfond loin de son jardin.
Le printemps l’a prise d’assaut :
Feuilles en liesse et en fouillis,
Étonnant embrouillamini
Pour des plantes vivant sans eau !
C’est une explosion de couleurs
Car Avril y a mis le feu :
Roses rouges et lupins bleus,
Et les innombrables fleurs
D’un petit coin de Paradis,
Dans une carriole de bois
Dont le chassis tout de guingois
Se disloque en catimini."   -Vette de Fonclare-
 
 

"Ronde et fessue
Ferme et dodue
Cette artiste au jardin s'éclate,
Se faisant pour nous acrobate
Sur des piquets d'entraînement  
Où elle s'accroche hardiment .
Le soleil lui fait les joues rouges :
A midi, quand plus rien ne bouge,
A l'ardeur des rayons brûlants
Elle s'offre complaisamment
La voici pimpante et candide
Luisant sous la chaleur torride
Telle un cadeau du Paradis
Sous l'œil ébaubi des radis
Jamais rien ne la décourage
Elle brave même l'orage
Et s'enorgueillit des grêlons
Qui lui ont laissé quelques gnons !
Quand une main enfin la cueille
Croyez-vous qu'elle nous en veuille ?
Elle réclame le couteau
Et donne sa chair en cadeau
A notre appétit qui réclame
Et qu'elle satisfait, pauvre âme !
On l'oint d'huile, on la ravigote
Avec de l'ail, de l'échalote
Le sacrifice est accompli
Sans autel, cierges ni surplis ! "
Marcek 

dans : vous avez dit poésie


Un brin d’histoire
C’est suite à l’incendie d’une ferme à Couëron, près de Nantes, que des personnes se rassemblent et créent le Collectif de solidarité ville campagne. Une fois la ferme déblayée, l’envie de faire des choses ensemble est toujours présente. L’idée d’un jardin collectif autogéré est née.
Des bases politiques
Le jardin se veut un espace de lutte contre le capitalisme et pour l’émancipation de toutes et tous.
Nous voulons faire vivre un lieu qui soit une alternative à la société marchande en sortant de la grande distribution, en refusant le gaspillage et la surproduction. Nous voulons un jardin qui respecte l’environnement et la qualité des produits.
Le jardin est, pour nous, un moyen de créer des liens de solidarité concrète entre la ville et la campagne, entre des collectifs et entre individus.
Le jardin est un espace de rencontre ouvert. C’est un lieu convivial où les échanges de savoirs sont un moyen de mutualiser les savoirs-faire des unes et des autres. Ils concernent les cultures, la conservation des récoltes, la connaissance du milieu, la cuisine, le bricolage...
la naissance du jardin
Après avoir chercher un terrain pendant un long moment, le collectif s’installe à Couëron. Il s’agissait de trouver un endroit accessible par les habitants de la ville (sans systématiquement utiliser les véhicules individuels) et proches des lieux de vie des campagnards.
Un copain louait un champ pour démarrer une exploitation de maraîchage biologique. Cet espace étant trop étendu pour lui seul, il proposa d’en laisser un tiers pour le collectif.
C’est ainsi que l’aventure du jardin collectif commençait. Il fallu défricher le champ, construire des cabanes pour abriter les outils...
un espace, des espaces
Au bout de quelques temps, R. décide de cesser son activité maraîchère et intègre le collectif. Le jardin se retrouve donc avec l’ensemble du champ. Les cultures sont diversifiées et des expériences sont menées (permaculture...) puisqu’il y a plus de place.
Un des problèmes que le collectif rencontre, depuis son installation, est l’eau. Nous décidons, alors d’appliquer le principe de propriété d’usage et nous nous servons de l’eau du ruisseau qui coule sur le terrain voisin en friche depuis longtemps. Il s’en suivra bien sur, négociations, conflits...avec les 2 propriétaires.
Le jardin se compose donc d’un champ cultivé, d’une mare et un ruisseau, d’espaces laissés à l’utilisation des oiseaux et autres bêtes, et d’un second champs de cultures.
le fonctionnement
Des réunions sont organisées régulièrement sur place pour discuter de ce qui va être produit et de quelle manière. On y échange aussi des infos sur les luttes en cours, on y débat...on y fait la fête.
Un cahier de liaison permet à chaque personne de savoir ce qui a été fait ou reste à faire et des rendez-vous sont donnés pour travailler ensemble.
Les cultures sont communes à toutes et à tous.ChacunE participe à l’entretien des cultures et récolte ce dont il/elle a besoin. Les semences sont apportées par les participantEs ou acheter collectivement. Les récoltes ne sont pas vendues, elles sont partagées au sein du collectif ou données pour des repas de soutien à des collectifs, dans des luttes...
Des questionnements
Le jardin est pour moi est belle expérience parce qu’elle est une des possibilité de lutter concrètement contre le capitalisme. On sort de la revendication ou de la réaction pour entrer dans le faire soi-même. Pour moi le jardin était un espace où collectivement nous essayions de trouver les moyens de s’alimenter mais aussi où nous nous interrogions sur l’utilisation de la terre, la propriété privée, le productivisme...
Cependant, comme dans beaucoup d’autres espaces de vie collective, cette expérience à ses limites. Nous avons souvent débattu de notre fonctionnement : comment éviter les conflits quand l’engagement et le temps passé dans le jardin est si différent d’une personne à l’autre ? Doit-on viser l’autonomie alimentaire pour toutes les participantes ?...
Nous nous sommes également souvent posé la question des prises de pouvoir au sein du collectif : pouvoir de celui ou celle qui "sait" cultiver la terre, problème des prises de parole en groupe, place des femmes...
je terminerai en reprenant une phrase tirée d’un tract du jardin "Pour l’autonomie de la bonne graine, contre le désherbant capitaliste et ses graines trafiquées..."
Marguerite -le jardin collectif- dans: No Pasaran 




Un jardin collectif de voisinage
jardins ouvriers collectifs et pédagogiques