Tweets dans le désert

Publié le 26 décembre 2009 par Doespirito @Doespirito
La dinde et le foie gras ont fait des ravages terribles, cette année. La perspective de l'orgie festive, de la déferlante des classements, rétrospectives et autres bêtisiers, sans parler des vœux et des «Joyeuses fêtes» serinés à qui mieux mieux, tout cela a décimé les rangs sur Internet. Mine de rien, il y a beaucoup de petites natures en ligne, on dirait. Ça sentait la grosse fatigue, mais aussi l'incapacité à décrocher. Je ne veux dénoncer personne, car je suis honorablement connu sur Twitter et Facebook, mais je ne compte pas le nombre de gens qui ont posté des messages du style «Bon, je vais bientôt couper mon accès internet pour cause de départ en vacances...». Puis quelques heures après «Je ne vais pas tarder à couper internet...». Et puis encore plus tard «Ça y est, j'éteins, à bientôt ». Et au final, un petit message pour nous dire qu'ils étaient bien arrivés, que le réseau portait à peine, mais bon, ils allaient quand même essayer de tweeter entre le sapin et la bûche.
Sans susciter plus de réaction que ça. De deux choses l'une, soit tout le monde s'en foutait, soit il n'y avait personne pour leur répondre. Je pense que les deux explications se valaient. Les promesses de se couper du réseau, personne ne les croit. Et puis il n'y avait vraiment que trois pelés et un tondu en ligne pendant les fêtes de fin d'année. N'empêche, il y en a certains qui ont dû se sentir bien seuls.
Quelques perles ont néanmoins surnagé dans ce désert (il faut que j'arrête de me lancer dans des périphrases dont je n'ai pas les moyens...). C'est sur Twitter que je les ai dénichées, comme cette fine observation, tout à fait de saison, servie quelques jours avant Noël, annonciatrice de répliques et de retweets à l'infini :
Ls01 : "Le Christ a fondé une religion avec 12 followers, dont un qu'il aurait mieux fait de bloquer."
Pour saisir tout le sel de cette déclaration, surtout quand on n'est jamais allé sur Twitter, il faut savoir que les followers correspondent aux gens qui vous suivent. Un peu comme les amis Facebook, sauf que ce n'est pas forcément réciproque. D'ailleurs, le Jésus en question, il avait bien 12 disciples collés aux basques, mais lui, il ne suivait personne. Sauf peut-être Dieu et le Saint-Esprit, et encore. Vous imaginez le tweet, au moment des miracles ?
Jesus-Christ : Yeees, j'ai multiplié les pains ! Mais pas de pot, portable déchargé, j'ai pas pu prendre de photo. Je sens qu'on ne va pas me croire.
D'habitude, le réseau se comporte comme une sorte de wikipédia de l'humour. Dès qu'un sujet est lancé par quelqu'un, ça fait phosphorer d'autres, qui essaient de compléter, voire d'améliorer la première vanne en y mettant leur grain de sel. C'était pourtant facile, Noël, comme sujet. Eh bien là, curieusement, j'ai cherché longtemps, avant de tomber sur un certain John C, de Montpellier, qui a décroché le Hotte d'Or de l'humour sur le jour de Noël :
Jchavarria : Sur Facebook, il devrait y avoir : "Anniversaire de Jésus : aujourd'hui".

Et les autres ? Ils dormaient ? Ils cuvaient ? Ils remettaient le couvert, dans tous les sens du terme ? En tout cas, même dans les médias, ça sentait déjà le chapon réchauffé pour déjeuner de lendemain de Noël. Je n'ai vu qu'une petite poussée de fièvre, faiblarde, poussive. Tout le monde s'est mollement indigné ou extasié devant Anne Hidalgo, qui a posté sur Twitter une photo de Valérie Pécresse en train de piquer un petit roupillon, comme feu Raymond Barre à l'assemblée. Ouais bof... Honnêtement, c'était limite inintéressant. D'autant que quelques jours plus tard, cette boute-en-train d'Anne Hidalgo postait une photo nettement moins hilarante, qui m'a fait étouffer un bâillement bien mérité:
Anne_Hidalgo
: http://twitpic.com/uuq5n - Je viens de remettre la Medaille Gd Vermeil de la Ville de Paris avec Alain Destrem, Psdt du Theatre des Champs-E
Quel métier... Elle en a même oublié qu'il faut rester en dessous de 140 caractères. Du coup, une partie de son message est coupé.

Heureusement, dans le genre instantané, il y avait les scoops de Miss Inzecity, comme quand elle met direct la honte aux malpolis qui se curent le nez en croyant qu'on ne les voit pas, non mais des fois :
INZECITY : Tu veux mon doigt ? #metro
Grâce à elle, on n'oubliait pas que, même quand on se sent seul dans une rame de métro, on est entouré de malotrus. Le retour au monde réel (IRL) était rude... Finis la magie du sapin odorant, les traîneaux, les pères Noël rondouillards et les cadeaux enrubannés. Revoilà Paris, ses ruelles sombres et ses clodos pétomanes :
IOUDGINE : le clochard qui squatte ma rue vient de me crier qu'il ne me ferait jamais l'amour. puis il a vomi. puis il a dit suce moi. Dc c'est confus.