Le ton journalistique: petite leçon de formatage

Publié le 21 décembre 2009 par Baptiste_l06

« Le ton journalistique : petite leçon de formatage » est une vidéo de Télérama qui explique très bien la technique de communication employée par les journalistes télé d’aujourd’hui. Une vidéo que je me permet de commenter et compléter et qui vous fera voir le journal télévisé sous un autre angle.


Le ton journalistique : petite leçon de formatage
par telerama

En plus des huit points magnifiquement évoqués dans cette vidéo j’ajouterais quelques précisions.

Un téléspectateur complètement assisté

Aujourd’hui, le téléspectateur est complètement assisté. Le journaliste s’adresse au public comme à des enfants en bas-âge, avec un ton particulièrement infantilisant, régulièrement proche du débilitant. Ceci n’est pas sans rappeler l’extrait du document « Armes silencieuses pour guerres tranquilles« , publié en annexe du livre « Behold a pale horse » de William Cooper, Light Technology Publishing, 1991:

« Si on s’adresse à une personne comme si elle était âgée de 12 ans, alors, en raison de la suggestibilité, elle aura, avec une certaine probabilité, une réponse ou une réaction aussi dénuée de sens critique que celles d’une personne de 12 ans. »

Des journalistes télé qui jouent sur l’émotionnel et la scénarisation

Le journaliste TV d’aujourd’hui fait appel à l’émotionnel en personnalisant les sujets, en procédant comme pour un film à la construction d’un scénario (« ce matin là, … »), ce qui court-circuite l’analyse rationnelle, inhibe la réflexion.

Déstructurer l’information

Les phrases inversées n’aident en rien à la compréhension, ni même à la mémorisation des informations de manière structurée. Nous noterons d’ailleurs que la structuration et la hiérarchisation de l’information est tout à fait discutable puisque nous pouvons aussi bien passer du « sport », au « conflit israélo-palestinien », à « Roger qui tond sa pelouse » pour enfin revenir sur les « élections aux États-Unis ».

Des informations insignifiantes

Nous noterons aussi que la majorité des informations diffusées pourraient être qualifiées « d’insignifiantes » et relèvent plus de la mise en scène, du spectacle ou de la diversion qu’à l’intérêt réel de l’information en elle-même. Le spectateur regarde et écoute bouche bée le torrent d’information que l’on pourrait ainsi qualifier « d’info sans info ». Une fois de plus, ce n’est pas sans rappeler l’extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles« :

« Garder l’attention du public distraite, loin des véritables problèmes sociaux, captivée par des sujets sans importance réelle. Garder le public occupé, occupé, occupé, sans aucun temps pour penser; de retour à la ferme avec les autres animaux ».

Le « floutage » ou l’art du matraquage ?

Dans ce flux d’information, le « floutage » n’est ni plus ni moins qu’un matraquage sur certains mots et thèmes, afin de s’assurer que le récepteur de l’information l’est bien enregistré.

Le JT, un peu comme la Star Ac’ ?

Autrement dit, Télérama brosse le portrait d’un journal télévisé qui a perdu tout son sens, qui est devenu un « commercial » qui ne cherche plus qu’à « vendre sa soupe », faire rêver le téléspectateur ou encore l’abrutir et y semer quelques mots-clés et corrélations tenant bien souvent de l’amalgame. En fin de compte, le travail des journalistes télé rappel étrangement les propos du PDG de TF1, Patrick Le Lay, lorsqu’il parlait de la Star Academy:

« Star Academy entre parfaitement dans l’optique des émissions à vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible. Ce LE étant le cerveau du téléspectateur. »