Retourner à la source en petite Sibérie

Publié le 07 janvier 2010 par Worldinasuitcase

La Sibérie ?  Ce n’est pas si loin ! En fait, j’y habite ! En décembre dernier, alors que la France tremblait de froid, c’est encore dans le Jura que l’on battait les records de froid avec – 28° au compteur.

Le massif du Jura est réputé pour ses records de froid. C’est le village de Mouthe qui remporte la palme du lieu habité le plus froid de France. Ce village et sa région n’usurpe pas sa réputation de petite Sibérie de France , – 28° bagatelle ! Puis qu’on y a déjà relevé – 36,5 ° en  1968, – 35 ° en 1971 et – 41 ° en janvier 1985 ! Record non homologué puisque le mercure gèle à – 39 °  ! Hé! Hé! Hé!

Mouthe fait souvent l’objet de reportages télévisés . Mais c’est aussi là que le Doubs, rivière traversant la Franche-Comté, prend sa source. Comment imaginer que de cette petite anfractuosité  nait cette rivière puissante dont je parle déjà ici

C’est dans ces sources cristallines que vit la Vouivre. La Vouivre est un animal fabuleux, mi-serpent mi-oiseau, elle vit dans les sources courant sous la mousse, les étangs, les cavernes, aime voler au-dessus des donjons en ruine. Le soir, elle se transforme en femme pour prendre un bain dans les eaux de la région. Elle doit alors enlever  l’escarboucle, pierre précieuse magique qu’elle porte au front. C’est à ce moment-là seulement qu’on a des chances de s’en emparer mais gare à ces audacieux si la Vouivre les surprend !

On raconte qu’un homme de Mouthe qui n’avait peur de rien put, sur les conseils d’un sorcier, prendre l’escarboucle de la vouivre quand elle buvait au Cul-du-Bief, mais comme il ne voulut rien partager, le sorcier changea la pierre en crottin de cheval.

Marcel Aymé, qui passa son enfance dans le Jura,  popularisa la légende la Vouivre grâce à son roman paru dans les années 40, livre ensuite adapté au cinéma par Georges Wilson en 1989.

Juste au-dessus de la source, on note le bel exemple de pli jurassien : un empilement de couches calcaires qui a amorcé un mouvement de bascule à cause de la poussée des Alpes.

Depuis la source du Doubs, à gauche, un joli sentier a été aménagé pour se rendre au belvédère d’où on a une vue imprenable sur le village , son magnifique clocher comtois et les montagnes qui l’entourent.

On raconte encore que depuis ce belvédère, une autre figure locale s’est illustrée pendant la guerre de 10 ans. Claude Cart-Broumet, ardant défenseur du pays contre les envahisseurs français et Suédois, atteignait de son arquebuse les soldats suédois alors sur la place de Mouthe. Selon la légende, il en aurait tué plus de 800 ! Cet homme était surnommé la Plaque à cause de la large blessure qu’il avait reçue à la joue et qu’il masquait avec une plaque métallique.

Mouthe n’a pas que de belles légendes et un froid polaire à offrir, c’est aussi une petite station de ski familiale avec des cours proposés par l’ESF. On peut y pratiquer le ski de descente, le ski nordique, les randonnées en raquettes, la luge…

Et pour les gourmands, arrêtez-vous à la biscuiterie Vuez renommée pour ces pains d’épices et ses glaces aux parfums surprenants.

La petite Sibérie de France a son pendant en Suisse : la vallée de la Brévine où les températures extrêmes transforment les lacs  en patinoires naturelles … pour notre plus grand plaisir…