Critiques en Vrac 18: Paranormal Activity – Harry Brown – The Descent 2 – The Hills run Red

Par Geouf

Paranormal Activity

USA, 2009
Réalisation: Oren Peli
Scénario : Oren Peli
Avec: Katie Featherson, Micah Sloat, Mark Fredrichs, Ashley Palmer, Amber Armstrong

Résumé: Un jeune couple californien aux prises avec de mystérieux événements au sein de leur maison décide d’installer une caméra pour tenter de comprendre ce qui leur arrive.

« Le film le plus terrifiant de la décennie », « Même Spielberg a eu peur en le regardant », les superlatifs ne manquent pas pour qualifier le premier film d’Oren Peli, succès surprise aux Etats-Unis, réalisé avec trois bouts de ficelle. Les critiques louent l’économie de moyen, le public est soit terrifié, soit agacé par un film qui ressemble à une longue vidéo de youtube. Bref les réactions sont extrêmes et passionnées. Mais au final, on semble oublier ce qu’est Paranormal Activity : un petit film sans prétention aucune si ce n’est d’effrayer son public.

Le problème, c’est qu’il ne parvient jamais à remplir cette unique fonction, par paresse intellectuelle et manque de professionnalisme. Car c’est bien gentil de se réclamer de la vague de cinéma horrifique préférant jouer sur la suggestion plutôt que les effets chocs, mais encore faut-il assumer. Car au final, Paranormal Activity fait tout le contraire de ce qu’annonce son réalisateur. Il ne joue jamais sur la suggestion, puisque tout ce qui arrive au couple est montré à l’écran. Poser une caméra dans une chambre et « montrer » une entité invisible qui fait boum boum dans les escaliers ou qui tire des draps, ce n’est pas jouer sur la suggestion, c’est juste filmer directement un truc qui ne se voit pas… Blair Witch, auquel ce film est souvent comparé, arrivait lui à jouer sur la suggestion, puisque jusqu’à la dernière seconde on ne savait pas si les personnages hallucinaient ou s’il y avait effectivement une sorcière. Du coup, on s’emmerde, en attendant qu’il se passe effectivement quelque chose d’autre que les facéties d’un démon assez flemmard, et en rigolant doucement devant la 5e scène dans laquelle un gros lourdaud fait du bruit dans l’escalier ou s’amuse à faire bouger le lustre du salon.

Et puis même si on peut pardonner beaucoup de choses à un petit budget, il reste tout de même difficile de ne pas se sentir pris pour un idiot lorsque le réalisateur n’est pas capable de filmer une scène de dialogue en une seule prise. On ne compte pas les raccords maladroits en plein milieu d’une réplique (la scène du voyant est à cet égard édifiante) qui ruinent immédiatement la tentative du réalisateur de nous faire croire qu’il s’agit de vraies images filmées par le couple. Et puis enfin, pour effrayer son public, il convient aussi de créer des personnages crédibles et pas un crétin qui malgré ce qu’il a sous les yeux refuse d’admettre l’évidence, et une grognasse qui passe son temps à chougner en réclamant d’appeler un exorciste sans en prendre l’initiative.

Mal écrit, mal foutu, chiant comme la mort, Paranormal Activity est un pétard mouillé de plus, un film porté par un buzz incompréhensible qu’il était loin de mériter.

Note : 2/10


Harry Brown

Royaume-Uni, 2009
Réalisation: Daniel Barber
Scénario : Gary Young
Avec: Michael Caine, Emily Mortimer, Jack O’Connell

Résumé: Récemment veuf, le vieux Harry Brown (Michael Caine) n’a plus que son meilleur ami sur qui compter. Mais un jour, celui-ci est assassiné par une bande de jeune de la cité dans laquelle Harry habite. L’ancien Royal Marine décide alors de reprendre du service pour venger son ami.

Le film de vigilante semble reprendre du poil de la bête depuis quelques années. Après les excellents Man on Fire et Death Sentence il y a quelques années, ou le sympathique Law Abiding Citizen il y a quelques semaines (bien que celui-ci ne soit pas un vrai film de vigilante), c’est au tour d’un autre « casseur de voyous » de faire son apparition sur les écrans, Harry Brown. Sa particularité ? Son âge. Car Harry Brown n’est pas de la première jeunesse, loin de là. Et c’est là tout ce qui fait le sel de ce premier film plutôt bien fichu, bien qu’assez peu original. Le schéma est classique (le héros prend les armes parce que son meilleur ami s’est fait assassiner et que la police est impuissante à arrêter les coupables) mais rendu attractif par l’âge avancé de son anti héros. Harry Brown, bien qu’étant un ancien Royal Marine, n’en reste pas moins un vieil homme sédentaire loin de pouvoir assumer cette vendetta sans conséquences.  A vrai dire, la plupart des exécutions effectuées par le bonhomme relèvent plus du coup de chance que d’autre chose, et le personnage principal ne se transforme pas en Punisher du jour au lendemain. On pense d’ailleurs souvent à l’excellent Créance de Sang de Clint Eastwood, qui lui aussi proposait un héros âgé et sujet à de sérieux problèmes de santé. Le film est plutôt efficace et assure correctement le spectacle malgré son rythme lent.

Le toujours impeccable Michael Caine prête son charisme et sa classe légendaire à ce personnage vieillissant auquel on a enlevé ses dernières raisons de vivre. Dire qu’il porte le film sur ses épaules est un euphémisme, tant sans sa prestation le tout paraîtrait un peu trop fade, la faute à un développement des personnages parfois assez limite. La bande de jeunes à laquelle s’oppose le héros, par exemple, ne dépasse jamais le statut de petites frappes agressives. Idem pour l’enquêtrice interprétée par la mimi Emily Mortimer, carrément sous-exploitée. Le film propose tout de même une petite réflexion sur l’état de délabrement des logements sociaux en Angleterre, où les jeunes sont livrés à eux-mêmes, ainsi que sur la génération youtube s’amusant à filmer tout et n’importe quoi, au risque de s’incriminer eux-même (Harry retrouve la trace des voyous parce qu’ils ont filmé sur leur portable le meurtre de son ami).

Au final, si on est loin de la première œuvre géniale, Harry Brown vaut tout de même le coup d’œil, ne serait-ce que pour le plaisir de retrouver Michael Caine dans un premier rôle.

Note : 6.5/10


The Descent Part 2

USA / Royaume-Uni, 2009
Réalisation: Jon Harris
Scénario: J. Blakeson, James McCarthy, James Watkins
Avec: Shauna MacDonald, Natalie Jackson Mendoza, Krysten Cummings, Gavan O’Herlihy

Résumé: Après s’être échappée de la grotte dans laquelle ses amies se sont faites massacrées, Sarah (Shauna MacDonald) est recueillie par un automobiliste qui la conduit à l’hôpital. Le shérif qui dirige les recherches décide de la forcer à retourner dans les grottes pour tenter de trouver d’autres survivantes.

Vu le succès du film de Neil Marshall, il était évident qu’une suite ne tarderait pas à voir le jour. Et vu que Marshall est allée voir ailleurs et pondre le très moyen Doomsday, c’est au monteur du premier film que revient l’insigne honneur de mettre en boîte cette séquelle pas du tout attendue. Le problème étant que dans le premier film, aucun membre du casting n’avait survécu. Pas de problème nous disent ces roublards de scénaristes (dont fait partie James Watkins, réalisateur de l’excellent The Children), il suffit de se baser sur la fin américaine du film, où l’héroïne survit ! Et puis vu que c’est les amerloques qui filent le pognon, c’est normal de leur faire plaisir, quitte à déboussoler le public européen… Une entorse à la logique qui pourrait presque se pardonner si The Descent 2 était un bon film… Mais voilà, malheureusement c’est loin d’être le cas.

Car The Descent 2 est un film qui se fout carrément de la gueule du spectateur. Outre la résurrection miracle de l’héroïne (et d’un autre personnage du premier film un peu plus tard), cette suite aligne les incohérences et autres comportement aberrants des personnages comme autant de perles. Du genre « tiens, et si on allait dans les grottes par une entrée que de toute évidence personne n’a empruntée depuis des lustres », ou encore « et si au lieu de suivre la fille qui a réussi à sortir de là on suivait celle qui est restée coincée pendant deux jours ». En clair, une totale opposition avec le film de Marshall qui justement prenait soin de dépeindre des personnages réalistes. Et c’est le même topo pour l’ambiance générale du long métrage. Là où Marshall jouait sur la claustrophobie du spectateur et prenait son temps avant de dévoiler ses créatures, Harris laisse tomber la finesse et plonge dans le bourrin, certainement pour se la jouer Aliens, le Retour (avec lequel il partage l’idée du groupe entraîné qui part explorer avec une des survivantes du premier film), mais en se retrouvant plutôt au niveau de La Colline a des Yeux 2 (la suite du remake). On a donc droit à plein de crawlers, plein de gore craspec (à ça, pour nous montrer des gorges arrachées, il est très doué) et quelques scènes totalement « autres », comme celle du über crawler et surtout la fameuse scène dite « du caca », summum de n’importe quoi sur pellicule.

En clair, c’est très con, ça fatigue vite, et ça énerve le spectateur qui ne demandait qu’un bon petit film de trouille. Et vu l’épilogue du film, c’est malheureusement pas près de s’arrêter…

Note : 3/10


The Hills run Red

USA, 2009, DTV
Réalisation: Dave Parker
Scénario: John Dombrow
Avec: Sophie Monk, Tad Hilgenbrink, William Sadler

Résumé: Un jeune étudiant en cinéma obsédé par un réalisateur de films d’horreur underground décide de se lancer sur les traces du dernier film réalisé par celui-ci, The Hills run Red. Ce slasher a en effet disparu de la circulation après avoir scandalisé et choqué les quelques personnes ayant pu le voir. Cette quête va emmener le jeune homme et ses amis bien plus loin dans l’horreur qu’il ne l’aurait imaginé…

Réalisateur en 2000 du remarqué Les Morts haïssent les Vivants, Dave Parker avait disparu de la circulation après avoir mis en boîte en 2002 la suite du nullissime Boogeyman. Le voilà cependant qui fait son grand retour avec un sympathique slasher clairement sous influence carpenterienne. Difficile en effet de ne pas voir l’ombre de Big John planer sur ce petit film qui reprend le pitch de l’excellent épisode de Masters of Horror La Fin absolue du Monde. Emprunt auquel s’ajouteront divers clins d’œil, dont notamment un final décalqué de celui de L’Antre de la Folie. Une déférence un peu envahissante, mais qui ne nuit pas au plaisir pris devant un film qui tord tout de même le cou à un certain nombre de clichés.

A commencer par la personnalité du psychokiller vedette, Babyface, qui malgré son physique à la Jason est très loin du gros balourd auquel ce genre de production nous a habitué. Babyface est en effet capable de tendre des pièges, d’utiliser des armes à feu quand besoin est au lieu des traditionnelles armes blanches, il joue avec ses victimes et ne se contente pas de les suivre pour les massacrer de façon bourrine. Le même soin est apporté aux héros du film, qui, même s’ils sont loin d’être suffisamment développé pour devenir attachants, ont au moins un peu de plomb dans la cervelle. Ils pensent à emmener des armes et des téléphones (même si au final cela ne les sauve pas), et évitent de se faire prendre trop bêtement (voir la scène où une des filles se cache dans un fut rempli de sang au lieu de se planquer sous le tas de vêtements évident). L’interprétation des acteurs est correcte, même si William Sadler remporte définitivement le morceau en réalisateur allumé qui tourne un snuff movie depuis 20 ans.

Côté gore, l’amateur ne sera pas déçu non plus, puisque le film se révèle très graphique et propose des mises à mort originales (mention spéciale à « l’écartèlement aux arbres »), sans non plus tomber dans la débauche gratuite (la plupart des mises à morts se produisent dans le dernier tiers du métrage.

Bref, s’il ne marquera pas le cinéma d’une marque indélébile, The Hills run Red est toutefois un bon DTV, largement au-dessus du lot, et devrait contenter les fans de slashers.

Note : 6/10


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