Touhami Moualek : La France malade

Publié le 08 décembre 2009 par Mtouhami

Opposer les Français, ça marche !

Long live the Republic of Ireland

 

The Corrs


Souvenez-vous, chers compatriotes, c’était dans les années 80, du temps de SOS racisme. Il fallait arriver à canaliser les voix d’une jeunesse, notamment noire et maghrébine, en pleine ébullition et la transformer en une véritable usine de retraitement électoral capable de pomper des voix 7 jours sur 7 (Sept sur Sept : bonjour Mme Anne Sinclair) et 24 heures sur 24. Comment réussir à rassembler, à fédérer tous ces jeunes beurs ballottés entre intégration et désintégration ? La potion magique fut concoctée par les professeurs apprentis sorciers de l’époque : Bernard-Henri Lévy, Julien Dray, Malek Boutih, Harlem Désir et consorts, et consistait à désigner un ennemi commun à tous ces jeunes fatigués, essoufflés (la marche des beurs) de courir après une citoyenneté lointaine parce que sciemment confisquée par les pouvoirs politiques successifs. Les apôtres de SOS racisme, dont le maître à penser était un certain François Mitterrand, ne proposèrent jamais de se battre aux côtés de ces jeunes, en mal d’identité, en vue d’une reconnaissance de ces derniers par la République. Non, ils leur offrirent donc une cible désignée comme leur étant antagonique, identifiée par une personne morale, juridiquement le FN (Front National) ; un FN, il est vrai, à l’époque, remonté à bloc contre les immigrés et les étrangers en général. Et le résultat des courses fut, quelques décennies plus tard, de voir ces mêmes « jeunes », devenus mâtures, non seulement voter en grande partie pour le FN, mais en plus inciter les jeunes générations à les imiter. Renversant ! La première carence de la classe politique française, et des prétendus intellectuels qui les conseillent, est un manque patent en matière de vision à long terme. La classe politique française, sur ces sujets de l’immigration, est sur une régression intellectuelle fulgurante et continuelle. La seconde faute de cette classe politique est caractérisée par une suffisance, une outrecuidance aveuglante, les rendant incapables d’envisager une seule seconde la possibilité de voir ces jeunes s’organiser, s’engager eux-mêmes dans la politique, se prendre en charge et ainsi revenir sur le devant, non pas en tant que victime mais bien en tant que citoyen devenu citoyen par sa propre volonté. La citoyenneté ne se donne pas, elle se prend.  

Perdus et désemparés, Messieurs Nicolas Sarkozy et Eric Besson en sont réduits à organiser des débats sur la place publique sur ce qu’est être Français aujourd’hui. Le fameux  faux débat sur l’identité nationale. Une insulte à l’Histoire de France et particulièrement à la Révolution française. L’identité nationale est un vieux thème sociologique des années 80, récupéré par Nicolas Sarkozy en vue de monter les différentes composantes de la population française les unes contre les autres. A croire qu’il ne sait plus trop lui-même où il va, qu’il doute, qu’il se cherche, noyé au milieu d’une foule diverse et variée et grossissant davantage à chaque heure, chaque minute passant. « Sommes-nous Français, sommes-nous en voie d’être de nouveaux Français, sommes-nous déjà devenus des Français mondialisés, européanisés, globalisés ? » semble se demander notre Président. Quel décalage ! Les petites gens, en effet, ne se posent plus ces questions. Les basses manœuvres et les magouilles politiciennes, ils connaissent. Ils savent que derrière ce questionnement de l’identité nationale se cache une terrible allégation, un scénario fantasmé et programmé, tel un remake de SOS racisme, une effrayante machination machiavélique explosive. Oui, Mesdames et Messieurs, derrière ce débat sur l’identité nationale, Nicolas Sarkozy et Eric Besson nous renvoient à une radicale affirmation subliminale : « Nous allons vers une islamisation de la France ! » Un nouvel appel à la guerre sainte, à de nouvelles croisades. Nous sommes à quelques mois des élections régionales. Ceci explique cela. Cette politique de la peur ne devient-elle pas disproportionnée par rapport aux enjeux politiques ? N’a-t-on pas franchi un nouveau pas vers une explosion sociale ? Nicolas Sarkozy a souvent joué avec le feu, évitant de justesse un embrasement. Mais là…

Mais on peut faire confiance à nos politiques. Ils sont si doués que d’ici quelque temps les Français en arriveront à vanter les mérites de l’islam et ses enseignements, à l’instar de ces jeunes auxquels on promettait d’être mangés par les loups du FN s’ils n’y prenaient garde en rejoignant leurs sauveurs de gauche, alors que ce sont en réalité les éléphants du PS qui les ont écrasés, piétinés par la suite. Aujourd’hui les musulmans sont maudits, méprisés, haïs. Qui sait, demain ils seront peut-être appelés à sauver une France malade, malade d’elle-même.

Cramponnons-nous à notre socle commun : le pacte républicain. Respectons les lois de notre pays et n’allons pas sur le terrain des débats de religion. Nous sommes dans un Etat laïc. La religion doit être cantonnée, par chacun d’entre nous, dans la sphère privée. Evitons le piège des guerres de religion.

Touhami Moualek

Auteur de : La Déchirure - Algérie de mon père,  France de mon enfance

Editeur : EDILIVRE.COM (disponible : alapage.com et les sites Internet de vente en ligne )