Le syndrome Toesca, version long format

Publié le 20 décembre 2009 par Dalecooper


Si après tous ces tourments existentiels qui te taraudent, The Horrors ou The XX ?, ces choix esthétiques impossibles à faire, Animal Collective ou Grizzly Bear ?, ces contradictions qui te minent, Fuck Buttons ou Fuck Buttons ?, il te reste encore un peu de temps d'écoute disponible, voici 10 albums sur lesquels High Maintenance ne s'est pas posé de questions en 2009.
1) Major Lazer - Guns Don’t Kill People, Lazers Do (Downtown)
Un vibrant plaidoyer en faveur de la culture jamaïcaine en mode bipolaire puisque l’album est construit selon une structure qui autorise l’alternance de tracks totalement barrés et de morceaux qui rendent un hommage très respectueux aux glorieuses heures du reggae. D’où un ensemble qui paye son tribut à Jah tout en transcendant les codes musicaux de l’île à ganja. Malgré quelques faiblesses (on a du mal avec l’essai trancehall vocalisé par Nina Sky et la collaboration avec les Crookers est dispensable), le résultat est la chose la plus inventive et jouissive entendue cette année.

2) King Midas Sound - Waiting For You (Hyperdub)
Du lovers rock détrempé par le crachin londonien. La voix ambigüe de Roger Robinson, à la fois coulante comme du miel espérant des jours meilleurs et rendue plaintive par la perte, des illusions ou de l’amour, est chargée d’une densité émotionnelle qui secoue les tripes comme rarement cette année. Seul l’accompagnement vocal féminin tire parfois l’ensemble vers le mauvais côté du trip hop. Mais quand on pinaille à ce point, c’est que l’on se trouve face à un grand disque, sorte de pendant introspectif du Major Lazer.

3) Hudson Mohawke - Butter (Warp)
Là où beaucoup opèrent dans le champ de l’abstract hip hop, Hudson Mohawke invente son genre à lui, l’abstract R’n’B. Résultat ? C’est mieux que le dernier Rihanna puisque on évite les jérémiades pénibles gravitant autour des conséquences traumatriques de la violence conjugale. Plus sérieusement, on préfère la maladresse touchante de certains morceaux à nombre de machines musicales bien huilées qui nous ont mortellement ennuyées cette année.

4) VA - Dubstep Allstars Volume 7 (Tempa)
Niveau singles, le label dubstep pionnier Tempa s’est ménagé cette année en termes qualitatifs (mention spéciale tout de même à Data) mais se rattrape avec cette gargantuesque paire de mix qui reflète le fossé qui s’est creusé au sein de la scène. Le premier cd confié à Chief joue la carte du canal historique quand le second mitonné par Ramadanman promeut à la fois le rapprochement avec l’axe Detroit-Berlin et le post-dubstep dans toutes ses composantes. Résultat ? Que du bon.

5) Vitalic - Flashmob (Citizen)
Un quasi-vétéran techno redécouvre la discographie complète de Giorgio Moroder et sa pilosité légendaire pour foutre la honte à tous les imberbes de la French Touch 2.0. On imagine ces derniers prêts à se laisser pousser grave la moustache pour pondre un truc aussi définitif que One Above One. Parce qu’il a compris que la sueur était la même dans l’entrepôt et sous la boule à facette, Vitalic opère la parfaite synthèse entre radicalité et accessibilité. Seul regret : on l’a raté lors de son passage au Bikini.

6) VA - 5 Years Of Hyperdub (Hyperdub)
Même si on n’adhère pas à tous les inédits rassemblés sur le premier cd, notamment ceux inspirés 8-bit, l’ensemble condense toute la créativité du label en une trentaine de morceaux qui sont autant d’interprétations possibles du dubstep. Hyperdub, on le répète, est loin devant tout le monde.

7) Calibre - Shelf Life Volume 2 (Signature)
Après plusieurs années consécutives de créativité retrouvée, la drum’n’bass semble avoir quelque peu marqué le pas en 2009, certains acteurs clés (Dj Zinc, Adam F, Redlight aka Dj Clipz, ou Breakage) s’en détournant même pour plonger dans le grand chaudron crack house/ghetto bass ou dubstep. Pourtant de très bons albums ont vu le jour ces derniers mois, ceux de Lynx & Kemo (The Raw Truth, Laurent Garnier est fan paraît-il), d’Alix Perez (1984, Laurent Garnier est fan paraît-il) ou de Logistics (Crash Bang Wallop !, on ne sait pas ce qu'en pense Laurent Garnier). Néanmoins si l’on devait n’en garder qu’un seul, ce serait une nouvelle fois l’opus de Calibre qui excelle à marier influences Detroit/Chicago, soul et reggae, coagulées par la magie des breakbeats.

8) Martyn - Great Lenghts (3024)
L’album de Martyn a sonorisé l’existence de nombre de nos amis cette année. En bon fan de ces précédents singles, on en attendait beaucoup, trop peut-être. Musicalement inscrite dans la seule filiation Detroit, l’oeuvre nous semble parfois tourner à vide, notamment dans sa première moitié, mais contient ailleurs suffisamment de substance pour surpasser les albums de 2562, Silkie, Peverelist ou Shackleton, qu’on aime beaucoup aussi, chacuns dans leur style.

9) Matias Aguayo - Ay Ay Ay (Kompakt)
Contrairement à Dale, qui touche sa bille en minimale, on a découvert le fantasque Matias Aguayo sur le tard en 2008. Or force est de constater à l’écoute de son dernier long format qu’il est l’un des rares, avec Dj Koze, à avoir fait voler en éclats le carcan vermoulu de la minimal techno en y insuflant un éclectisme pop et world proche dans l’esprit de la ghetto bass (insultes en comments svp).

10) Dam Funk - Toeachizown (Stones Throw)
Finalement pas si éloigné d’Hudson Mohawke, en plus afrofuturiste quand même, le nouveau mètre-étalon de l’écurie Stones Throw puise dans le meilleur du funk à gros synthés qui dégoulinent (de George Clinton à Shalamar en passant par Cameo) pour en délivrer une version épurée qui n’est pas sans évoquer un side project déviant de Snoop pour lequel ce dernier aurait oublié d’enregistrer les voix, blunt pas terminé oblige.