Conduire

Publié le 21 décembre 2009 par Himalco

Pour ceux qui souhaitent louer une moto, un vélo ou conduire une voiture en ville ou ailleurs, marcher sur un trottoir ou traverser un grand axe… Attention danger, pour l’occidental éduqué avec une circulation réglementée par des codes, par des symboles et par la peur du gendarme.

Le sens "normal" de circulation est à gauche comme en Inde. Je dis bien normal car dans les faits, sur une voie, il n‘y a pas réellement de sens défini. On circule là où il y a une place pour mettre son véhicule. Même les plots de béton qui murent actuellement par endroit un sens de circulation ne sont pas suffisants. Vous ne serez jamais à l’abri d’un accrochage avec quelqu’un venant à contresens (surtout la nuit) même si vous êtes dans "votre" file. Attention piétons, même sur le trottoir ça circule. En cas de bouchon, les motos et vélos y circulent allègrement.

A l’image du pays, la conduite est, pourrait-on dire, "anarchique" (le terme n’est pas exact car conduire est avant tout un acte culturel). Pourtant c’est bien l’impression que le trafic donne à première vue. Dans un pays ayant une culture de caste, la circulation est hiérarchisée et non réglementée. Quiconque se situant en "dessous" dans la hiérarchie circulatoire a très peu d‘importance. Par expérience, quelque soit le lieu où il se trouve (à gauche ou à droite, devant, derrière), c’est l’engin le plus gros, le plus bruyant ou le plus fumant qui aura la priorité. Le klaxon le plus puissant pourvoit bien évidemment à cette priorité. Il faut en abuser abondamment pour rouler. Sa signification locale est : donne-moi la route. Tout le monde voulant passer, la circulation devient symphonique.

Autre fait, le conducteur népalais ne supporte pas (certainement pour les mêmes raisons hiérarchiques) d’être derrière quelqu’un à l’arrêt ou lorsqu’il roule Ne soyez pas surpris, les dépassements ont lieu n’importe où, avec ou sans visibilité, même si vous arrivez en face bien dans "votre" file. A grand renfort de coups de klaxon, ce sera ce bruit et les dieux bienveillants qui lui ouvriront la route. A l’arrêt, s’il y a un espace suffisant pour s’y mettre, ils essaieront coûte que coûte de se placer devant vous.

Ne vous fiez pas au personnel (police du trafic ou bénévoles) qui gère le trafic. La plupart n’ont pas de permis et gèrent le flot de circulation juste au sifflet. Celui-ci ne signifie plus grand-chose mais montre leur présence. Leurs gestes sont assez confus, voire incompréhensibles, en faisant signe de passer à tout le monde en même temps. Chacun s’agitant, j’en ai compté 15 qui assuraient simultanément la circulation à Tripureshwor (carrefour certes important mais juste à 3 voies). Les locaux motorisés forcent souvent le passage malgré les gestes policiers d’interdiction.

Il y a également des feux rouges. Ils sont souvent secondés par un (ou plusieurs) policier du trafic. Les feux routiers fonctionnent normalement avec leur signification mais ne sont pas suffisant pour réguler le passage des engins.

La nuit beaucoup de Népalais circulent sans éclairage (ou plein phare). Il convient donc de ne pas aller vite afin de ne pas être surpris par une ombre mobile venant à contresens. Les feux arrière (surtout des bus et camions) souvent cassés ne pourront pas signaler un freinage. Les clignotants sont très peu utilisés ou ne fonctionnent pas.

En gros et pour conclure. Si vous devez conduire un engin roulant, n’allez pas vite (40/50km/h max. L’état des routes ne le permet de toute manière pas), méfiez vous de tout ce qui bouge (bus, camions, voitures, motos, vélos, piétons, gamins, vaches, chiens,…) ou ne bouge pas (plaque d’égout branlante ou manquante, trou, tranchée,...). En ville, les plus dangereux restent les microbus (payés au rendement), les jeunes à moto (et plus si la copine est derrière), les taxis, les vélos, les piétons et les animaux. En campagne, ce sont les camions, les bus et les animaux d’élevage qui ne feront aucun cas de vous. Pour ne pas se faire surprendre, suivez le flot très calmement, c’est le plus facile. Les policiers du trafic sont indulgents et toute "faute" se discute. Ne vous étonnez pas si un policier vous demande un thé au lait, c’est l’expression courante pour désigner le bakchich…

Après quelques jours de pratique (de panique), ces nouveaux repères de conduite sont acquis.

Dans le prochain post, je parlerai des accidents de circulation.

Bonne route

Le Yeti