« Reprenez vos cent écus »

Par Jlhuss

Jean de La Fontaine est un de ces auteurs longtemps victimes de la « purge » soixante-huitarde. Il avait contribué à former la morale laïque de générations d’écoliers de France ; soudain il n’en fut plus question : mis à l’index pour crime de pensée bourgeoise et d’écriture élitiste par un soviet d’instits bêtes à faire rougir rétrospectivement nos « hussards noirs ». Relégué, La Fontaine ! ce miracle de culture, d’humour, de sagesse enracinée. Banni, l’un des orfèvres du vers français, l’un des passeurs de l’humanisme antique ! Sans la mémoire de leurs parents, les enfants des années 70-80 (qu’en est-il aujourd’hui ?) ignoreraient le bestiaire rimé de nos campagnes -héron, renard, belette et petit lapin- pour une leçon de générosité prudente et de lucidité persiffleuse. Quant aux fables sans animaux, celles où se joue directement la tragi-comédie de la vie sociale, elles sont souvent moins connues encore, à l’exception de celle que voici, très fameuse confrontation du petit peuple et de la haute bourgeoisie dans un Paris de la « mixité sociale » et  d’avant la  « lutte des classes ».

Le Savetier et le Financier

Jean de La Fontaine, Fables, VIII  (1678)

Arion