Autour de l'Annapurna (partie 2 de 3)

Publié le 09 janvier 2010 par Wilverge

Région de l'Annapurna, Népal
Il n'a pas fallu longtemps pour trouver une habitation devant laquelle se trouve une vieille femme à barbe assise dans de la paille à côté d'un veau et d'un chien. Je sors donc mon meilleur népali : « Kaho cho Manang ? ».
Où est Manang ? dit le beau mâle.
Je prends bien soin de lui poser une question qui ne se répond ni par oui, ni par non, afin d'éviter une réponse sans réflexion. Elle ne comprend que dalle.
À cet instant, une jeune dame sort de la maison et parle un excellent anglais. Elle nous indique le chemin vers ce village où nous passerons deux nuits.
Manang est caché dans une vallée spectaculaire, au pied d'un glacier et de montagnes immenses. Nous devons y passer une journée d'acclimatation pour diminuer les risques de mal de l'altitude. Une petite neige rend l'ambiance absolument magique. Les chevaux parcours les rues de pierre sans maître. Les caravanes d'ânes défilent aux sons des cloches qu'ils portent au coup.

La vie dans le village continue, les bas dans les sandales. Quatre femmes vêtues de couvertures tournent autour des roues à prières. Elles doivent compléter 109 tours. Un cheval blanc s'arrête devant une des résidences en pierre. Il cogne la porte en bois avec sa tête. Une dame lui ouvre et il rentre ; c'est sa maison.

Vallée de Manang
Nous partons tôt le matin du huitième jour avant que le soleil ne dépasse les montagnes. Vers 10h, lorsque les premiers rayons nous réchauffent. Le panorama s'amincit à mesure que nous pénétrons la vallée, nous rapprochant du point culminant de notre quête.
Nos nouveaux amis.

Après avoir passé une nuit à Yak Karta, un minuscule village à 4018 mètres, on reprend encore l'ascension. Nos corps supportent l'altitude jusqu'à maintenant. Je n'ai qu'un fond de mal de tête et Nad n'a rien du tout.

Tels des yaks, (sauf les longs poils pour Nad), nous progressons aisément malgré la pression qui diminue. Nos corps encaissent l'effort et s'adaptent. Nous vivons toujours la phase d'acceptation.
Camp de Throng Pedi

À 4450 mètres, il faut casser la glace dans notre chaudière pour nous laver les mains. Nous faisons de l'insomnie à cause de l'altitude. Nos duvets ne suffisent plus, il faut dormir tout habillé en dessous de deux couvertures supplémentaires. Par chance, la nuit n'est pas longue. Le départ est sonné à 4h00 le lendemain.
Depuis Manang, nous nous sommes fait des amis (deux Australiennes sans guide, deux Anglais avec guide et deux Autrichiennes avec guide et porteur) et profiterons de l'occasion pour compléter la journée décisive en groupe, pour le fun, certes, mais aussi pour le côté sécuritaire de la chose.
Au petit matin, la température est glaciale. Les Australiennes sont les plus vulnérables au vent. Elles marchent lentement mais sûrement s'adaptant de peine et de misère au vent, à la neige et la glace, et à tout ça considérant qu'il fait noir. Les Anglais, eux, vont bien, voire trop bien et montent assez rapidement tout comme les Autrichiennes qui sont habituées au froid.
Puis, peu après le départ, Dave se sent faible et étourdi. Il est le premier du groupe à subir les premiers symptômes plus sérieux du mal de l'altitude. À 5000 mètres, il n'y a deux fois moins de moins de pression ce qui fait que l'oxygène pénètre moins facilement par les cellules des poumons vers le système vasculaire. Cela peut facilement devenir sérieux et l'état de Dave nous inquiète. On ne veut pas que son cerveau explose, ça serait plate.
Au bout de quelques minutes de repos, poussé par son guide qui a froid et qui veut continuer à marcher (j'aime les guides), il décide de tenter le coup.
On recommence l'ascension, le plus lentement possible étant le mieux afin de laisser du temps au corps pour s'adapter. L'effort est intense et la respiration difficile. On ne regarde plus vraiment les paysages, mais bien chacun de nos pieds passant l'un devant l'autre.

L'ascension se traduit rapidement par une série infinie de faux sommets qui ne cessent de défiler. À chacun d'eux, c'est la même histoire. On monte, on monte, on monte, on arrive au top, et puis devant nous, une autre montagne!
Quatre heures plus tard, au bout de l'autre montagne, il y a des petits drapeaux.
Victoire!
Nous sommes à 5416 mètres au-dessus du niveau de la mer, plus près du soleil que nous ne l’avons jamais été (dans un avion ça ne compte pas). Un grand sentiment de bonheur et de fierté pénètre nos veines.

C'est la phase d'accomplissement.
Pour certain, l'épuisement empêche la libération des émotions positives. La quatrième phase est vécue à moindre intensité et une réelle envie de redescendre vite et d'en finir avec ce damné trek! (C'est l'apparition précaire de la phase de dépression)
Hélas, ce damné trek ne se termine pas en son point culminant.
À suivre (encore?)
-Will.