Anthologie permanente : Antoine Emaz

Par Florence Trocmé

Les surprises de l'édition nous donnent en fin d'année deux livres d'Antoine Emaz, Jours / Tage (éditions En Forêt / Verlag Im Wald) et Plaie (éditions Tarabuste), dont Poezibao rendra compte prochainement.
une berceuse vient
à bouche fermée
peut-être summertime
pour l'endormir
se perde la mémoire
qu'elle se délave dans le temps
s'efface sans que se lèvent
d'autres figures
que l'on en reste là
tête vide face au samedi
et ce bruit de rien sous les mots
crevés comme des pneus
une manière d'être avec
la mort sans honte ni peur
là on n'y peut plus rien
tel un vieux chien malade
alors peut-être ce qui va au mieux
ce sont les mots réduits au bruit
au souffle frotté de miles ou chet
dans la trompette sourde
et on peut continuer longtemps
en boucle même plus de la musique
juste une plainte un grognement
assez long et bas ça geint humain
et rien de plus que rien
dans le silence laissé par l'image
le sifflement résiduel de l'air
dans la tête chambre vide
se taire sans doute se taire au moins
baisser le ton assourdir encore
une longue note tenue
à n'en plus finir
on
Antoine Emaz, Jours / Tage, éditions En Forêt / Verlag Im Wald, traduction en allemand Anne-Sophie Petit et Rüdiger Fischer, 2009, p. 17 et 19.
(version allemande de ce poème en cliquant, en bas de la note, sur lire la suite de…..)
•••
VII
ne pas faire d'histoire
avec ça
qui casse le temps
avant après
refaire futur
pas comme prévu
déraillé
mais futur
repousser dans les marges
c'est le travail lent ces jours
dégager l'œil
débiter le bloc déblayer
user le tout
pour l'ombre de la masse
on verra bien après
si après
vraiment
on sera sans doute forcé de garder
l'ombre
Antoine Emaz, Plaie, éditions Tarabuste, 2009, p. 61.
Contribution de Tristan Hordé

Antoine Emaz dans Poezibao :
bio-bibliographie, extrait 1, extrait 2,extrait 3, extrait 4, fiche lecture de os, extrait 5, recension de De l’air, Nu(e) n° 3, recension (T. Hordé), extrait 5, extrait 6, notes sur la poésie, 1, extrait 7, débat sur la revue de création (Salon de la revue 2007)
, entretien avec Tristan Hordé, mars 2007 : 1, 2 et 3, fichier intégral pdf, notes sur la poésie, 2, Peau(par V. Rouzeau), extrait 8, Peau (parution), « une écriture du "presque"...( par B. Bonhomme), Actes du colloque Antoine Emaz, in notes sur la poésie, notes sur la poésie, Cambouis (par T. Hordé), note sur la poésie, Lichen, encore (par T. Hordé)
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Ein Wiegenlied kommt
bei geschlossenem Mund
vielleicht Summertime
um sie einzulullen
die Erinnerung soll verlorengehen
in der Zeit verwaschen
ausgelöscht ohne daß
andre Gestalten auftauchen
damit soll es genug sein
mit leerem Kopf vor dem Samstag
und diesem nichtigen Geräusch unter den
wie Reifen geplatzten Wörtern
eine Art und Weise mit dem Tod
ohne Scham und Angst zu sein
wo man nichts mehr tun kann
wie ein kranker alter Hund
was dann vielleicht am besten geht
sind die Geräusch gewordenen Wörter
der rauhe Atem von Miles oder Chet
in der gedämpften Trompete
und man kann lange so weitermachen
in einer Schleife nicht einmal mehr Musik
nur eine Klage ein Knurren
das stöhnt lang und tief wie ein Mensch
und nichts mehr als nichts
in der vom Bild hinterlassenen Stille
zurückgebliebenes Pfeifen in der Luft
im Kopf leeres Zimmer
schweigen gewiß zumindest schweigen
den Ton leiser stellen noch gedämpfter
eine Note
unendlich lang gehalten
man