Scandale d'État(s)

Publié le 06 janvier 2010 par Forrestgump54

Le Conseil de l’Europe vient de voter une enquête pour évaluer l’influence des laboratoires. Le Parlement français doit faire de même. 05/01/2010

Par Jean-Emmanuel Ducoin

Et si la gabegie financière devenait un scandale d’État… et des États ?
Á force de tirer les fils des aiguilles anti-grippe A, la polémique des politiques publiques en période de pandémie se transforme bel et bien en une vaste dénonciation de la collusion entre laboratoires et gouvernants. _ Nous ne doutions guère que, en sous-main, tapis dans l’ombre, les lobbyistes avaient fait ce qu’il fallait pour convaincre les décideurs d’acheter massivement leurs vaccins. Ces serviteurs des grands trusts ont-ils orienté, donc manipulé, les conditions d’achat ?
Les éléments troublants que nous publions aujourd’hui ont de quoi soulever nos plus vives interrogations. Car elles sont désormais partagées… et pas par n’importe qui ! La commission santé du Conseil de l’Europe, rien de moins, vient en effet de voter une enquête officielle pour évaluer l’influence des groupes pharmaceutiques sur les choix des États et même de l’Organisation mondiale de la santé (OMS)… La France se retrouve en première ligne. Et pour cause. Depuis qu’elle est en charge, Mme Bachelot et les membres de son cabinet, souvent accusés ouvertement de connivence, ont rarement manqué de zèle pour dérouler tapis rouge aux médicamenteurs cotés en Bourse. Privilégiant le « tout-vaccinal », symptôme du « tout-sécuritaire » sarkozyste, la France a donc acheté sans aucune transparence bien plus de doses que dans des pays comparables. Or, depuis l’été, le gouvernement nous ment : le coût officiel, 869 millions d’euros, n’est que la partie visible de l’iceberg, auquel il convient d’ajouter l’achat des masques, la communication, mais aussi le montant exorbitant des contributions des collectivités territoriales, des hôpitaux, etc. : probablement plus de 2 milliards au total !
Même l’indépendance du Groupe d’expertise et d’information sur la grippe (Geig), organisme officiel du ministère de la Santé, soulève l’indignation : il est financé à 100 ò% par cinq laboratoires… 94 millions de doses pour 5 millions de vaccinés : cherchez l’erreur ! Après avoir mené l’affaire telle une bataille napoléonienne, le gouvernement bat en retraite au point de négocier (à quelles conditions ?) l’annulation de la moitié des commandes de vaccins… Á l’heure des comptes, un vent de panique souffle sur le Palais. Car qui aura profité de cette hystérie collective ? Les laboratoires évidemment : débourser 870 millions d’euros à quatre d’entre eux, ce n’était plus un principe de précaution mais un véritable plan de financement ! Les principaux bénéficiaires ? GlaxoSmithKline (GSK), Novartis et Sanofi-Aventis : plus d’un milliard d’euros de revenus supplémentaires au quatrième trimestre pour le premier, entre 350 et 500 millions pour les deux autres…
Non seulement la psychose organisée a rempli leurs caisses, mais les gouvernements, transformés en super-VRP, se chargent d’assurer la revente de leurs produits ! Dans un marché mondial estimé à 600 milliards de dollars (il a doublé en dix ans), chacun aura compris que les enjeux des laboratoires s’apparentent à une guerre commerciale pour laquelle tout est permis. Qui osera encore dire qu’un contrôle public sur ces mastodontes privés n’est pas une nécessité absolue ? Le Parlement français ferait bien, lui aussi, de se doter d’une commission d’enquête. Et vite.