Le cinéma espagnol est surprenant et c’est Alejandro Amenabar qui en donne encore un exemple en s’attaquant au péplum avec Agora.
Les péplums se font rares ces derniers temps. Alors quand il y en a un au ciné, on y va. Et là, on voit que c’est Alejandro Amenabar qui s’en occupe. Notre curiosité est donc piquée. Un espagnol qui bénéficie d’un gros budget pour réaliser un péplum, c’est assez inédit, d’autant plus quand on voit les thèmes abordés ici.
En effet, dans Agora, Amenabar s’intéresse au sort de la ville d’Alexandrie (cité de pensée bien connue de l’antiquité) lors de la montée du christianisme. Et, au delà de la reconstitution impeccable de la ville, le choc des cultures est donc assez rude entre païens, chrétiens, juifs et philosophie. Un contexte complexe que le réalisateur met en avant avec humanité et sans prendre position (avec un regard objectif comme si il s’agissait de la vision de quelqu’un/quelque chose au dessus de nous) incitant grandement à la réflexion sur notre humanité. Amenabar nous offre une mise en scène inspirée pour mettre tous ces thèmes en avants.
En cela il est également aidé par des comédiens talentueux au jeu réaliste. Au milieu de ce conflit religieux nous retrouvons donc la magnifique Rachel Weisz dans le rôle d’Hipathie qui place la philosophie et les sciences au dessus de tout pour préserver la paix alors que le fanatisme religieux est à son paroxysme. Encore une fois, l’actrice est parfaite, à la fois forte et touchante.
Au final, ce péplum sous la caméra d’Alejandro Amenabar sera bien plus qu’un simple film de sandales et jupons. Agora est une véritable réflexion sur les conflits religieux encore présents dans notre monde aujourd’hui. Un très beau film qui mérite amplement son succès espagnol (et ce n’était pas gagné pour un film portant sur la religion dans ce pays très pieux !). Une nouvelle œuvre forte qui rend les filmographies de son réalisateur et de son actrice encore plus intéressantes.