Pas grand-chose. À travers une cinquantaine de saynètes, Nicolas nous tire le portrait d'un bonhomme qui pourrait être lui, mais doit sûrement s'en détacher à certains égards. En tout cas, son type vit un accouchement, une rupture toute douce d'avec sa femme, plusieurs maîtresses entre temps, pas mal de cocaïne, parce que ça le fait, une cure de désintox et un retour à la réalité assez âpre.
J'ignore à peu près tout de la vie personnelle de Nicolas Rey. Lecteur naïf, je tendrai à croire qu'il m'expédie là ses petites misères, dans une autobiographie avec des relents sulfureux, qui ne cassent pourtant pas des briques. Candide, je croirais même volontiers que Nicolas Rey a vécu une certaine misère émotionnelle, puisant dans d'artificiels paradis de quoi fuir son existence et faisant son possible pour se créer un personnage bien ancré dans son monde moderne.
De « léger passage à vide », on glisse complètement vers de « gros passages de vide ». J'ignore comment certains peuvent y lire une tendre confession, ou autre chose du même acabit. Nicolas Rey me gonfle avec son nombril, ses aventures stériles autant que ses divagations grossières. S'il tombe amoureux ou provoque l'émoi d'une jeune anorexique dans un centre de désintox, pas sûr qu'il soit nécessaire d'en faire un roman. Ni même que sa vie erratique et consensuelle - option bobo branchouille - ne méritait autant de pages.
Nicolas Rey
En fait, avec un style plus incisif et quelques traits d'humour plus appuyés, on aurait pu passer un moment agréable. Le truc qui vous tient (un peu) durant un trajet en train, mais qu'on oublie facilement une fois arrivé. Ici, on oubliera dans tous les cas ce livre, mais il n'aura même pas eu les vertus divertissantes d'un film qui vous fait passer les trois heures trente de trajet d'un Paris-Montpellier. Dommage. Parce que c'était le seul livre que j'avais embarqué.
Avertissant charitablement son lecteur, Nicolas avoue tout de même avoir « retiré tout le reste pour t'offrir rien que des moments dingues et des mauvaises passes ». Alors effectivement, c'était trop demander que d'avoir droit à une lecture intéressante. Vais d'ailleurs m'arrêter là. Inutile d'éreinter un livre fade. Non, que ça fasse inutilement la promo, même mauvaise de son auteur. C'est juste qu'il n'y a pas plus à en dire.
Nicolas Rey... comme Alain ? Sûrement pas. Alain, lui, il est passionnant.
NB : Les pp 98-99 m'ont bien fait marrer. Ce sont les seules.
Retrouvez Un léger passage à vide de Nicolas Rey, en librairie.